dimanche 27 mars 2022

Le Rêve et le Réel

 


Le Rêve et le Réel


Chanson française – Le Rêve et le Réel Marco Valdo M.I. – 2022



LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.




LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ;

 

Épisode 31


 

 


 

CURE EN ZINOVIE






Dialogue Maïeutique



En Zinovie, dit Marco Valdo M.I., on peut toujours rêver.


Oui, dit Lucien l’âne, pour ce que j’en sais, on doit même rêver, sinon comment verrait-on l’avenir radieux dont parle le Guide ?


C’est juste, reprend Marco Valdo M.I., le rêve est le visage de la réalité révélée et il faut résolument distinguer le rêve recommandé qu’incarnent l’avenir radieux et toutes les promissions de cette rêverie, de cette rêvasserie brouillonne qui sont les rêves cachés où on peut vivre en liberté dans le présent précaire, mais réel qu’est le quotidien et ainsi, se (re)connaître soi-même. C’est que vivre est en grande partie se voir, se regarder vivre pour se savoir vivant. Il s’agit de se réfléchir, car il s’agit de s’émanciper, d’échapper à la tutelle, de ne pas offrir de prises aux poignées insidieuses.


En somme, dit Lucien l’âne, il s’agit simplement de pouvoir respirer à son aise et dire au moins une fois à une personne, de délivrer la pensée en expansion.


Exactement, Lucien l’âne mon ami, mais en Zinovie, la chose est suspecte ; vivre en dehors est peu recommandé et mène au conscientorium. Pour en venir au titre « Le Rêve et le Réel », il convient de ne pas s’y fier, c’est un trompe-l’œil. On ne sait trop ce qu’est le réel, ni ce que peut être le rêve ; ils se substituent l’un à l’autre en permanence selon l’endroit où on se place. Les cartes sont brouillées, c’est l’effet de la société sous influence, c’est le résultat d’une obsédante propagande.


Je vois bien de quoi il s’agit, dit Lucien l’âne, c’est l’atmosphère étouffante des pays où jamais on ne peut mettre en cause la vulgate, où il faut vivre en somnambule.


Dans la chanson, reprend Marco Valdo M.I., on entend, on perçoit un monologue, un vrai soliloque, un discours bien caché à l’intérieur de la conscience de soi et du monde d’un individu.


À propos, dit Lucien l’âne, il me semble qu’en Zinovie, l’individu est une espèce en danger.


Oui, dit Marco Valdo M.I., ils n’ont pas tellement de solutions pour éviter la persécution ou la cure, dont les traitements sont multiples et variés : dénonciation, accusation, interrogatoires plus ou moins musclés, conscientorium, prison, hôpital psychiatrique, camp, chantier de travail et même, exécution ou plus sournoisement, empoisonnement : soit ils se cachent dans la masse, soit ils fuient hors du pays.


À supposer, dit Lucien l’âne, que de nombreux Zinoviens s’émancipent de leur assouvissement au Guide et à ses affidés, aux responsables de tous genres, et qu’ils fuient en masse, où pourraient-ils aller ? J’imagine que la solution est de débarrasser le pays du problème que sont le Guide et sa bande et par conséquent, de changer le mode de pensée et de fonctionnement de l’ensemble du groupe, ça risque de prendre un certain temps.


Oui, dit Marco Valdo M.I., la question du temps est centrale. En attendant, la chanson donne la recette :


« En Zinovie, pour vivre libre, on vit caché. »


Oh, conclut Lucien l’âne, ce n’est de toute façon pas une mauvaise façon de vivre. Cependant, tissons le linceul de ce vieux monde perclus, tordu, tortu, perdu et cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Sans mot dire, je pense assis ;

Je suis heureux d’être seul ici

À rêvasser, à me parler,

À ne rien dire en vérité.

Tiens, c’est déjà demain,

On me tire par la main.

On arrache ma couverture,

Je devrai refaire mon lit.

Sonnent des ordres ennemis,

Je me réveille dans la nature,

Il me faudra noter exactement

Les noms des soldats et leur enterrement.


Un centenaire maigre et souffreteux

Se traîne en gémissant ;

S’il n’avait été si vieux,

Il aurait fui depuis longtemps.

Il rêve encore d’une existence,

Il rumine tant d’insuffisances :

Hypocrisie, corruption, oppression,

Incurie, tromperie, désinformation.

En Zinovie, tous savent bien

De quoi, de qui on cause

Et qui est le plus grandiose

De tous nos crétins.


