Vengeance
et Mort – Till et Nelle (4)
Chanson française – Vengeance et Mort – Till et Nelle (4) – Marco Valdo M.I. – 2016
Ulenspiegel
le Gueux – 29
Opéra-récit
en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La
Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs
(1867).
(Ulenspiegel
– I, LXXXV)
Cette
numérotation particulière : (Ulenspiegel
– I, I), signifie très
exactement ceci :
Ulenspiegel :
La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses
d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs,
dans le texte de l’édition de 1867.
Le
premier chiffre romain correspond au numéro du Livre – le roman
comporte 5 livres et le deuxième chiffre romain renvoie au chapitre
d’où a été tirée la chanson. Ainsi, on peut – si le cœur
vous en dit – retrouver le texte originel et plein de détails qui
ne figurent pas ici.
Till voit le doux corps de Nelle,
Tout doré au rayon du soleil.
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Nous
voici, Lucien l’âne mon ami, à la vingt et neuvième canzone de
l’histoire de Till le Gueux. Les vingt-huit premières étaient, je
te le rappelle :
01
Katheline
la bonne sorcière
(Ulenspiegel
– I, I)
02
Till
et Philippe
(Ulenspiegel
– (Ulenspiegel – I, V)
03.
La
Guenon Hérétique
(Ulenspiegel
– I, XXII)
04.
Gand,
la Dame
(Ulenspiegel
– I, XXVIII)
05.
Coupez
les pieds ! (Ulenspiegel
– I, XXX)
06.
Exil
de Till
(Ulenspiegel
– I, XXXII)
07.
En
ce temps-là, Till
(Ulenspiegel
– I, XXXIV)
08.
Katheline
suppliciée (Ulenspiegel – I, XXXVIII)
09.
Till,
le roi Philippe et l’âne
(Ulenspiegel
– I, XXXIX)
10.
La
Cigogne et la Prostituée (Ulenspiegel
– I, LI)
12.
La
messe du Pape, le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse (Ulenspiegel – I, LIII)
13.
Indulgence
(Ulenspiegel
– I, LIV)
14.
Jef,
l’âne
du diable (Ulenspiegel
– I, LVII)
15.
Vois-tu
jusque Bruxelles ?
(Ulenspiegel
– I, LVIII)
16.
Lamentation
de Nelle, la mule et la résurrection
[[51150]]
(Ulenspiegel
– I, LXVIII)
17.
Hérétique
le Bonhomme (Ulenspiegel
– I, LXIX)
18.
Procès
et condamnation (Ulenspiegel
– I, LXIX)
19.
La
Mort de Claes, le charbonnier
(Ulenspiegel
– I, LXXIV)
20.
Le
Talisman rouge
et noir
(Ulenspiegel
– I, LXXV)
21.
La
Vente à l’encan
(Ulenspiegel
– I, LXXVI)
22.
Telle
est la Question (Ulenspiegel
– I, LXXVIII)
23.
Charles
et Claes [[51454]]
(Ulenspiegel – I, LXXIX)
24.
Trois
cents ans de torture
(Ulenspiegel
– I, LXXIX)
25.
Au
bord du canal (Ulenspiegel
– I, LXXXIV)
26.
Le
Géant Hiver (Ulenspiegel
– I, LXXXV)
27.
Le Roi Printemps (Ulenspiegel
– I, LXXXV)
28.
Le
Printemps (Ulenspiegel – I, LXXXV)
« Vengeance
et mort », voilà des mots bien terribles pour un titre de
chanson. On dirait un appel au meurtre, une invitation à
l’assassinat. Pour un peu, on croirait le titre d’un roman russe,
une de ces histoires effroyables telles qu’en imagina Dostoïevsky
à son retour de relégation en Sibérie.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, dit Marco Valdo M.I. en souriant, tu
as bien perçu le sens de cette injonction et je ne puis que te
donner raison pour ce qui est de Fiodor Dostoïevsky, car figure-toi
qu’il publie son « Crime et Châtiment » exactement la
même année que celle où Charles De Coster publie
la
Légende d’Ulenspiegel. Ce qui fait que, du point de vue de leur
naissance éditoriale, Till Ulenspiegel et Rodion
Romanovitch Raskolnikov sont des contemporains. Mais comme pour
toutes les histoires de vengeance et de mort
C’est
vrai aussi pour celles de crime et de châtiment, ajoute
sentencieusement l’âne Lucien.
Lucien
mon ami l’âne, ne m’interromps pas, sinon je ne saurai plus où
j’en suis dans ma présentation. D’ailleurs, j’ai perdu le fil.
Je reprends : Comme pour toutes ces histoires de vengeance et de
mort – et pour te satisfaire, de crime et de châtiment, il faut
d’abord en rechercher l’origine et la cause, qui parfois, mais
pas toujours, se confondent. Dans le cas de cette chanson, il s’agit
de situer le propos. Qui dit quoi ? Ce sont Till et Nelle qui
expliquent au Roi Printemps leur survenue dans le monde des esprits.
