vendredi 4 mars 2016

MAUDIT SOIT COPERNIC

MAUDIT SOIT COPERNIC

Version française – MAUDIT SOIT COPERNIC – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – Maledetto sia CopernicoMichele Mari2007





Nicolas Copernic face au ciel







Dialogue maïeutique 




Tiens, dit Lucien l’âne en riant, voilà Copernic qui revient. Si je me rappelle bien, c’était lui qui fermait le bal de ta dernière version française.


Eh oui !, Lucien l’âne mon ami. C’était bien lui et sa révolution copernicienne qui concluait L’INQUISITION . Mais cette fois, au lieu d’éloges, il reçoit une volée de bois vert, il est maudit.

« Maudit soit Copernic,
Maudit soit Copernic ! »


On ne peut être plus clair, dit Lucien l’âne en riant aux éclats. Pauvre Copernic !


Halte !, Lucien l’âne mon ami. C’est de l’humour, c’est pour rire. En fait, de toute façon, Copernic s’en fout, vu qu’il est mort il y a près d’un demi-millénaire. C’est l’humour d’un de nos contemporains qui dit regretter la grandeur passée de l’humanité, quand l’homme se croyait encore cet être merveilleux créé par un Dieu qu’il avait inventé tout exprès pour ça. Alors, comme c’est bien cette fameuse révolution copernicienne, cette remise à plat de la platitude de la Terre et de sa centralité dans l’Univers, qui a fait chuter et l’homme et son Dieu de leur piédestal, l’auteur de la chanson maudit Copernic. Ce « Lost Paradise » est le résultat le plus désolant, aux yeux de notre auteur, de cette découverte copernicienne. Mais cette déception est baignée d’acide comique…


Il ne me reste qu’à conclure, à proposer de reprendre illico notre tâche et à nous remettre à tisser le linceul de ce vieux monde déboussolé, déchu, triste et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Un temps, il y avait des points fixes
Tout tournait autour de nous
L’espace n’avait pas d’abysses
Immobile, au centre, notre monde à nous.
Nous étions le principe,
Tout le reste conséquence.
Nous étions le prince et les maîtres,
Mais ensuite, damnée connaissance !

Maudit soit Copernic,
Maudit soit Copernic !

Nous savions où se trouvait le paradis
Et l’espace était seulement une réplique.
Nous nous tenions fermes en un point précis
Et pas sur cette espèce de manège.
Nous ne nous attendions pas à ce que finît
Le règne de Dieu parmi les étoiles fixes.
Nous ne savons jamais où nous sommes
Depuis que avons découvert notre sarabande.

Maudit soit Copernic,
Maudit soit Copernic !

Un temps, nous avions une immense
Terre à conquérir,
Un univers où montrer notre puissance
Et des géants à estourbir.
Maintenant, nous sommes réduits à des fourmis,
Sous mille drapeaux tous ennemis,
À nous tuer pour une aire à répartir,
Une demi-heure avant de mourir.

Maudit soit Copernic,
Maudit soit Copernic !

Maintenant que nous sommes minuscules et mobiles,
À quoi riment nos prétentions,
Nos amours et nos sentiments nobles,
Notre rage et nos contestations ?
Au vu de la poussière que nous sommes,
Je ne sais pourquoi nous continuons.
Je ne sais même pas si c’est bêtise,
Orgueil ou désespérance.

Maudit soit Copernic,
Maudit soit Copernic !

INQUISITION

INQUISITION


Version française – INQUISITION- Marco Valdo M.I.
Chanson italienne – InquisizioneElio e le Storie Tese – 2016
"Figgatta De Blanc" (2016)




Il y a la sainte Inquisition qui

Fait rôtir les gens oh, non !
Damnée Inquisition !



Depuis que le monde est monde, l’Inquisition brûle les gens ; plus au Moyen Âge qu’à d’autres époques, mais de toute façon, on les brûle. Les gens brûlés se comptent par milliers, si pas davantage. Cela dépendait de ceux auxquels il plaît d’enquêter, le phénomène serait toujours très répandu. Il n’est heureusement pas le cas chez nous actuellement, car un fort mouvement d’opinion s’y oppose.



Dialogue maïeutique


Nous qui pensions, Lucien l’âne mon ami, que notre opéra-récit Till le Gueux qui s’élève tout entier contre l’Inquisition était une sorte de sujet hors du temps présent et peu répandu dans la chanson contemporaine, voici qu’une chanson italienne récente (ô combien, elle vient de sortir) aborde de face ce sujet de la confrontation entre la libre pensée et la religion, entre les athées et les tenants de Dieu ou des Dieux, vu que les divinités pullulent comme champignons après la pluie. Cette chanson s’intitule fort à propos : Inquisizione – INQUISITION. En somme, pour résumer la chose, l’Inquisition est à la religion, ce que la police politique et les tribunaux d’exception sont aux dictatures. Il y a là aussi des murs à faire tomber. Quant à son fonctionnement, on trouve dans Till le Gueux, une série d’exemples Coupez les pieds !Katheline suppliciée Tuez les hérétiques, leurs femmes et leurs enfants! , Procès et condamnationLa Mort de Claes, le charbonnier Telle est la Question Trois cents ans de torture et L’Araignée de l’Escurial. Malgré les terribles soubresauts de la bête dans certains coins du monde, comme on le sait de plus en plus, dans tous les pays, les religions sont en recul. Et de plus, c’est un processus lent, mais irréversible.