Que sont mes amis devenus

Que j’avais de si près connus ?

Ils s’acheminent vers le pouvoir,

Toujours inquiets de n’avoir pu

Sur un plus grand siège asseoir

Leur désormais emphatique cul.

Ils écartent les prétendants,

Ils discréditent les concurrents,

Ils poussent en avant leurs affidés,

Ils sauvent du danger la société,

Ils dénoncent les irresponsables,

Et s’affirment indispensables.


La règle est celle du groupe,

La Zinovie vit en troupe,

Dotée d’un caractère remarquable,

Elle rêve de puissance.

En Zinovie, la sottise est chose louable,

Fleur suspecte est l’intelligence,

Et embarras, la conscience morale.

L’insanité est des plus normales,

L’objection est vice réprimé,

L’abjection est voulue, le vil est vertu.

On se méfie de l’individu,

En Zinovie, pour vivre libre, on vit caché.



mercredi 23 mars 2022

JE NE VEUX PAS DE CHAÎNES

 

JE NE VEUX PAS DE CHAÎNES


Version française – JE NE VEUX PAS DE CHAÎNES – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la version italienne – Non voglio catene di ferro – Riccardo Venturi – 2022

d’une chanson yiddish – Ik vil nit keyn ayzerne keytn – איך װיל ניט קײן אײַזערנע קײטןBaruch “Vladeck” Charney / ברוך נאַכמאַן טשאַרנײs.d.

Texte : Baruch “Vladeck” Charney
Musique : Mikhl Gelbart (1889-1962)


 

 


  Odessa 1905

Révolte des marins russes contre le pouvoir impérial, illustrée par le film Le Cuirassé Potemkine




VLADECK


Baruch Charney est né le 13 janvier 1886, dans un petit village près de Minsk, dans ce qui est maintenant Biélorussie. Au début du siècle dernier, Baruch Charney est participe au mouvement révolutionnaire contre l’Empire russe ; il choisit alors le nom de Vladeck. Baruch Charney l’utilisera comme nom de famille pour le reste de sa vie.

Vladeck a été arrêté en 1904, arrêté en 1905, exilé en Sibérie. Vladeck, comme de très nombreux autres, choisit l’émigration vers les États-Unis. En 1908, il quitte l’Europe pour l’Amérique du Nord et débarqua à Ellis Island.

En Amérique, Vladeck a fait usage de son expérience antérieure en tant qu’orateur, voyageant beaucoup pendant quatre ans et donnant des conférences publiques sur une variété de sujets sociaux, politiques et économiques. Par la suite, Vladeck entre au journal socialiste The Jewish Daily Forward en 1912. En 1918, il devint directeur du journal. En 1917, Vladeck fut élu au conseil de New York, où il poursuivit son action politique jusqu’à sa mort en 1938.






Dialogue Maïeutique


Lucien l’âne mon ami, en établissant la version française de cette chanson en yiddish révolutionnaire et athée, je me suis demandé quel rapport elle pouvait avoir avec ce qui se passe actuellement là-bas aux confins de l’Ukraine et la Biélorussie et puis, ce qu’aurait pu penser son auteur des événements actuels aux bords de l’Empire russe qu’il avait dû fuir en raison de la barbarie et de la brutalité du pouvoir, il y a environ un siècle.


Évidemment, répond Lucien l’âne, ce sont là des questions qui viennent inévitablement à l’esprit ; elles ont d’ailleurs tout leur sens.


Oui, c’est ce qu’il m’a semblé, dit Marco Valdo M.I., surtout quand je me suis particulièrement intéressé à Vladeck, son auteur. Né dans l’Empire russe du côté de Minsk en Biélorussie, après s’être révolté contre le pouvoir dictatorial en vigueur en Russie (on était en 1905 – époque de la révolte de marins d’Odessa), avoir été condamné à la déportation en Sibérie et bénéficié in extremis d’une amnistie générale, il a pris la route de l’exil en direction des États-Unis, qui apparaissaient aux rétifs de l’Empire comme la terre de liberté et aussi, un lieu où vivre.


Oui, dit Lucien l’âne, je me souviens de ça et ces gens-là furent si nombreux que ce pays au bout de l’océan est en fait actuellement principalement peuplé d’exilés et parmi ceux venus d’Europe, on compte de très nombreux rescapés des famines et des exilés politiques.


