lundi 30 mars 2015

DÉSERT

DÉSERT


Version française – DÉSERT – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – DesertoDavide Giromini – 2014
Texte de Luca Rapisarda


Et ainsi nous traversons le sable,
Et nous sommes déjà des mirages dans ce désert

Les énormes sacs de plastic de cette brève, mais très dense chanson écrite par Luca Rapisarda pour « Rivoluzioni sequestrate » (Révolutions séquestrées), nous les voyons tous les jours, dans nos villes. Ce sont les conteneurs de tout ce qui reste à des êtres humains de leur invisible quotidien. Des sacs qui ont traversé le désert, ont traversé la Libye que maintenant on voudrait envahir après l'avoir livrée au chaos et à l'exquise création néocolonialiste appelée ISIS, et qui traversent l'Italie, pays toujours plus hostile et froid. Une chanson faite de peu d'images, mais toutes terriblement exactes et glaçantes. Il n'y aurait pas de raison de se défendre et s'enfuir, pourtant il y en a mille, aucune que nous sommes en mesure de comprendre quoique nous aussi, un temps, nous avons voyagé par les déserts du monde avec des valises liées avec la ficelle. La mémoire s'en est allée, et nos yeux sont fermés. [RV].



Et ainsi nous traversons le sable,
Et nous sommes déjà des mirages dans ce désert
Nous voyageons avec d'énormes sacs de plastic
Nous voyageons avec d'énormes sacs de plastic.

Des documents en poche, je n'en ai pas
Mais une raison pour me défendre et tenter.

Et ainsi nous traversons le brouillard,
C'est hiver maintenant, l'Emilie ressemble à la Sibérie
Avec nous, les grands sacs de plastic
Avecà nous, les grands sacs de plastic.

Des documents en poche, je n'en ai pas
Il n'y a pas raison
de se défendre et s'enfuir.


Et ainsi, nous traversons le sable,
Et ainsi, nous traversons le brouillard,
Et ainsi, nous traversons l'Italie,
Nous traversons l'Italie,
Nous traversons l'Italie.

dimanche 29 mars 2015

Les Coquets Lieutenants


Les Coquets Lieutenants


Chanson française – Les Coquets Lieutenants – Marco Valdo M.I. – 2015

ARLEQUIN AMOUREUX – 2

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.



Les corps sans voix tressautent les pieds à l'air
Les coquets lieutenants vont dormir sous les choux de Marengo.









Revoici donc une canzone qui raconte la suite de l'histoire de ce Matĕj, alias Matthias, Matys, Matysek, Mathieu, qui n'est pas sans rappeler d'ailleurs, mon cher ami Lucien l'âne, un certain Fabrice del Dongo – tous deux assistant à une bataille napoléonienne en tant que simple soldat. Cependant, à part ça, tout les oppose : Fabrice est supposé beau, aristo, jeune et séduisant, séducteur, enthousiaste et engagé volontaire dans l'armée napoléonienne ; Matthias est un enrôlé de force dans l'armée autrichienne, est plus âgé, et on le verra plus tard, n'est certainement pas beau, quant à sa capacité de séduction… Si tous les deux sont dans le camp défait, notre Matthias assiste à la victoire du Premier Consul Bonaparte à Marengo en 1800 et le Fabrice de Stendhal est à Waterloo en 1815 pour assister à la défaite de l'Empereur Napoléon.


Mais quand même quels destins parallèles et antithétiques, dit Lucien l'âne. Mais ne m'avais-tu pas dit que Matthias, ce qui ne serait pas venu à l'esprit de ce héros de Fabrice, était un déserteur ?


