dimanche 9 février 2014

LA FAIM

LA FAIM


Version française – LA FAIM – Marco Valdo M.I. – 2014
à partir des morceaux épars rassemblés par les Chansons contre la Guerre
(http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=46671)
d'une
Chanson tchèque de langue allemande – Die Hungernden – Ilse Weber – 1944

Un poème d'Ilse Weber mis en musique par Bente Kahan, interprète norvégienne de musique juive.
Sur le disque de Bente Kahan « Stemmer fra Theresienstadt » de 1995, sorti les années suivantes en allemand et en anglais.

La faim, la faim, la faim est toujours là
Elle ronge leurs os ; dans leur corps, elle emménage 
Et creuse profondément leurs visages.


Ilse Herlinger Weber était une poétesse et écrivaine d'origine tchèque et de religion juive.
À Prague, où elle vivait, elle écrivit de nombreux récits pour l'enfance et réalisa de nombreux programmes radiophoniques pour les enfants. Après l'occupation nazie, en 1939, elle réussit à sauver son aîné Hanuš en l'envoyant en Suède par un « kindertransport » . Ensuite, elle, son mari et le plus jeune des enfants furent enfermés dans le ghetto de Prague et ensuite, internés au camp de Theresienstadt. Là, où furent déportés de très nombreux enfants, Ilse Weber fut infirmière dans le département enfants de l'infirmerie locale. Durant cette période, pour atténuer les peines des petits, elle composa de nombreuses poésies qu'elle improvisait en chansons en les accompagnant à la guitare. En octobre 1944, son mari Willi fut choisi pour le transfert à Auschwitz et Ilse demanda à le suivre. Elle et son fils Tommy furent tués dès leur arrivée. Willi survécut et put ensuite embrasser son fils Hanuš.


Dessin de Helga Weiss, juive tchèque, internée à Theresienstadt à 12 ans, en 1941. Son père lui recommanda de dessiner tout ce qu'elle voyait. Helga finit ensuite à Auschwitz et à Mauthausen, mais elle réussit à survivre, et comme tant de ses dessins.



Ils vont leur chemin à pas las,
La faim, la faim, la faim est toujours là
Elle ronge leurs os ; dans leur corps, elle emménage
Et creuse profondément leurs visages.

Ce qui anoblit l'homme et l'honore
La faim, la faim, la faim le dévore.
Elle brise la fidélité, elle renie la parole
Et pour un bout de pain sec, elle vend la conscience .

Et ce que ne peuvent ni le pouvoir, ni le juge,
La faim, la faim, la faim l'impose.
L’esprit s'altère, l'inflexible orgueil
Comme la neige fond au soleil.

Fleurit l'envie, pousse la malveillance,
On est aveugle, dur pour l'autre et sa souffrance.
Que faire de ce que le prochain ressent,
Quand la faim dans le corps s'épand ?

Difficile de passer outre,
Quand ils mendient sur le chemin.
Que la honte soit sur qui repousse les pauvres
Et sans gêne comble sa propre faim .