jeudi 26 mars 2015

Marengo

Marengo

Chanson française – Marengo – Marco Valdo M.I. – 2015

ARLEQUIN AMOUREUX – 1

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.



Au matin, la bataille commença tôt
Sieg oder Tod ! On prit Marengo !
À midi, c'était la victoire.
Gott in Himmel ! Dix mille hommes perdus au soir.




Voici donc, Lucien l'âne mon ami, une nouvelle série de canzones qui s'en vont te raconter l'histoire d'un Arlequin amoureux, ci-devant fantassin de l'Empereur autrichien François. Enrôlé de force, déserteur par vocation, il passera sa vie à fuir, fuir et à se réfugier en songe dans les bras imaginaires de son Arlecchina. On verra bien à la fin comment tout cela finira. Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li, Oui, Monsieur Chi, Oui, Monsieur Nelle, Oui, Monsieur Polichinelle.


Mais qu'est-ce que tu me chantes là ?, Marco Valdo M.I. mon ami. On dirait une comptine enfantine...


C'en est une et sans doute l'as-tu entendue des dizaines de fois. En tous cas, moi, c'est certain. Reste à te dire comment elle est arrivée jusqu'ici.


Peu importe, dit Lucien l'âne en pointant ses oreilles vers le ciel.


Pas du tout. Cette comptine est la cause de tout. C'est le premier moteur de cet opéra-récit-historique que je m'en vais te conter en un nombre indéterminé d'épisodes, c'est-à-dire de canzones.


Si je me souviens bien, ce sera la cinquième série du genre ; il y a eu Le Cahier Ligné, Dachau Express, Histoires d'Allemagne, Le Livre Blanc…


La cinquième, en effet et ce sera aussi, le deuxième déserteur, après Joseph. Et c'est aussi, la deuxième série qui commence par un souvenir napoléonien, puisque le cycle du Cahier Ligné commençait par des Souvenirs napoléoniens. Quant à la comptine… Quant à la comptine…


Finalement, quoi, quant à la comptine ?, dit Lucien l'âne d'un air courroucé en raclant le sol de son sabot noir comme une nuit sans lune.


Et bien voilà. L'autre jour, et l'affaire illustre bien comment les comptines restent dans la tête des gens, les enfants – je ne me souviens plus de la raison précise – mais les enfants, ils étaient trois et tous en âge d'être parents, soudain égrenèrent les souvenirs, comme fait le Frédéric de Claude Léveillée, un autre Arlequin celui-là. Par parenthèse, Frédéric est une des plus belles chansons de la langue française et une chanson qui mériterait que je l'insère dans les chansons de paix, qui sont comme j'ai coutume de le dire, les meilleures chansons contre la guerre. Et puis, comme on en était quand même au temps des carnavals et des arlequinades, Monsieur Polichinelle est soudain revenu à la mémoire commune et tous les (grands) enfants de chanter :
« Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »
C'est là que je me suis dit, il faut en faire une chanson, une chanson d'Arlequin. Et je me suis souvenu de Chveik, du Kanonýr Jabůrek et de ce roman tchèque que j'avais lu, il y a pas mal de temps, roman d'un déserteur inouï, écrit par Jiří ŠotolaDe la chanson, à la série, il n'y a qu'un pas : notre déserteur Arlequin ayant de nombreuses aventures... Ainsi, la série, c'est le résultat des aventures de ce Matĕj, alias Matthias, Matys, Matysek, Mathieu, dont le patronyme Kuře, me dit-on, signifierait poussin, poulet… Et comme à l'habitude, les musiciens se font attendre...


Comme je comprends l'affaire, il s'agit d'une chanson et même d'une série de chansons (à venir) contre la guerre… Ainsi donc, nous tisserons par la chanson, l'arlequinade et la désertion, le linceul de ce vieux monde engoncé dans ses brumes guerrières, ses massacres, sa sinistrose et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Au printemps de dix-huit cent,
On avait dit Bonaparte,
On avait cru Bonaparte
Cuit sur le Nil, au soleil éclatant.

Bonaparte, on avait menti,
Bonaparte n'était pas rôti.
Bonaparte était à nouveau là.
Alors, recommença la corrida.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Moi, Matthias, quarante ans,
Vagabond de Bohème, Arlequin dans le vent,
Enrôlé de force au régiment,
Boutons jaunes et caleçon blanc.

Instruction éclair, départ sur le champ,
Vers le sud, en avant !
Autriche, Styrie, Vénétie, Piémont,
Le treize juin, le cul par terre, en position.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Au matin, la bataille commença tôt.
Sieg oder Tod ! On prit Marengo !
À midi, c'était la victoire.
Gott in Himmel ! Dix mille hommes perdus au soir.

Le quatorze juin, au soir le la bataille,
Sur le champ couvert de morts, Matthias le fantassin,
Rescapé de la mitraille,
Se mua en Arlequin.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.


RUDE

RUDE


Version française – RUDE – Marco Valdo M.I. – 2015
Chanson italienne – CrudoSusanna Parigi – 2011
Album: "La lingua segreta delle donne" (2011)



Rude comme le temps
Comme les branches cassées par le vent



Rude comme le temps
Comme les branches cassées par le vent
Rude comme la peau d'un crocodile
Comme le mur des larmes
Comme une cantilène

Rude comme un cilice
Comme un signe indélébile sur ma poitrine
Comme la poix bouillante sur l'ennemi insensible
Rude comme un verbe
Comme un manifeste

Rude le derme boucané
Rude le signe de la main effacé
Rude le savoir anticipé
Rude et sévère
Mon sein aride

Rude le brusque
Bouleversement de son visage
Sec le coup et puis, le tourment
Et son constant
Dédoublement

Rude sa parole
Comme
la croûte de pain qui rassasie et tueRude son errance,
L’arrogance
Et après
la souffrance

Rude comme l'angoisse
Comme le corps tremblant d'un sacrifice
Rude comme la lame qui s'enfonce
Comme le soupçon
D'une trahison

Rude comme la félonie
Comme le songe malade de l'égoïsme
Comme se rendre à qui on aime
Rude est le secret
Qu'on tairait.


Rude la force
De se relever du champ de la défaite
Rude le pacte de sang qui ferme le cercle
Comme la fourche ancestrale
Comme la corde