vendredi 9 mars 2018

RITOURNELLE MACABRE


RITOURNELLE MACABRE

Version française – RITOURNELLE MACABRE – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – Filastrocca macabra – Rocco Rosignoli – 2018







« La semaine passée, j’ai écrit ces vers, nés sous la forme d’une comptine macabre. On écrit et on rit même à propos de ce qui effraye, justement parce que ça effraye et fait souffrir. Il y a de nombreuses années que je ne partage pas les textes destinés à ne pas être mis en musique. Je n’en écris plus beaucoup comme il fut un temps, mais de temps en temps, quelque chose sort. Celle-ci, je la partage avec vous… et aujourd’hui, j’ai découvert que le site Chansons Contre la Guerre, la magnifie créature de l’ami Riccardo Venturi, l’a insérée dans son répertoire. Vous pouvez la lire ici . [Rocco Rosignoli]

Je tiens évidemment à spécifier que ce site n’est pas, ou tout au moins, il n’est pas seulement, « ma créature » ; ma créature, s’il devait en avoir une, ce serait le « pré-site », avec le recueil primitif de février-mars 2003 (encore présent en réseau, par exemple sur le site du maintenant célèbre météorologue télévisé Filippo Thiery). Et même celle-là n’est pas entièrement « ma créature », naturellement. Lorsque Lorenzo Masetti construisit la toute première version de ce site, en me fournissant d’autre part rapidement un mot de passe d’administrateur, j’ai été « absent » pour an et demi, exactement jusqu’au 26 septembre 2004. Évidemment tous mes remerciements à Rocco Rosignoli, mais il ne me plaît pas de m’attribuer la paternité du site, que je n’ai pas. Éventuellement, je peux être maintenant considéré une espèce d’« ancêtre ». Tout ceci, de toute façon, pour introduire un peu le fait qui dans quelques jours, le 20 mars, le site aura 15 ans. Je crois que, tout compte fait, pour un site internetien, c’est un bel âge, de sites de quinze ans encore sur le réseau je ne crois pas qu’il y en ait beaucoup. Et qui en outre refusent catégoriquement l’« embrassade mortelle » de l’ordure « sociale ». Paternité ou non, il est aussi vrai que c’est une chose que je ressens comme beaucoup « mienne », mais exclusivement en raison de ma foutue envie de transmettre et recevoir savoir, histoire et culture, sans aucune arrière-pensée et sans aucun gain. Et ensemble avec toutes et tous les autres, chacun le sien. Je m’apprêtais à dire même « transmettre et recevoir mémoire », mais ces temps-ci, je la vois bien sombre sous cet aspect. De toute façon, merci à Rocco et à tous ; et ici, c’est bien « votre humble serviteur »

Riccardo Venturi – 9/3/2018 – 10:41


Dialogue maïeutique


Salut à toi, Lucien l’âne aux sabots d’ébène, je voudrais te parler de deux choses totalement différentes: de la chanson elle-même et du commentaire introductif que j’ai repris ici sous la forme d’un dialogue fictif ente l’auteur Rocco Rosignoli et le tenancier du site, Riccardo Venturi.

Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, ça me va et je suis très intéressé de savoir ce que tu pourras en dire.

D’abord, Lucien l’âne mon ami, il te faudra parcourir l’échange de vues entre ces deux personnages essentiels.

Je le fais à l’instant, dit Lucien l’âne, d’autant plus que pour une fois, ce sont d’autres qui sont les protagonistes d’un dialogue.

Donc, Lucien l’âne mon ami, à présent que tu as pris connaissance de leurs propos, je peux te délivrer quelques réflexions à ce sujet – le site des Chansons contre la Guerre lui-même, sur lequel j’ai attiré ton attention. Je l’ai fait, car les quelques phrases de Riccardo Venturi apportent un bel éclairage sur les débuts des Chansons contre la Guerre et sur certaines surprises que cette aventure a réservées à ses initiateurs. On y apprend que ce site a maintenant 15 ans, ce qui, en effet, comme le fait remarquer Riccardo Venturi, correspond dans le champ d’Internet quasiment à une ère géologique. Ce qui fait que Riccardo Venturi et Lorenzo Masetti doivent être considérés comme des sortes de dinosaures ou des Cro-Magnons de l’ère électronique et probablement, Daniela et Adriana, comme d’aimables sorcières (streguzze) de ces temps lointains, qu’elles ont sans doute ensorcelés. On me démentira ou on complétera mon information, s’il y a lieu.
On y apprend aussi dans ce dialogue introductif que le site a failli cesser d’exister après 600 chansons et je rappelle qu’on est actuellement, à près de cent fois plus, tout compris (chansons, traductions et commentaires). Comment le houhebemestre Masetti arrive-t-il à dompter cet animal ? J’en suis encore à me le demander après tant et tant d’années.