Mais il y a plus dans le cas de Vladeck, reprend Marco Valdo M.I., qui importa en Amérique son engagement social, communautaire et politique en s’impliquant dans les luttes en cours au début du siècle dernier. Ce n’est pas du tout un cas unique que cet orateur itinérant portant le message d’union, de révolte et de résistance auprès des exilés. Il suffit d’évoquer Emma Goldman et Ovseï Ossipovitch, dit Alexandre, dit Sacha Berkman, ces infatigables militants pour la paix, pour la révolution et pour la liberté. Pour en revenir à ma question de départ, on voit ainsi très bien le lien entre cette chanson et la situation actuelle de l’Empire russe : c’est la continuité d’un régime de terreur et d’oppression. Dans les deux cas, le pouvoir russe terrorise les peuples voisins et sa propre population.


Oui, dit Lucien l’âne, c’est toujours ainsi avec les empires ; ils y sont contraints pour se maintenir jusqu’au moment où ils s’effondrent et disparaissent bel et bien. Certains laissent des ruines, mais pas toujours. Ce sont des épisodes de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux plus faibles afin de se maintenir au pouvoir et de continuer à accroître leur domination et à jouir de leurs privilèges.


Et puis, Lucien l’âne mon ami, parfois, les esclaves se rebellent comme l’ont fait les marins russes à Odessa en 1905. peut-être leurs lointains successeurs de la flotte de la Mer Noire reprendront-ils le flambeau pour imposer au pouvoir la paix et l’amèneront à sa dissolution.


Oh, dit Lucien l’âne, n’est-ce pas ce qui s’est passé, il y a une trentaine d’années ? Il faut l’espérer. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde impérial, brutal, barbare, idiot et cacochyme.



Heureusement,


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.








Je ne veux pas de chaînes,

Je ne veux pas de couronne.

L’esclavage est horrible et désespéré,

Même quand c’est de la sainteté.


Je n’ai pas peur des riches,

Devant Dieu, je ne me prosterne pas.

Mon cœur est mon esclave et mon guide,

Ma volonté aussi dirige mes pas.


Qu’il lance ses anathèmes, l’ennemi frivole,

Et qu’il aiguise son épée molle -

Sombrer dans l’abîme sombre,

C’est tout ce que mon futur lui offre.


Je tresse mes fils ensoleillés de lumière,

De mes idéaux, je tisse ma bannière

Et de tous ceux qui mettent leur vie en jeu,

Seuls emportent le prix, les audacieux.

lundi 21 mars 2022

MAMAN ODESSA

 


MAMAN ODESSA


Version française – MAMAN ODESSA – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la Traduction italienne – Mamma Odessa Arsène Lupin Riccardo Venturi, 16-3-2022
d’une chanson yiddish – Adesa mameHerman Yablokof1930 ca.

Texte : Herman Yablokof

Musique : Zusman Segalovitch (זוסמאן סעגאלאוויטש – Зусман Сегалович – Zusman Segałowicz, 1884-1949)






TOITS D'ODESSA

Ossip Lubitch - ca.1930


Voici une chanson du même nom que d’autres « Mama Odessa, Adesa Mame ». Le texte original en yiddish est du même auteur que le célèbre Papirosn / פּאַפּיראָסן, Herman Yablokof, une figure marquante du théâtre yiddish du XXᵉ siècle, ainsi qu’un acteur, un chanteur et un poète. Le catalogue Freedman ne mentionne pas le compositeur, mais nous avons supposé que l’auteur est le seul interprète accrédité. Le même catalogue nous donne une indication du thème ou plutôt des thèmes de la chanson : l’alcool, la pauvreté, la Moldavanka, le quartier historique et marginalisé d’Odessa.


Quant à la langue, il doit s’agir d’une variante yiddish vraisemblablement imprégnée d’apports ukrainiens prépondérants ; en effet, les traducteurs automatiques abandonnent sans rendre un seul mot. Comme par hasard, ce site est tenu par un traducteur, le seul à avoir des rossignols spéciaux, capables de s’attaquer à ce coffre-fort hermétique, un certain Riccardo Venturi, à qui nous passons le relais.


[Riccardo Gullotta]



Riccardo Gullotta dit que je suis le seul à avoir un rossignol, mais cette fois, pour forcer ce coffre, plus qu’un rossignol, il fallait Arsène Lupin.


