dimanche 21 octobre 2018

LA MORT ET L’ÉMIGRANT

LA MORT ET L’ÉMIGRANT

Version française – LA MORT ET L’ÉMIGRANT – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la version italienne d’une
Chanson sicilienne – La Morte e l’emigranteTaberna Mylaensis – 2015






De l’album "Semu tutti emigranti" (« Nous sommes tous des émigrants »), 2015, un album entièrement dédié à l’émigration, comme une unique cantate.
Un album qui mériterait les plus importantes reconnaissances et que par contre, on connaît peu, tout comme l’extraordinaire groupe, né en 1975 et merveilleusement encore actif, de la Taberna Mylaensis.

Le recours au dialecte, outre d’être constitutif du groupe, souligne le double lien réciproque entre l’Afrique, l’Orient et la Sicile ; car, non seulement la Sicile n’existerait pas sans l’Orient et l’Afrique, mais aussi car, du drame aujourd’hui époque de l’immigration, méridionaux et émigrants d’où qu’ils viennent sont frères de larmes.



« Sur cette vieille barque de malheur,
Nous partons nombreux, chaque nuit, à l’aventure.
Où allons-nous ? D’où venons-nous ? Aïe, quelle misère !
Mais la mer cruelle ne nous fait pas peur. »

« Que m’importe ?
Qu’on vienne d’Afrique, de Libye ou de Tunisie ?
Je suis ici, de garde, jour et nuit,
J’attends au bord, je suis la Mort ».

« Mort, tu es plus noire que la poix.
Pour nous, tu n’as aucun égard.
Regarde cette mère, qui serre son fils tout contre soi,
Pour lui offrir un plus heureux espoir ! »

« C’est vrai, je suis la Mort et je vous guette,
Ma faux au vent, je campe sur la rive.
Et quand la terre approche, arrive
De la mer une lame et le bateau vous jette. »

« Mort, pourquoi tant de méchanceté ?
Laisse cette pauvre barque voguer en sûreté,
Laisse-nous toucher et embrasser la terre !
Nous voici ici, car là-bas, c’est encore la guerre. »

« On me trouve, en effet, où les hommes,
S’entretuent comme des chiens,
Pour un dieu qu’ils nomment
Musulman, juif, taliban ou chrétien… »

« Que m’importe, je suis un émigrant
Je suis parti, car pour mes enfants,
Je veux un devenir meilleur
Où on ne meurt ni de faim, ni de froid, ni de terreur. »

« Je suis noire, et je suis la Mort,
Je n’ai ni famille, ni père, ni Dieu,
Je ne prie pas, je ne pleure pas et je ris peu.
Je vais mon chemin et je ne crois en rien. »

« Ô Mort, je te demande l’avantage
De laisser libre ce passage.
Tu as tout brûlé et tu n’épargnas rien
Où j’ai pioché, où j’ai planté le grain. »

« Émigrant, ce n’est pas ma faute
Si tu pars, tu fuis et cherches ta route,
Mais je te laisse à ton sort.
Je m’en vais. Je te salue. La Mort. »