RITOURNELLE MACABRE
Version
française – RITOURNELLE MACABRE – Marco Valdo M.I. – 2018
« La
semaine passée, j’ai écrit ces vers, nés sous
la forme d’une
comptine macabre. On
écrit
et on rit même à
propos de
ce qui effraye, justement
parce que
ça effraye
et fait
souffrir. Il
y a de nombreuses
années
que je ne partage pas les textes destinés à ne pas être mis
en musique.
Je n’en écris plus beaucoup comme il
fut un
temps, mais de temps en temps, quelque chose sort. Celle-ci, je la
partage avec vous… et aujourd’hui, j’ai découvert que le site
Chansons Contre la Guerre, la
magnifie créature de l’ami Riccardo Venturi, l’a insérée
dans son répertoire.
Vous
pouvez la
lire
ici
.
[Rocco
Rosignoli]
Je
tiens évidemment à spécifier que ce site n’est pas, ou tout au
moins, il n’est pas seulement, « ma créature » ;
ma créature, s’il devait en avoir une, ce serait le « pré-site »,
avec le recueil primitif de février-mars 2003 (encore présent en
réseau, par exemple sur le site du maintenant célèbre météorologue
télévisé Filippo Thiery). Et même celle-là n’est pas
entièrement « ma créature », naturellement. Lorsque
Lorenzo Masetti construisit la toute première version de ce site, en
me fournissant d’autre part rapidement un mot de passe
d’administrateur, j’ai été « absent » pour an et
demi, exactement jusqu’au 26 septembre 2004. Évidemment tous mes
remerciements à Rocco Rosignoli, mais il ne me plaît pas de
m’attribuer la paternité du site, que je n’ai pas.
Éventuellement, je peux être maintenant considéré une espèce
d’« ancêtre ». Tout ceci, de toute façon, pour
introduire un peu le fait qui dans quelques jours, le 20 mars, le
site aura 15 ans. Je crois que, tout compte fait, pour un site
internetien, c’est un bel âge, de sites de quinze ans encore sur
le réseau je ne crois pas qu’il y en ait beaucoup. Et qui en outre
refusent catégoriquement l’« embrassade mortelle » de
l’ordure « sociale ». Paternité ou non, il est aussi
vrai que c’est une chose que je ressens comme beaucoup « mienne »,
mais exclusivement en raison de ma foutue envie de transmettre et
recevoir savoir, histoire et culture, sans aucune arrière-pensée et
sans aucun gain. Et ensemble avec toutes et tous les autres, chacun
le sien. Je m’apprêtais à dire même « transmettre et
recevoir mémoire », mais ces temps-ci, je la vois bien sombre
sous cet aspect. De toute façon, merci à Rocco et à tous ; et
ici, c’est bien « votre humble serviteur »
Dialogue
maïeutique
Salut
à toi, Lucien l’âne aux sabots d’ébène, je voudrais te parler
de deux choses totalement différentes: de la chanson elle-même et
du commentaire introductif que j’ai repris ici sous la forme d’un
dialogue fictif ente l’auteur Rocco Rosignoli et le tenancier du
site, Riccardo Venturi.
Oh,
Marco Valdo M.I. mon ami, ça me va et je suis très intéressé de
savoir ce que tu pourras en dire.
D’abord,
Lucien l’âne mon ami, il te faudra parcourir l’échange de vues
entre ces deux personnages essentiels.
Je
le fais à l’instant, dit Lucien l’âne, d’autant plus que pour
une fois, ce sont d’autres qui sont les protagonistes d’un
dialogue.
Donc,
Lucien l’âne mon ami, à présent que tu as pris connaissance de
leurs propos, je peux te délivrer quelques réflexions à ce sujet –
le site des Chansons contre la Guerre lui-même, sur lequel j’ai
attiré ton attention. Je l’ai fait, car les quelques phrases de
Riccardo Venturi apportent un bel éclairage sur les débuts des
Chansons contre la Guerre et sur certaines surprises que cette
aventure a réservées à ses initiateurs. On y apprend que ce site a
maintenant 15 ans, ce qui, en effet, comme le fait remarquer Riccardo
Venturi, correspond dans le champ d’Internet quasiment à une ère
géologique. Ce qui fait que Riccardo Venturi et Lorenzo Masetti
doivent être considérés comme des sortes de dinosaures ou des
Cro-Magnons de l’ère électronique et probablement, Daniela et
Adriana, comme d’aimables sorcières (streguzze) de ces temps
lointains, qu’elles ont sans doute ensorcelés. On me démentira ou
on complétera mon information, s’il y a lieu.
On
y apprend aussi dans ce dialogue introductif que le site a failli
cesser d’exister après 600 chansons et je rappelle qu’on est
actuellement, à près de cent fois plus, tout compris (chansons,
traductions et commentaires). Comment le houhebemestre Masetti
arrive-t-il à dompter cet animal ? J’en
suis encore à me le demander après tant et tant d’années.
Tout
cela fait de ce site une chose bien vénérable, dit Lucien l’âne
en riant sous sa crinière. Mais dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami,
quelques mots de la chanson.