Précisément, et cette canzone est celle de l'accomplissement de l'acte. Matthias va profiter, il vaudrait mieux dire va bénéficier de la défaite inattendue des Autrichiens et de leur déroute pour disparaître en espérant qu'on le range au rang des morts au champ de bataille. Mais, comme il l'apprendra et nous avec lui, les choses ne sont pas si simples. Maintenant, j'aimerais te dire quelques mots sur le déserteur, sur le genre particulier de déserteur qu'est notre Matthias. En premier lieu, je tiens Matthias, etc. pour un vrai déserteur, car dès ce moment que relate la canzone, il sera déserteur et désertera jusqu'à la fin de sa vie des années plus tard. Ainsi, sa vie va se confondre avec une très longue désertion, une très longue poursuite, une vie de fuyard, de banni, toute de crainte et de dissimulation. Une vie de clandestin, de sans-papiers, de sans lieu... Une vie de misère aussi. Il ne se vante pas d'être déserteur, il s'en cache autant qu'il le peut. Il veut juste une vie simplement agréable et il n'y parviendra pas. Il n'est pas déserteur par un acte de courage, comme le fut Joseph  ; bien au contraire, il est un déserteur peureux et terrorisé, qui fuit l'autorité. Il n'affronte pas, il évite. Mais on pourra dire ce qu'on veut, pour être un déserteur, c'est un vrai déserteur. Il est plus proche de Chveik  qui dit :
« J'ai jeté mon beau fusil
J'ai jeté tous mes habits
J'ai quitté la Cacanie
Et je recommence ma vie

Surtout, ne me reconnaissez pas
J'étais Chveik le soldat
Et surtout, oubliez-moi,
J'étais Chveik le soldat. »

que du déserteur de Vian . Et j'ai comme le sentiment qu'il a dû y en avoir des flopées des esquiveurs comme lui ; je pense même qu'ils doivent – ces esquiveurs – constituer la grande armée des déserteurs, tous camps confondus. Il me fait penser à Villon ; oui, je crois que Villon, s'il a pu échapper à Montfaucon, a dû vivre cette vie d'errance, d'animal traqué.


Comme je te vois parti avec cette histoire de Matthias, on n'a pas fini d'en parler. Manière comme une autre de tisser le linceul de ce vieux monde honorifique, hâbleur, combattant et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Doucement, très doucement, je grimpe dans la paille
Jusque sous le toit à deux pas de la bataille
In Namen des Kaisers ! Au nom de l'Empereur !
L'Empereur, mon cul ! Je suis déserteur.

Sous les fanes, le fusil. Les poules caquètent au soleil.
Vaincre ou mourir ! Victoria ! Victoire !
Dans la plaine, le baron et la Patrie entrent dans l’Histoire.
Dans mon nid, en sueur, je sombre dans le sommeil.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Cocorico, cocorico, la nuit pâlit.
La paille craque et crisse sous mon dos.
La brume sent le sang ici.
Caleçon, chemise, godillots ! Matthias, te voilà chemineau !

Ruisseau, roseaux, arbrisseaux !
Foutons le camp de ce marigot !
Mange ta carotte, Matthias, bois un peu d'eau !
Un feu scintille sur la colline là-haut.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Le gros Feld-maréchal von Melas
A signé la capitulation.
L'armée d'Autriche dans la mélasse
S'éloigne à l'horizon.

Un chariot passe où s'entassent les beaux militaires
Le conducteur injurie ses chevaux.
Les corps sans voix tressautent les pieds à l'air
Les coquets lieutenants vont dormir sous les choux de Marengo.


Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

samedi 28 mars 2015

Frédéric



Frédéric

Chanson française – Frédéric – CLAUDE LEVEILLEE – 1962
Paroles et Musique: Claude Léveillée 1962




Québec, 1962. Claude Léveillée avait écrit cette chanson en s'inspirant de son idole au piano: Frédéric Chopin. En 2004, il fut terrassé par un ACV, suivi d'un autre l'automne de la même année, ce qui l'a paralysé en mettant fin à son grand talent de pianiste, ce qui est un deuil épouvantable pour lui. Il nous a hélas quittés le matin du 9 juin 2011, victime d'un problème cardio-vasculaire à l'âge de 78 ans, laissant derrière lui plus de 400 chansons.


On n'était pas des poètes,
Ni curés, ni malins,
Mais papa nous aimait bien.
Tu te rappelles le dimanche ?
Autour de la table,
Ça riait, discutait,
Pendant que maman nous servait...










