LA
MORT ET L’ÉMIGRANT
Version
française – LA MORT ET L’ÉMIGRANT –
Marco Valdo M.I. – 2018
d’après
la version italienne d’une
De
l’album "Semu tutti emigranti" (« Nous sommes tous
des émigrants »), 2015, un album entièrement dédié à
l’émigration, comme une unique cantate.
Un
album qui mériterait les plus importantes reconnaissances et que par
contre, on connaît peu, tout comme l’extraordinaire groupe, né en
1975 et merveilleusement encore actif, de la Taberna Mylaensis.
Le
recours au dialecte, outre d’être constitutif du groupe, souligne
le double lien réciproque entre l’Afrique, l’Orient et la
Sicile ; car, non seulement la Sicile n’existerait pas sans
l’Orient et l’Afrique, mais aussi car, du drame aujourd’hui
époque de l’immigration, méridionaux et émigrants d’où qu’ils
viennent sont frères de larmes.
« Sur
cette vieille barque de
malheur,
Nous
partons nombreux,
chaque nuit, à l’aventure.
Où
allons-nous ?
D’où venons-nous ? Aïe, quelle
misère !
Mais
la mer cruelle ne
nous fait pas peur. »
Qu’on
vienne d’Afrique, de Libye ou de Tunisie ?
Je
suis ici, de garde, jour et nuit,
J’attends
au bord, je suis la Mort ».
« Mort,
tu es plus noire que la poix.
Pour
nous, tu n’as aucun égard.
Regarde
cette mère, qui serre son fils tout contre soi,
Pour
lui offrir un plus heureux espoir ! »
« C’est
vrai, je suis la Mort et je vous guette,
Ma
faux au vent, je campe sur la rive.
Et
quand la terre approche, arrive
De
la mer une lame et le bateau vous jette. »
« Mort,
pourquoi tant de méchanceté ?
Laisse
cette pauvre barque voguer en sûreté,
Laisse-nous
toucher et embrasser la terre !
Nous
voici ici, car là-bas, c’est encore la guerre. »
« On
me trouve, en effet, où les hommes,
S’entretuent
comme des chiens,
Pour
un dieu qu’ils nomment
Musulman,
juif, taliban ou chrétien… »
« Que
m’importe, je
suis un émigrant
Je
suis parti, car pour
mes enfants,
Je
veux un devenir
meilleur
Où
on ne meurt ni de
faim, ni de
froid, ni de
terreur. »
« Je
suis noire, et je suis la Mort,
Je
n’ai ni famille, ni père, ni Dieu,
Je
ne prie pas, je ne pleure pas et je ris peu.
Je
vais mon chemin et je ne crois en rien. »
« Ô
Mort, je te
demande l’avantage
De
laisser libre ce passage.
Tu
as tout brûlé
et tu n’épargnas
rien
Où
j’ai pioché, où j’ai planté le grain. »
« Émigrant,
ce
n’est pas ma faute
Si
tu pars, tu fuis et cherches ta route,
Mais
je te
laisse
à ton
sort.
Je
m’en vais. Je te salue.
La Mort. »