mercredi 1 avril 2015

HÉROS (NE T'ÉLOIGNE PAS !)

HÉROS (NE T'ÉLOIGNE PAS !)

Version française – HÉROS (NE T'ÉLOIGNE PAS !) – Marco Valdo M.I. – 2015
d'après la version italienne de Riccardo Venturi, d'après la version turque
d'une chanson curde – Egît [Dûr neçe heval] – Îbrahim Rojhilat2006



Mes yeux sont comme une goutte de rosée, comme la neige du Zagros
Ne pars pas, camarade, non, ne pars pas au loin 




Par une de ces étranges et fréquentes alchimies de ce site, Adriana a signalé cette chanson, jouée et chantée par Serhat Akbal à Fosdinovo en novembre dernier, au moment où le soussigné et Daniela - k.d. l'écoutaient chantée par le même Serhat Akbal à Piadena (CR) à l'occasion du festival de musique populaire de la Ligue de Culture (qui, chanceusement, n'a absolument rien à voir avec d'autres « ligues »), il y environ deux semaines. Écrite par Nuray Șen, Nail Yurtsever et Nuro Aksoy pour l'auteur-compositeur militant kurde Îbrahim Rojhilat en 2006 (et publiée dans l'album Bengî), cette splendide chanson s'intitule, justement, Egît ; c'est un mot, probablement, intraduisible en italien, mais Gian Piero Testa aurait immédiatement reconnu le grec παλικάρι, qui y correspond pleinement. Le « jeune héros », ici, est un combattant du PKK, car cette chanson a été écrite pour la lutte du PKK, et elle parle de ça. Des paroles qui accompagnent cette chanson (très connue aussi comme Dûr neçe heval, son premier vers) sur les innombrables vidéos qui circulent sur le réseau, on comprend qu'elle est devenue un hymne du PKK et, surtout, qu'elle a accompagné la bataille pour la victorieuse défense de Kobanê contre les nazis islamiques de l'ISIS. La signification du mot kurde heval est bien éclaircie par Serhat Akbal, en italien, dans le vidéo ; j'ajoute que c'est la même en langue turque, avec le mot arkadaș. Un mot où se confond « ami », « camarade » et « frère ». Il s'agit, certainement, d'un chant de lutte ; pourtant, comme on peut le voir, il ne renonce pas à considérer cette lutte comme un chant de liberté et de paix.
Nous n'aurions pu rien comprendre à cette chanson sans la traduction turque trouvée dans une providentielle page Facebook, et dont a été tirée une traduction italienne. Ayant connu personnellement Serhat Akbal, qui est un jeune pour lequel on peut user du mot « exquis », je voudrais lui dédier cette page et à toute la lutte du Kurdistan. Dans le vidéo, Serhat joue d'un instrument traditionnel, le saz (correspondant à la bağlama turque) ; il chante tant en kurde qu'en arménien. Il y a quatre ans, il a dû laisser pour raisons politiques son pays et sa famille et a obtenu le statut de réfugié politique en Italie. Il vit et travaille à Rovereto (TN) et il est cuisinier dans un restaurant italien. L'auteur de la chanson, Îbrahim Rojhilat, est né en 1969 dans la ville kurde-turque de Bazîd (en turc Doğubeyazıt). Depuis 1991 quand il fonda le groupe Koma Rojhilat, dont il était le soliste, il joue et chante de la musique kurde, tant traditionnelle que de sa composition,. le nom du groupe a, en même temps, signifié de « Groupe de Rojhilat » et celui de « Groupe de l'Est » (rojhilat signifie « est, orient » en kurde, et quelqu'un y aura reconnu la racine de Rojava « ouest, occident »). Les Koma Rojhilat se sont actuellement dissouts, et Îbrahim Rojhilat continue son activité comme soliste.


Tu ne dois pas
t'éloigner, camarade
Non, non, ne t'éloigne pas.
L'hiver est froid, il y a les intempéries
Les inondations, des tornades
Le sommeil est doux, mon ami

Et maintenant mon cœur est un puits de feu
Qui s'enflamme de passion
Donnant de la vie à mon corps comme au sol de mon pays
Mais comme le corps se refroidit
Mes yeux sont comme une goutte de rosée, comme la neige du Zagros
Ne pars pas, camarade, non, ne pars pas au loin
Je ne sais pas ouvrir leurs yeux, le sommeil est si doux,
Mais réveille – toi et reste ici, prends la relève de la garde
Même ici, nous voyons l'aube
Le soleil transforme les montagnes en feu ardent
Un regard, et on entend le bruit de l'eau qui coule
Et la chaleur du jour qui naît, la chaleur du jour qui naît

Lève la tête
Hurle, ouvre les yeux
Élève ta voix
Réjouis-toi dans ton cœur
Notre espérance est voisine, camarade

Je le sais et peut-être même le sais-tu aussi
Que chaque printemps nouveau lui-même s'embellit
Sur le Zap, sur la Çûkûrca, sur le Colemerk, sur le Hakûrk
Maintenant lève la tête et ouvre les yeux
Nous sommes comme un chant de paix, un chant de liberté
Hé, jeune héros, audacieux aigle de la montagne Colemerk
Ne pars pas, camarade, non, ne pars pas au loin
Dans ton odeur brûle mille fois ton cœur
Camarades, c'est un regard qui dit chaque chose
C'est maintenant l'instant de cueillir ce que nous attendons

Élève ta voix
Réjouis-toi dans ton cœur
Notre espérance est voisine, camarade