Bien qu’en matière d’habillement, je sois un parfait désastre (polaire du marché aux puces, chemise de bûcheron et veste graisseuse), pour une fois, j’ai volontiers endossé les vêtements élégants du Gentleman Cambrioleur ; mais même Arsène Lupin ne pouvait rien faire sans son fidèle Grognard. Dans ce cas-ci, le fidèle Grognard s’est avéré être Arye, qui a posté cette vidéo sur le Tube universel, contenant une mine d’informations : non seulement une iconographie précieuse, mais aussi le nom du compositeur (Zusman Segalovitch ; on l’appelait en effet “Süssman”, « homme doux », comme le Juif Süss dans le nauséeux film de propagande nazi), les données d’enregistrement (Melodie 1054 B 1947) et, surtout, les paroles de la chanson dans une forme translittérée un peu plus exacte que les autres disponibles sur le net, et contenant aussi le couplet en russe (également translittéré).

En somme, le fidèle Grognard/Arye ne s’est pas contenté de me fournir un simple rossignol : il m’a carrément donné les clés. En bon Arsène Lupin, je me suis occupé de peaufiner le travail, en écoutant plusieurs fois la chanson et en la transcrivant correctement (en rétablissant même le cyrillique du couplet russe). À partir de là, voler (= traduire) a été très facile.


Cette fois, cependant, le vol a eu lieu sans la complicité de YIVO -
Yidisher Visnshaftlekher Institut ; en yiddish : ייִדישער װיסנשאַפֿטלעכער אינסטיטוט, ou Institut scientifique juif. Autrement dit : le texte de la chanson est en yiddish de cette région qui, à l’intérieur de la subdivision dialectale compliquée que cette langue malheureuse avait en Europe de l’Est (il faut, bien sûr, parler au passé), appartenait – grosso modo – à ce territoire où presque tous les “u” se prononçaient “i”, et presque tous les “o” se prononçaient “u”. En restituant le texte en caractères hébraïques, je n’ai pas eu envie de normaliser cette fois-ci, et j’ai transcrit selon la prononciation. Il existe également d’autres particularités par rapport au yiddish standardisé, que j’ai respectées à la lettre (certaines d’entre elles se trouvent dans les notes).


Pour conclure, une petite spécification. Le texte de la chanson contient la quantité normale de mots hébreux, mais il n’y a pas de mots “ukrainiens”. Les emprunts au yiddish d’Odessa proviennent tous du russe, car à Odessa, je le répète au risque d’être politiquement incorrect, l’ukrainien n’a jamais été parlé, comme dans une grande partie du reste de l’Ukraine orientale. Ce n’est pas un hasard si, même dans cette chanson, l’auteur a inclus un couplet en bon russe ; et russes sont tous les emprunts dans le yiddish local. Odessa était et est toujours une ville russophone, point final. C’est un fait que des dizaines de langues différentes y ont été parlées, même l’italien, et de manière non négligeable. La moitié d’Odessa (y compris le célèbre escalier Potëmkin) a été construite par un architecte sarde d’Orosei, Francesco Carlo Boffo, qui est mort à Kherson (une ville d’importance tragique) en 1867, en se faisant appeler Franc Karlovič Boffo. On dit que, pendant une certaine période, les noms des rues d’Odessa étaient également affichés en italien.


Cela dit, voici la traduction. Et maintenant je vais enlever mes vêtements d’Arsène Lupin et mettre mon sweat à capuche noir. [RV]





Oh, comme tu étais quand il y avait de l’argent,

Alors, la vie était un doux sucre…

Oh, comme te voilà à présent qu’il n’y a plus d’argent,

La vie est devenue une merdre.


Il y avait tellement de frères odessins,

Oh, on mangeait et on buvait du vin,

Mais on ne se soûlait pas à rouler à terre,

Lors, la vie était un doux sucre.


"…
Aujourd’hui, bon frère, aujourd’hui, nous sommes des seigneurs… »


Les enfants
aux chaussures trouées allaient pieds nus,

La Moldavanka n’est plus ce qu’elle était…

Oh, le Valkele est sec, comme lui il n’y en a plus,

De Bessarabi, il ne se verra plus jamais.


Tout est fermé dans la rue Deribasovskaya,

Elle n’a plus d’âme, ni de cette splendeur,

Et j’ai des aigreurs

Chaque fois que je vois Odessa.


Chère Odessa, ma mère, qu’en est-il devenu de toi ?

Mon petit-frère adoré, dis-le-moi.

Dans les boutiques, on ne boit plus le thé, ni le kvas avec un beignet,

On ne comprend pas où tout a disparu, où tout disparaît ?


Tout est fermé dans la rue Deribasovskaya,

Elle n’a plus d’âme, ni de cette splendeur,

Et j’ai des aigreurs

Chaque fois que je vois Odessa.