À L’ATTAQUE !
Version
française – À L’ATTAQUE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson
néerlandaise – Ten
Aanval – Bram Vermeulen – 2004
(au plus tard !).
Eh bien, Marco Valdo M.I. mon ami, je ne t’imaginais pas aussi proche
d’un chanteur néerlandais. Je n’imaginais même pas que tu te
mettes à faire des versions françaises de chansons néerlandaises,
car depuis les années que tu fais des versions françaises de textes
venus de multiples langues, tu en avais peu faites venues du
néerlandais, alors que tu vis dans un pays censément bilingue,
sinon trilingue et où la langue de la majorité de la population est
précisément le néerlandais.
Oh,
Lucien l’âne mon ami, comme tu le vois, je le fais. Et j’ajoute,
je le fais avec plaisir, me
même
si je le fais mal. Il y a à cela diverses raisons. La principale,
c’est que pour une fois, on ne me l’impose pas. Car, vois-tu
Lucien l’âne, pelons l’oignon une bonne fois. J’aurais
volontiers appris le néerlandais – qu’on m’a enseigné de
force pendant au moins quinze ans, s’il n’avait pas été une
expression directe de la domination de la majorité et aussi, plus
« historiquement » de la création de ce pays bancal,
voulu par les puissances contre-révolutionnaires vers 1815. En
somme, on nous a coupés de notre Hainaut qui allait jusqu’aux
portes de Paris et on nous a insérés de force dans un pays où on
nous a réduits à la portion congrue.
Oh,
dit Lucien l’âne, il est idiot en effet d’imposer de pareilles
contraintes à des populations et le faire à des enfants, a des
conséquences tout au long de leur vie, si ce n’est au-delà.
Enfin,
Lucien l’âne mon ami, il m’a bien fallu vivre avec cette
incongruité nationale et trouver refuge dans une de ces réserves
indiennes de Wallonie. Passons et revenons à la chanson de Bram
Vermeulen et pour commencer à Bram Vermeulen lui-même, artiste
antimilitariste et de ce fait, par-delà les idiomes, très proche.
Et dans le but de prouver ma sympathie pour ce poète, je m’en vais
te faire connaître son testament – c’est une chanson, un poème.
Il
est temps, dit Lucien l’âne, car il est mort en 2004, à la fin de
l’été, en Italie ; son cœur l’avait lâché. Et donc, ce
testament ?
D’abord,
pour tout dire, ces histoires de testament me renvoient toujours à
François
Villon
et à la
Supplique de
Georges
Brassens
et
puis, en cascade, à bien des autres.
Et
pour tout te dire quand même, en ce qui me concerne, en guise de
testament, je me verrais bien revêtir du « Je
voudrais pas crever » du bon Boris Vian. Mais enfin, le voici d’abord, comme il se doit
en néerlandais et ensuite, ma version française.
« Als
ik dood ga, huil maar niet
ik ben niet echt dood moet je weten
het is maar een lichaam dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij die bent vergeten.
ik ben niet echt dood moet je weten
het is maar een lichaam dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij die bent vergeten.
En
als ik dood ga, treur maar niet
ik ben niet echt weg moet je weten
het is de heimwee die ik achterliet,
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten.
ik ben niet echt weg moet je weten
het is de heimwee die ik achterliet,
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten.
En
als ik dood ga, huil maar niet
ik ben niet echt dood moet je weten
het is het verlangen dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten
dood ben ik pas als jij me bent vergeten. »
ik ben niet echt dood moet je weten
het is het verlangen dat ik achterliet
dood ben ik pas als jij dat bent vergeten
dood ben ik pas als jij me bent vergeten. »
Et
la version française (2016) :
« Si
je meurs, ne pleure pas !
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai seulement laissé là un corps.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai seulement laissé là un corps.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Quand
je mourrai, n’aie pas de chagrin !
Je ne suis pas vraiment parti,
J’ai seulement abandonné la nostalgie.
Je mourrai si tu m’oublies, demain.
Je ne suis pas vraiment parti,
J’ai seulement abandonné la nostalgie.
Je mourrai si tu m’oublies, demain.
Si
je meurs, ne pleure pas !
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai jeté le désir par-dessus bord.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Je ne suis pas vraiment mort,
J’ai jeté le désir par-dessus bord.
Je mourrai quand tu m’oublieras.
Je
mourrai quand tu m’oublieras. »
Et
maintenant, quelques mots sur la chanson « Ten Aanval ! ».
Que raconte-t-elle ?
Eh
bien, Lucien l’âne, c’est une attaque en règle contre le
militarisme et le goût de certains de provoquer et de faire des
guerres. « Ten Aanval » peut se traduire indifféremment
par « À l’attaque ! », « Au combat ! »
et « À l’assaut ! » et décliné en « Sus ! »,
« Sus à l’ennemi ! » et toutes les variantes du
genre.
« À
l’attaque ! », « Au combat ! » et « À
l’assaut ! » et décliné en « Sus ! »,
« Sus à l’ennemi ! » et toutes les variantes du
genre, quel beau programme !, dit Lucien l’âne en éclatant
de rire. On n’en demande pas tant. Nous dont la tâche, bien au
contraire, est de tisser encore et toujours le linceul de ce vieux
monde guerrier, belliciste, belliqueux, inquiet et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ô ces grands hommes, regardez-les, aller au pas.
Regardez-les ces braves hommes marteler le pas de parade.
Écoutez-les chanter ces hommes fiers le chant du soldat.
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !
Regardez-les ces hommes obéissants pleins de raison commettre des assassinats.
Regardez-les ces hommes aveugles combattre pour le grand massacre.
Écoutez-les gueuler ces hommes fâchés le bon droit de leur combat !
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !
Regardez-les
s’incliner ces
grands hommes devant
leurs amis décédés.
Écoutez-les crier, ces hommes peureux, le besoin désespéré.
Regardez-les pleurer, ces hommes forts, la vie n’a jamais été si grande.
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !
Écoutez-les crier, ces hommes peureux, le besoin désespéré.
Regardez-les pleurer, ces hommes forts, la vie n’a jamais été si grande.
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !
Pauvres hommes, grands hommes, hommes stupides, hommes aveugles.
Regardez-les ces vieux hommes qui auraient dû gagner.
Écoutez-les se taire ces hommes raides pour écouter ce qu’ils entendent du dedans,
Rajeunissez-les, ces hommes stupides, et ils recommenceraient !
À l’attaque, à l’attaque, à l’attaque, à l’attaque !