jeudi 8 janvier 2015

Par le Grand Manitou

Par le Grand Manitou

Chanson de langue française – Par le Grand Manitou – Marco Valdo M.I. – 2015




Par le Grand Manitou,

Fanatiques de tous les pays, 

Calmez-vous !



Pourquoi ce Grand Manitou ?, demande Lucien l'âne en inclinant la tête du bon côté.


Oh, Lucien l'âne mon ami, car il y avait dans ma jeunesse, une ritournelle – d'où venait-elle ? - qui précisément disait : « Par le Grand Manitou ». Et ces ritournelles sont souvent un bon départ pour une parodie ; alors la tête s'emballe, la ritournelle tourne, tourne, peuple le moindre silence et l'oreille n'entend plus qu'elle.


Moi, je m'en souviens bien aussi et je peux même te dire que cette ritournelle n'était pas anonyme. C'était une chanson-scie du dénommé Jim Larriaga et chantée par le dénommé Carlos qui en fit un vrai tube. Comme disait Boris Vian, qui avait le premier usé de ce terme à cet usage. Vian précisait : un tube, c'est creux, c'est plein de vide. Pour en revenir à ta ritournelle, la chanson creuse s'intitulait : « Y a des Indiens partout ». C'était vers 1970.


Mais évidemment, Lucien l'âne mon ami, cette solennelle sonnerie, qui n'avait d'autre prétention que de se vendre aux radios, aux télés, aux entreprises de spectacle, en concert et sous forme de disque, ce parfait produit de l'industrie médiatique vaut le détour. Allons-y. Et je te la détourne aux fins de dire la rage qui me tient contre ce monde où le meurtre individuel ou collectif tient la vedette, où l'on assassine à qui mieux mieux : à la main, au pied, à l'oreiller, au couteau, à la hache, au poison, au fusil, à la mitraillette, au canon, à la bombe, à la fusée… et j'en passe. Et le pire, c'est qu'on ne peut même pas espérer qu'en tuant les tueurs, on réglera le problème. Ou alors, il faut les tuer tous, y compris nous-mêmes, dès lors.


Tu proposes un homicide collectif… Ce serait, en effet, une solution. Mais je te signale que statistiquement, chaque fois qu'on en tue beaucoup – disons pour les dernières grandes opérations : on en avait tué quelques dizaines de millions. La dernière grande, disons très grande, c'était dans les années 1940. Quarante ou cinquante millions de morts – on va pas chicaner. La population humaine globale à l'époque tournait autour du double milliard – deux milliards trois cent millions. Et à présent ? Aujourd'hui, on va doucement vers les neuf milliards. Alors, si on veut y mettre fin, les mettre hors jeu tous ensemble, il y aura du boulot… Et en plus, il faudra faire vite et tout, vraiment tout éradiquer. Sinon, ça repartira de plus belle. Mais évidemment, c'est impossible… En fait, c'était juste façon de montrer que ce n'est pas une solution praticable. Alors ?

Alors ? Alors, Lucien l'âne mon ami, il nous faut tous – y compris les cons et ce sera le plus difficile – tenter de faire enfin advenir l'homme. Oh, pas un surhomme, pas un homme parfait… Mais enfin, un homme, au sens générique, bien entendu. Un homme, une femme, peu importe son genre, peu importent ses goûts, mais un homme, une femme sans Dieu, sans prophète, sans religion… Bref, un être humain, tout simplement. Un homme, une femme enfin libre. Un homme, une femme qui diraient :

« On vit on mange et puis on meurt
Vous ne trouvez pas que c'est charmant
Et que ça suffit à notre bonheur
Et à tous nos emmerdements

Y en a marre ! »
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Moi aussi, Y en a marre !, dit Lucien l'âne, comme tous les animaux, nous en avons tous marre de ces crétins assassins et des autres destructeurs de la planète… Que les humains s'entretuent, passe encore. C'est con !, mais passe encore ; ça les regarde. Mais leur connerie met le monde en danger et c'est aussi notre monde. Et là, ça nous regarde aussi, oui, à nous, les ânes ou n'importe lequel des êtres vivants de cette planète. Alors ? Et bien Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche, lente, lourde, pensante, répétitive, mais qui me semble indispensable et tissons le linceul pour nos amis – oui, aujourd'hui, certainement, mais aussi celui de ce vieux monde con, rongé par les mythes, les religions, les prophètes, les dieux, les Livres et autres cuistreries et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Par le Grand Manitou,
Fanatiques, calmez-vous !
S'il vous plaît de mourir,
Nous, on préfère rire.

Par le Grand Manitou,
Cette Terre est peuplée de fous.
Dans ce monde de cinglés,
On est tous enfermés.

Par le Grand Manitou,
On se tue tout partout.
On ne peut plus rigoler,
On va se faire flinguer.

Par le Grand Manitou,
Après tout, on s'en fout.
Ils peuvent bien tirailler,
On va pas s'incliner.

Par le Grand Manitou,
Ils sont vraiment beaucoup.
Démons déments dérangés
Il faudrait les soigner.

Par le Grand Manitou,
Fanatiques, calmez-vous !
S'il vous plaît de mourir,
Nous on préfère rire.