Là,
Lucien l’âne mon ami, les choses sont plus simples. C’est une
« filastrocca », qui est la forme italienne de ce qu’on
appelle en français une comptine. Je l’ai déjà dit, mais ce
travail étant infini, comme disait Léonard de Vinci : « et
je crois qu’avant d’être à la fin de celui-ci, j’aurai à
répéter plusieurs fois la même chose ; ainsi, ô lecteur, ne
me blâme point, car les sujets sont multiples et la mémoire ne
saurait les retenir ni dire : « Je n’écrirai pas ceci,
parce que je l’ai déjà écrit ». Et si je ne voulais pas
tomber dans cette erreur, il serait nécessaire pour éviter les
répétitions, que chaque fois que je désire transcrire un passage,
je relise tout le fragment qui l’a précédé, d’autant plus que
de longues périodes de temps se sont écoulées entre les moments où
j’ai écrit ». Revenons à la « filastrocca » et
disons que c’est une sorte de fourre-tout, d’assemblage,
d’énumération hétéroclite autour d’une idée ; ici, la
mort, une grande dame qui a de la patience. Généralement, on décèle
une certaine logique dans la comptine. Ici, toute la parade se fait
autour de la mort pour en bonne logique évidemment finir au
cimetière, sous la restriction de disposer du corps du défunt.
L’absence du corps pose d’énormes problèmes, surtout quand il
s’agit d’affaires judiciaires, ainsi qu’en témoigne la
disparition des corps du marchand d’antiquités et de celui
d’Arthur, qu’évoquait Boris Vian, dans une chanson qui, sauf
erreur, manque dans les Chansons contre la Guerre.
Bof,
dit Lucien l’âne, on l’y mettra bien un jour cette chanson assez
macabre elle aussi.
De
fait, reprend Marco Valdo M.I. ; et je voulais justement
profiter de cette comptine macabre pour souligner qu’elle montre un
rapport à la mort assez tranquille, quasiment épicurien et même,
nettement athée et areligieux, ce qui ne saurait que nous réjouir.
À lire cette comptine, on découvre au-delà d’une belle chanson,
une excellente leçon de philosophie qu’on peut résumer ainsi :
« La mort, la belle affaire ! On a à peine le temps de
s’en rendre compte que c’est déjà fini. Bref, il n’y a pas de
quoi fouetter un chat.
Oh,
dit Lucien l’âne, il ne faut jamais fouetter un chat. Ça
fâcherait Tonton Georges, qui disait :
« S’il
fouette mes chats, il y a un fantôme qui viendra le persécuter ».
À
mon avis, ça fâcherait aussi Riccardo Venturi. De plus, insiste
Marco Valdo M.I., c’est aussi tiré d’une chanson qui n’est pas
encore dans les Chansons contre la Guerre. Mais ces absences seront
un jour comblées, c’est juste une question de temps et comme on
l’a vu, dans ce site, le temps est sans limites connues. Cependant,
je voudrais faire une suggestion qui serait de créer un « parcours »
autour de ce sujet fondamental qu’est la Mort. Dans un site contre
la Guerre, elle mérite bien une place d’honneur et une attention
particulière. Reste à trouver le temps de s’en occuper.
Ce
serait une bonne idée, conclut Lucien l’âne sentencieusement. En
attendant, à propos de mort, tissons le linceul de ce vieux monde
sinistre, croyant, idiot et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
On
meurt dans les trains, on meurt sur la route,
Ou on reste chez soi en attendant qu’elle arrive.
On meurt sous les bombes, on meurt dans le golfe,
On meurt de la main de quelqu’un qui adule Adolf,
On meurt de la main de quelqu’un qui exalte Benito,
On meurt d’amour pour celui qui nous a trahis.
Ou on reste chez soi en attendant qu’elle arrive.
On meurt sous les bombes, on meurt dans le golfe,
On meurt de la main de quelqu’un qui adule Adolf,
On meurt de la main de quelqu’un qui exalte Benito,
On meurt d’amour pour celui qui nous a trahis.
On
meurt de culpabilité et de honte,
Enfouis dans silence ou montrés du doigt.
On meurt en tombant de hauts échafaudages,
La vie ne vaut pas une poignée de lois,
On meurt dans le ciel et on meurt en mer,
En nageant et en pensant à celui qui te le fait faire.
Enfouis dans silence ou montrés du doigt.
On meurt en tombant de hauts échafaudages,
La vie ne vaut pas une poignée de lois,
On meurt dans le ciel et on meurt en mer,
En nageant et en pensant à celui qui te le fait faire.
On
meurt tous, et quand on meurt
Pour déclarer qu’on est mort, il faut un docteur.
On meurt de la main des serviteurs du Christ
(Tout le monde parle de lui et personne ne l’a jamais vu),
On meurt pour rire et on meurt vraiment.
Quand on trouve le corps, on le mène au cimetière.
Pour déclarer qu’on est mort, il faut un docteur.
On meurt de la main des serviteurs du Christ
(Tout le monde parle de lui et personne ne l’a jamais vu),
On meurt pour rire et on meurt vraiment.
Quand on trouve le corps, on le mène au cimetière.