Ah, enfin ! La voilà ta chanson de paix… dont tu me rebattais les oreilles l'autre soir dit Lucien l'âne en redressant le front. Je croyais que tu l'avais oubliée…


Mais pas du tout, comme tu vois, Lucien l'âne mon ami. D'ailleurs, tu sais bien que cette chanson de Frédéric, elle hante les têtes et les oreilles de tous ceux qui l'ont entendue et pour certains même depuis un demi-siècle. Et comme on va le découvrir, ce n'est absolument pas une chanson contre la guerre, sauf évidemment si l'on considère, comme je le fais, comme tu le fais, que les chansons qui racontent des moments de paix sont parmi les meilleures chansons contre la guerre. Donc, c'est aussi une chanson contre la guerre. Cela est dit une fois pour toutes.


Juste, une fois pour toutes… Mais je suis à peu près sûr qu'il te faudra encore dire des choses du genre à propos d'autres chansons, sans trop savoir pour l'instant desquelles il pourrait bien s'agir.


Ça, on verra bien. Pour ce qui est de cette chanson, elle a déboulé dans le paysage avec son début, comment dire : explosif. Une proclamation qui fait chaud au cœur que ce « Je me fous du monde entier »… Une phrase à la Nizan. Tu sais, celui qui disait : « J'avais vingt ans et je ne laisserai dire à personne que c'est le plus bel âge de la vie. Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les hommes. Il est dur d'apprendre sa partie dans le monde »… Les premières lignes d'Aden Arabie. En réalité, c'est la même histoire. Et puis, vient cet arrêt sur certain instant de grand bonheur où on avait l'impression que la vie vaut d'être vécue… Je n'en dirai pas plus, tu n'as qu'à l'écouter.


Écoutons, écoutons… et puis, reprenons cette tâche que nous nous sommes donnée de tisser le linceul de ce vieux monde empli de morts-vivants, d'enfants-soldats, de maniaques de l'énergie et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane








Je me fous du monde entier
Quand Frédéric me rappelle
Les amours de nos vingt ans,
Nos chagrins, notre chez-soi,
Sans oublier
Les copains des perrons
Aujourd'hui dispersés aux quatre vents.
On n'était pas des poètes,
Ni curés, ni malins,
Mais papa nous aimait bien.
Tu te rappelles le dimanche ?
Autour de la table,
Ça riait, discutait,
Pendant que maman nous servait,
Mais après...

Après, la vie t'a bouffé
Comme elle bouffe tout le monde,
Aujourd'hui ou plus tard,
Et moi, j'ai suivi.
Depuis le temps qu'on rêvait
De quitter les vieux meubles,
Depuis le temps qu'on rêvait
De se retrouver tout fin seuls,
T'as oublié Chopin,
Moi, j'ai fait de mon mieux.
Aujourd'hui, tu bois du vin,
Ça fait plus sérieux.
Le père prend un coup de vieux
Et tout ça, fait des vieux.

Je me fous du monde entier
Quand Frédéric me rappelle
Les amours de nos vingt ans,
Nos chagrins, notre chez-soi,
Sans oublier
Les copains des perrons
Aujourd'hui dispersés aux quatre vents.
On n'était pas des poètes,
Ni curés, ni malins,
Mais papa nous aimait bien.
Tu te rappelles le dimanche ?
Autour de la table,
Ça riait, discutait,
Pendant que maman nous servait,
Mais après...

Après, ce fut la fête,
La plus belle des fêtes,
La fête des amants
Ne dura qu'un printemps.
Puis, l'automne revint,
Cet automne de la vie,
Adieu, bel Arlequin !
Tu vois qu'on t'a menti.
Écroulés les châteaux !
Adieu, le clair de lune !
Après tout, faut ce qu'il faut
Pour s'en tailler une,
Une vie sans arguments,
Une vie de bons vivants.