Voilà qui fait plaisir et qui montre que l’humaine nation progresse en sagesse et conscience de soi. Ainsi, tu n’es pas – comme tu pouvais l’imaginer – une vox clamans in deserto. Il y a de l’écho. Et même en Italie et en italien, de surcroît. Il te fallait donc de toute évidence faire une version française de cette canzone d’Elio sans attendre.


Et je n’ai pas attendu, comme tu le vois. Même si, appelé à d’autres tâches, j’avais un peu ralenti dans la confection des chansons de Till, j’ai dégagé quelques heures pour cette version d’INQUISITION, car – à nos yeux – c’est un sujet prioritaire en raison du climat d’affrontements aux relents religieux dans lequel nous baignons depuis quelques temps. Il est temps de rappeler ce qui se cache derrière le discours vantant les « racines chrétiennes » de l’Europe. Ça sent l’encens, ce symbolique parfum aux odeurs de bûchers et de grandes persécutions.


Surtout, dit Lucien l’âne, que ce sont là des choses contagieuses et passionnelles. On meurt aisément quand on meurt pour le ciel. Et dire qu’on prétendait que Voltaire était périmé… Mais finalement, que raconte cette chanson ? J’aimerais bien que tu m’éclaires, car je ne distingue pas tous les personnages dont il est question.


En fait, quatre quatrains se réfèrent à des personnages réels qui ont eu à souffrir de l’Inquisition de diverses manières. Le quidam du premier est Galilée, qui se sauva du bûcher en abjurant. Le Giordano Bruno est lui-même, celui qui a été rôti sur le Campo dei Fiori de Rome. L’Anglais est Charles Darwin toujours en butte aux persécutions des créationnistes et dans ma version, j'ai remplacé le babouin des religieux par le Singe nu de Desmond Morris et la révolution copernicienne renvoie à Copernicqui fit de la Terre une planète du Soleil et du Soleil une étoile perdue dans l'univers. Tous font l’objet d’une vindicte cléricale. Même si ces exemples renvoient au passé, il n’en reste pas moins qu’il faut les rappeler, tout comme il convient de rappeler les horreurs des croisades – y compris celles contre les Albigeois, contre les Cathares, contre les membres de la Fraternité des Pauvres de Pierre Valdo. D’ailleurs, des appels à la croisade courent dans l’air. On ne sait trop quand elle viendra, mais quand ce genre de longue marche se met en route, elle s’étend comme la peste porcine, la grippe aviaire ou la maladie de la vache folle. Il me paraît impératif de faire face et de refuser de choisir entre la peste et le choléra. On ne dira jamais assez que l’humaine nation ne peut se construire qu’en se débarrassant des oripeaux et des fantasmes célestes. On ne peut éluder cette question au nom du « vivre ensemble » ou de je ne sais quel « arrangement raisonnable » quand il s’agit de prendre le parti de l’humaine nation contre les ingérences divines et leurs séides.


Pour nous les ânes, comme pour toutes les espèces vivantes, le choix est simple : entre le pantin divin et notre mère nature, nous choisissons le monde réel, naturel et forcément, sans Dieu(x). Nous choisissons d’être des « sans Dieu(x) », nous sommes athées. Nous voulons un monde sans prophètes et sans dieux. Reprenons dès lors notre combat contre les Dieux, les religions (même athées) et leurs Inquisitions et tissons le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, inquisitorial et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Un quidam, il y cinq cents ans 
Observait le ciel au télescope
Et ce qu’il y vit ne plut pas un instant
Aux tenants des vieilles écritures

Un Giordano contemporain, très érudit,
Un certain Bruno, a été questionné,
Et par la justice condamné au bûcher.
De science et de connaissance, 
il vaut toujours mieux ne pas parler.

Il y a la Sainte Inquisition
Qui fait rôtir les gens oh, non !
Il y a cette damnée Inquisition.
Il suffit de dire deux blagues sur la place
Et Torquemada se déplace.

Il y a deux cents ans, un Anglais
Observa avec son microscope
Et ce qu’il découvrit, ennuyait
Les Églises et les ministres du culte.

Il n’est pas facile d’admettre que nos aïeux
Étaient des singes nus
Surtout quand on est convaincu
Que nos ancêtres avaient été créés par Dieu
La libre pensée a du mal à s’affirmer si

Il y a la sainte Inquisition qui
Fait rôtir les gens oh, non !
Ennuyeuse Inquisition !
Il y a la sainte Inquisition qui
Fait rôtir les gens oh, non !
Damnée Inquisition !
Si on veut éviter la torture oh, oui !
Il faut abjurer ses convictions.

Il y a la sainte Inquisition
Qui vient d’Espagne oh non !
Mais qui donc jamais s’attendit
À ce qu’un savant soutienne
Que nous tournons autour du soleil oh, oui !
C’est la révolution, c’est la révolution
Copernicienne.