jeudi 24 décembre 2015

À LA GLOIRE DE LA PATRIE

À LA GLOIRE DE LA PATRIE




Version française – À LA GLOIRE DE LA PATRIE – Marco Valdo M.I. – 2015
d'après la version italienne
d'une chanson polonaise – Ku chwale ojczyzny - Grzegorz Dąbrowski – 2015

Des bougies, de l’encens et un curé,
Dans le tumulus, on a piqué
Le drapeau rouge et blanc
Rouge et blanc.
La Pologne, globalement, pour toi comme pour moi, est une terra incognita, ou presque. Un monde situé quelque part par là. Et en grande partie, le mot de Jarry situant le royaume du Roi Ubu reste de mise : « En Pologne, c’est-à-dire nulle part ». J'ajoute volontiers, comme Pierre Dac disait à propos du schmilblick dans Du Côté d'Ailleurs, « une machine qui si elle ne sert à rien, peut par conséquent servir à tout ». Transposons : nulle part, c'est-à-dire partout et ailleurs. Donc, on peut aussi bien renverser la proposition de Jarry et dire "En Pologne, c'est-à-dire partout et ailleurs".


Mais pourquoi donc, dis-tu, Marco Valdo M.I., des choses aussi banales, qui pourraient être mal interprétées par des gens sourcilleux en ce qui concerne le pays où ils vivent et où souvent, ils sont nés.


Mais justement, je le dis en pensant à ces gens-là. Précisément, ces gens-là, car je viens de terminer une version française d’une chanson polonaise. Je l’ai faite cette version française, car je suis très curieux de savoir ce que raconte la chanson polonaise et surtout, une chanson polonaise que nous présente Krzysiek Wrona, qui l’a traduite en italien. Grâce à sa traduction, j’ai pu en faire une version française, en ce compris les dérives de la duplication transformiste du processus. C’est cette version française que tu peux contempler ici. Et j’ai beaucoup aimé ce « à la gloire de la patrie » qui construit une perspective étrange. On ne parlait plus beaucoup, ici dans nos pays, de patrie, même si ces derniers temps, dans certains milieux, le mot revient de loin et en force. Et ce n'est pas bon signe. Le mot patrie évoque toujours des moments guerriers, des périodes troubles, des bruits de bottes. Patrie par ci, patrie par là… J’ai toujours l’impression que quelqu’un, là un peu plus loin, proclame : « Quand j’entends le mot patrie, je sors mon militaire ».


Ce mot de « patrie » doit souffrir d'un défaut de connotation, certainement, dit Lucien l'âne en souriant en coin.


Certes, mais quand on y accole le mot « gloire », il y a de quoi s’inquiéter. Cependant, dans cette version française, tirée d’une version italienne d’une chanson polonaise, il y a comme un parfum d’ironie qui me rassure et qui me l’a fait apprécier.


Brisons là, j’ai hâte de découvrir. Puis, cela fait, reprenons notre tâche et tissons à nouveau le linceul de ce vieux monde patriotique, encensé, glorieux et cacochyme.


Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Aux funérailles de Tomek, il y avait beaucoup de gens,
Des bougies, de l’encens et un curé,
Des chants indiens et le tambour du chaman.
Dans le tumulus, on a piqué
Le drapeau rouge et blanc
Rouge et blanc.

Je chante à la gloire de la patrie ce chant
Pour rappeler à la gloire de la patrie
Les morts et les vivants,
Les gens d’honnête vie,
Ceux qui pour le principe
Ont vécu ou vivent
Pour le bonheur, la joie
Et l’allégresse.

À la gloire de la patrie, il convient de rappeler
Les vivants qui n’ont ennuyé personne,
Les fous et les forcenés
Qui savent rêver sans briser le rêve.
Il faut chanter aussi à la gloire de la patrie
Celui qui cherche le ciel
Sur terre, dans l’espace interpersonnel.
Célébrer à la gloire de la patrie
Aussi qui connaît les visions,
Les apparitions et les hallucinations,
Les beuveries des hommes et les grâces de filles.

Je chante à la gloire de la patrie ce chant
Pour rappeler à la gloire de la patrie
Les morts et les vivants,
Les gens d’honnête vie,
Ceux qui pour le principe
Ont vécu ou vivent
Pour le bonheur, la joie
Et l’allégresse.

Toutes ces filles à la gloire de la patrie :
Les mariées, les divorcées et les maîtresses,
Les mignonnes, les vierges et les prêtresses
Qui vivent, car ainsi va la vie.
Les activistes, les typographes, les pêcheurs de Casciubia,
Les découvreurs, les mystiques ou les atteints d’écomanie.
Laissons-les vivre à la gloire de la patrie
Voyager vers l’Inde ou boire la vodka.

Je chante à la gloire de la patrie ce chant
Pour rappeler à la gloire de la patrie
Les morts et les vivants,
Les gens d’honnête vie,
Ceux qui pour le principe
Ont vécu ou vivent
Pour le bonheur, la joie
Et l’allégresse.

Iiaha iiaha iiaha
Iiaha iiaha
Iiaha iiahaaa

Iiaha iiahaaa

Iiaha iiahaaa
Iiahaaa