Je me fous du monde entier
Quand Frédéric me rappelle
Les amours de nos vingt ans,
Nos chagrins, notre chez-soi,
Sans oublier
Les copains des perrons
Aujourd'hui dispersés aux quatre vents.
On n'était pas des poètes,
Ni curés, ni malins,
Mais papa nous aimait bien.
Tu te rappelles le dimanche ?
Autour de la table,
Ça riait, discutait,
Pendant que maman nous servait...

La la la...
Tu te rappelles, Frédéric ?
Allez, au revoir !

ANTIPATRIARCHE

ANTIPATRIARCHE

Version française – ANTIPATRIARCHE – Marco Valdo M.I. – 2015
à partir de la version italienne de Lorenzo Masetti

d'une chanson espagnole – AntipatriarcaAna Tijoux – 2014




Tu ne me muselleras pas, tu ne me feras pas taire







Antipatriarche est une chanson qui est née, je dois être extrêmement honnête, je me suis toujours sentie extrêmement ignorante en ce qui concerne le féminisme, car nous avons un machisme social intrinsèque. Sans nous en rendre compte, nous répétons des modèles de machisme, car ils nous sont imposés dans l'éducation dès le jeune âge, à travers la télé, et l'école. Et il m'a toujours semblé que le féminisme était quelque chose d'éloigné, et honnêtement, je me suis mis à lire Gabriela Mistral et Simone de Beauvoir. Gabriela Mistral, poétesse chilienne, prix Nobel et formidable féministe, libertaire. Et je suis tombé amoureuse de son œuvre, de sa poésie. Et cela aussi a fait une sorte de clic, de mise en question et de réflexion en ce qui concerne la condition de femme. En outre, j'ai examiné l'histoire y compris révolutionnaire de gauche latino-américaine, et je me suis rendu compte qu'il y a seulement des hommes et qu'il n'y a pas de femmes. Il y a seulement des figures masculines. De cela est née alors la nécessité de se demander ce qu'il en était des femmes et de l'invisibili de la femme. Antipatriarche est une chanson qui naît, raconte et cherche la fierté, mais pas la fierté à deux sous, mais à partir l'identité de genre et aussi contre la violence envers la femme qui est tellement récurrente en Amérique latine, le féminicide, etc.



Je peux être ta sœur ta fille, Tamara Pamela ou Valentina
Je peux être ta grande ami
e et même, ta compagne de vie
Je peux être t
a grande alliée, celle qui conseille et celle qui apaise
Je peux être
n'importe laquelle, tout dépend du surnom que tu me donnes
Je décide de mon temps quand je v
eux et où je veux
Indépendant
e je suis née, indépendante je décide

Je ne marche pas derrière toi, je marche à ton côté
Tu ne m'humilieras pas, tu ne crieras pas sur moi
Tu ne me soumettras pas , tu ne me frapperas pas
Tu ne me dénigreras pas, tu ne m'obligeras pas
Tu ne me muselleras pas, tu ne me feras pas taire
Ni soumise ni obéissante
Femme forte insurgée
Indépendante et courageuse
Casser les chaînes de l'indifférence
Ni passive ni opprimée
Femme jolie qui donne la vie
Émancipée en autonomie
Antipatriarche et joyeuse
Et à libérer….
Je peux être chef ménage, employée ou intellectuelle
Je peux être protagoniste de notre histoire et agit
atrice
Des gens, de la communauté, celle qui organise le voisinage
Celle qui organise l'économie de sa maison, de sa famille
Femme jolie
se lève
Pour briser les chaînes de la peau


Je ne marche pas derrière toi, je marche à ton côté
Tu ne
m'humilieras pas, tu ne crieras pas sur moi
Tu ne me
soumettras pas , tu ne me frapperas pas
Tu ne me dénigrer
as pas, tu ne m'obligeras pas
Tu ne me muselleras pas, tu ne me feras pas taire
N
i soumise ni obéissante
Femme forte insurgé
e
Indépendant
e et courageuse
Casser les chaînes
de l'indifférence
N
i passive ni opprimée
Femme jolie qui donne la vie
Émancipée en autonomie
Antipatriarche et jo
yeuse
E
t à libérer….