Ils expliquent qu’ils viennent réclamer vengeance contre ceux qui
ont brûlé Claes, fait mourir Soetkin, torturé Till…
Cependant,
Marco Valdo M.I. mon ami, tu me diras bien pourquoi Till n’en
appelle pas à une autorité, à un pouvoir supérieur chez les
humains pour rendre justice.
Précisément,
c’est là le nœud de l’affaire. En principe, dans une société
libre et juste, c’est ce qu’il faudrait faire et c’est ce que
Till a essayé de faire. Comme il ne pouvait en appeler au pouvoir
temporel, à la justice publique, elle-même cause des méfaits dont
il a à pâtir, il s’est adressé à Dieu, mais, comme dit Till,
Dieu n’entend pas.
Ah,
dit Lucien l’âne, c’est qu’il est sourd… à son âge.
Oh,
ce n’est pas qu’il est sourd… Till découvre tout simplement,
comme toutes les personnes de bonne foi, que si Dieu n’entend rien,
c’est que Dieu n’existe pas. Et dans un monde religieux, c’est
une découverte dangereuse… Découverte car Till comme les gens de
son temps sont évangélisés et de toutes bonnes fois, ils croient à
la toute puissance et à la bonté divines, ils croient en la justice
divine. Ils croient aux enseignements des religieux. Ils s’y fient
et c’est seulement la réalité des choses qui les conduit à
remettre en cause tout ce bel édifice. Ils découvrent que tout cela
est factice, qu’on les a trompés et que Dieu n’est rien d’autre
que le « Deus ex machina » du pouvoir temporel et non
l’inverse. Voilà pour les faits. Et puis, il y a la mystérieuse
réponse du Roi Printemps, aussi énigmatique qu’une réponse de la
Pythie.
La
Pythie ? Ne m’en parle pas, il n’y avait rien à comprendre
à ce qu’elle racontait. Je dis ça, car comme bien tu penses, je
l’ai rencontrée plusieurs fois. Oui, oui, plusieurs fois, car
c’était un vrai spectacle, plein de mystère, haut en couleurs,
plein de parfums. Moi j’adorais ça. Alors, j’y ai été
plusieurs fois. Quel cinéma, elle faisait, celle-là !
Finalement, on n’y comprenait rien, mais la sagesse populaire avait
conclu qu’il suffisait d’attendre et voir pour comprendre ces
incantations.
Nous
suivrons donc ton conseil et celui de Printemps :
« Attends,
entends et vois.
Aime
les Sept
Et
la Ceinture. »
Donc,
comme pour la Pythie, nous attendrons de voir de quoi il retourne.
D’ici là, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde où les pauvres s’en vont quérant vengeance et justice, ce
vieux monde dominateur, menteur, trompeur, évangélisateur et
cacochyme.
Et
l’aventure de Till le Gueux continue …
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Altesses
divines, les cendres battent sur mon cœur.
La
mort fauche au nom du Pape,
Elle
fauche les hommes les meilleurs,
Elle
fauche les femmes les plus mignonnes.
Elle
fauche au Sud, elle fauche au Nord.
À
l’Est, à l’Ouest, elle ronge de famine.
Je
suis un bonhomme de pauvre mine,
Borné,
imparfait, ignorant encore.
Ma
mère mourut de torture et de chagrin.
Mon
père mourut rôti au feu.
J’aurais
tant aimé les aimer vieux.
Je
les veux venger et vider le pays des assassins.
J’ai
prié Dieu, mais Dieu n’entend rien.
Katheline
la bonne sorcière a jeté le sort.
Me
voici, ma mie à la main,
Quérant
la vengeance et la mort.
Le
roi et la reine répondent uniment
Et
tous les esprits pareillement :
Par
la guerre et par le feu,
Par
la mort et par le glaive,
Cherche
les Sept.
Dans
la mort et dans le sang,
Dans
les ruines et dans les larmes,
Trouve
les Sept.
Laids,
cruels, méchants, difformes,
Vrais
fléaux pour la pauvre terre.
Brûle
les Sept.
Attends,
entends et vois,
Dis-nous, chétif, es-tu bien aise ?
Dis-nous, chétif, es-tu bien aise ?
Trouve
les Sept.
Quand
le septentrion
Baisera
le couchant,
Ce
sera fin de ruines :
Trouve
les Sept
Et
la ceinture.
Attends,
entends et vois.
Aime
les Sept
Et
la Ceinture.
Les
coqs chantent, les esprits s’effacent.
Till
et Nelle s’éveillent,
Couchés
comme pour dormir face à face.
Ils
frissonnent au froid du réveil.
Till
voit le doux corps de Nelle,
Tout
doré au rayon du soleil.