Le Verger de Liberté
Chanson
française – Le
Verger de Liberté
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 93
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, I)
Ulenspiegel le Gueux – 93
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, I)
Dialogue
Maïeutique
Un
verger de liberté ?, décidément Marco Valdo M.I. mon ami, tu
en inventes de ces titres. Qui donc aurait l’idée de faire pousser
la liberté dans des arbres.
À
la vérité, Lucien l’âne mon
ami, l’idée de ce verger de liberté n’est pas de moi, on la
trouve déjà dans la Légende et on peut supposer que la Légende ne
fait que rapporter ce qui est « légendaire » ; en
l’occurrence, ce beau nom qui fut attribué,
par les Gueux, lors de sa libération, à
la ville de Brielle sur l’île de Voorn, qui e situe à
l’embouchure de la Meuse et contrôle le passage vers Rotterdam et
l’intérieur de l’Europe. La prise de Brielle – dont Très-Long
(alias Guillaume de Blois, seigneur de ceci, de cela et
en néerlandais d’époque : Jonckheer Willem van Bloys gheseit
Treslong) était originaire, du temps où
son père y résidait en tant que bailli, marque en quelque sorte le
début de l’histoire des actuels Pays-Bas. C’est de là
qu’abandonnés – sous la pression et le
chantage des Espagnols – par l’Angleterre
d’Élisabeth,
pays où ils se
réfugiaient habituellement, les Gueux de mer vont installer leur
refuge et leur place-forte. C’est le tournant de cette longue
guerre de libération.
En
tout cas, c’est vraiment un beau titre, déclare Lucien l’âne.
Mais qu’en est-il du reste de la chanson ? Que peut-elle
raconter ?
La
chanson dit très bien elle-même ce qu’elle veut dire, Lucien
l’âne mon ami, mais je m’en vais te la présenter à ma façon.
Après l’épisode d’Emden, la flottille des Gueux de mer
s’échappe et s’en va rejoindre la flotte nettement plus
importante rassemblée par Guillaume de la Marche. Au passage, comme
tout bon corsaire, Très-Long s’empare d’un vaisseau espagnol qui
s’en allait vers Anvers porter ses trésors au duc d’Albe. C’est
une anecdote fort instructive et importante, car ce bateau chargé
d’or transporte (comme d’autres similaires) les fonds nécessaires
au payement des mercenaires qu’emploient les Espagnols.
En
somme, dit Lucien l’âne, les Gueux tentent de couper le cordon
ombilical entre l’Espagne et les Pays. C’est évidemment une
bonne manière d’assurer une naissance.
Et,
reprend Marco Valdo M.I., de fil en aiguille, le duc d’Albe, qui
doit payer ses gens et ses armées pour éviter les manifestations de
mécontentement – au début et les désertions, les rébellions et
les pillages – ensuite, a recours à des augmentations d’impôts
et enclenche ainsi un mouvement de résistance de plus en plus vaste
et de plus en plus dur, qu’à son tour, il se doit de réprimer de
plus en plus. C’est l’engrenage classique des libérations.
Tandis que de l’autre côté, ces prises de navires venus d’Espagne
et d’Amérique donnent les moyens d’alimenter et d’armer la
révolte. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, le rapport de
forces se renverse.
Fort
bien, dit Lucien l’âne, ainsi va le monde. Quant à nous, tissons
le linceul de ce vieux monde répressif, autoritaire, vénal et
cacochyme
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
flotte de Hollande et de Zélande
Croise
au large des côtes de Néerlande.
La
grande lanterne, le grand fanal
Haut
sur le mat du vaisseau de l’amiral,
Guillaume
Lumey de la Marche,
Capitaine
général à la voix de tonnerre
Commande
et règle la marche
De
la flotte et des Gueux de mer.
C’est
un homme redoutable et respecté,
Large
et fort tel déjà sa statue.
Il
ne coupera sa barbe pointue
Que
les prêtres pendus et les comtes vengés.
« Ton
cou sera le premier tordu »,
Dit
Till. « C’est mon vœu amical. »
Lamme
dit : « Tu étoufferas avant moi, animal ! »
Et
tous deux de rire comme des bossus.
Dans
la lumière frisante des vagues, Très-Long
Pousse
son vaisseau à l’horizon
Et
s’empare d’un navire chargé d’or pur,
D’épices,
de vins et de mercure.
Et
le duc désargenté impose encore et encore
D’abominables
impôts, des taxes permanentes.
Tout
va pour le Roi et les Pays vont de Ruine à Mort
Et
la lutte chaque jour reprend lancinante.
Les
bourreaux ont frappé.
Battez
tambours de guerre,
Les
bouchers seront étranglés,
Vive
les Gueux de mer !
Duc
d’Albe, duc de sang,
Ce
brouillard suant la peste t’attend.
Qui
donc encore te salue ?
Tu
ne peux plus marcher dans nos rues.
Ô
duc ! Entends-tu la voix des Pays,
Cette
forte rumeur qui monte,
Ces
murmures se gonflent en cris.
Ô
duc ! Les temps sont venus de ta honte.
La
flotte des Gueux remonte la Meuse,
Et
par surprise, prend La Brille, port fortifié.
Ainsi
le soleil se couche sur la ville fameuse,
Renommée
ce jour-là « Le Verger de Liberté ».