Tout cela fait de ce site une chose bien vénérable, dit Lucien l’âne en riant sous sa crinière. Mais dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, quelques mots de la chanson.

Là, Lucien l’âne mon ami, les choses sont plus simples. C’est une « filastrocca », qui est la forme italienne de ce qu’on appelle en français une comptine. Je l’ai déjà dit, mais ce travail étant infini, comme disait Léonard de Vinci : « et je crois qu’avant d’être à la fin de celui-ci, j’aurai à répéter plusieurs fois la même chose ; ainsi, ô lecteur, ne me blâme point, car les sujets sont multiples et la mémoire ne saurait les retenir ni dire : « Je n’écrirai pas ceci, parce que je l’ai déjà écrit ». Et si je ne voulais pas tomber dans cette erreur, il serait nécessaire pour éviter les répétitions, que chaque fois que je désire transcrire un passage, je relise tout le fragment qui l’a précédé, d’autant plus que de longues périodes de temps se sont écoulées entre les moments où j’ai écrit ». Revenons à la « filastrocca » et disons que c’est une sorte de fourre-tout, d’assemblage, d’énumération hétéroclite autour d’une idée ; ici, la mort, une grande dame qui a de la patience. Généralement, on décèle une certaine logique dans la comptine. Ici, toute la parade se fait autour de la mort pour en bonne logique évidemment finir au cimetière, sous la restriction de disposer du corps du défunt. L’absence du corps pose d’énormes problèmes, surtout quand il s’agit d’affaires judiciaires, ainsi qu’en témoigne la disparition des corps du marchand d’antiquités et de celui d’Arthur, qu’évoquait Boris Vian, dans une chanson qui, sauf erreur, manque dans les Chansons contre la Guerre.

Bof, dit Lucien l’âne, on l’y mettra bien un jour cette chanson assez macabre elle aussi.

De fait, reprend Marco Valdo M.I. ; et je voulais justement profiter de cette comptine macabre pour souligner qu’elle montre un rapport à la mort assez tranquille, quasiment épicurien et même, nettement athée et areligieux, ce qui ne saurait que nous réjouir. À lire cette comptine, on découvre au-delà d’une belle chanson, une excellente leçon de philosophie qu’on peut résumer ainsi : « La mort, la belle affaire ! On a à peine le temps de s’en rendre compte que c’est déjà fini. Bref, il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

Oh, dit Lucien l’âne, il ne faut jamais fouetter un chat. Ça fâcherait Tonton Georges, qui disait :
« S’il fouette mes chats, il y a un fantôme qui viendra le persécuter ».

À mon avis, ça fâcherait aussi Riccardo Venturi. De plus, insiste Marco Valdo M.I., c’est aussi tiré d’une chanson qui n’est pas encore dans les Chansons contre la Guerre. Mais ces absences seront un jour comblées, c’est juste une question de temps et comme on l’a vu, dans ce site, le temps est sans limites connues. Cependant, je voudrais faire une suggestion qui serait de créer un « parcours » autour de ce sujet fondamental qu’est la Mort. Dans un site contre la Guerre, elle mérite bien une place d’honneur et une attention particulière. Reste à trouver le temps de s’en occuper.

Ce serait une bonne idée, conclut Lucien l’âne sentencieusement. En attendant, à propos de mort, tissons le linceul de ce vieux monde sinistre, croyant, idiot et cacochyme.

Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On meurt dans les trains, on meurt sur la route,
Ou on reste chez soi en attendant qu’elle arrive.
On meurt sous les bombes, on meurt dans le golfe,
On meurt de la main de quelqu’un qui adule Adolf,
On meurt de la main de quelqu’un qui exalte Benito,
On meurt d’amour pour celui qui nous a trahis.

On meurt de culpabilité et de honte,
Enfouis dans silence ou montrés du doigt.
On meurt en tombant de hauts échafaudages,
La vie ne vaut pas une poignée de lois,
On meurt dans le ciel et on meurt en mer,
En nageant et en pensant à celui qui te le fait faire.

On meurt tous, et quand on meurt
Pour déclarer qu’on est mort, il faut un docteur.
On meurt de la main des serviteurs du Christ
(Tout le monde parle de lui et personne ne l’a jamais vu),
On meurt pour rire et on meurt vraiment.
Quand on trouve le corps, on le mène au cimetière.