mardi 10 août 2021

CHANSON DE MORT JUIVE ou LES DIX FRÈRES

 

CHANSON DE MORT JUIVE

ou LES DIX FRÈRES


Version française – CHANSON DE MORT JUIVE ou LES DIX FRÈRES – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson de langue allemande (Yiddish) – Jüdischer Todessang, oder Zehn BrüderAleksander Kulisiewicz – 1942


[1942]
Texte : Rosebery D’Arguto (Martin Rozenberg)
Musique : From a Yiddish Folksong (“Tsen Brider”)
Da una canzone popolare yiddish (“Tsen Brider”)


Aleksander Kulisiewicz : Songs From The Depths Of Hell
Folkways Records Album N° FSS 37700 (1979)
PDF Booklet Available
Annotated by Peter Wortsman

La couverture de l’album, inspirée de cette chanson, est de Gertrude Degenhardt, femme de Franz-Josef Degenhardt.

CHANT DE MORT

Félix Nussbaum – 1944


Aleksander Kulisiewicz (1918-1982) était étudiant en droit dans la Pologne occupée par l’Allemagne lorsque, en octobre 1939, il a été dénoncé pour des écrits antifascistes, arrêté par la Gestapo, et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Chanteur et auteur-compositeur amateur, Kulisiewicz a composé 54 chansons pendant près de six ans d’emprisonnement à Sachsenhausen. Après la libération, il se souvint de ses chansons, ainsi que de celles apprises de ses compagnons de prison, dictant des centaines de pages de texte à son infirmière d’assistance dans une infirmerie polonaise.




En septembre 1939, le compositeur et chef de chœur juif de Berlin, Rosebery D’Arguto (né Martin Rozenberg) fut envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen (juste au nord de Berlin). En 1940, il organise clandestinement un chœur de camp à quatre voix, composé de 25 à 30 prisonniers. Quand en 1942, les Juifs de Sachsenhausen découvrirent qu’ils seraient bientôt “transférés” à Auschwitz-Birkenau, D’Arguto composa son terrible « Chant de la Mort juive », sur la musique d’un vieux chant folklorique yiddish, « Dix Frères ». Il a intentionnellement écrit les paroles en allemand pour que les autres prisonniers puissent comprendre l’accusation portée par sa chanson. Fin octobre 1942, 454 prisonniers juifs, dont D’Arguto et tout son chœur, furent envoyés à Auschwitz-Birkenau. Le compositeur a été tué en 1943.



Bom bom bom bom…bom bom bom bom

Bom bom bom bom…bom bom…bom bom

Li-lay, li-lay…li-lay

La-la-la-la-la-la-la

Li-lay, li-lay…li-lay

Bom bom bom bom bom…bom bom bom bom

Bom bom bom bom…bom bom…bom bom


Dix frères, nous étions

Avec le vin, nous trinquions

L’un d’entre nous est mort,

Nous sommes neuf encore.

Aie, aie, aie !


Judas au violon,

Moïse à la basse,

Chantez-moi une petite chanson,

Nous devons aller au ga-a-s !

Judas au violon,

Moïse à la basse,

Chantez-moi une petite chanson,

Nous devons aller au ga-a-s !

Au gaz,

Au Gaaazz !


Bom bom bom bom…bom bom bom bom

Bom bom bom bom…bom bom…bom bom

Li-lay, li-lay…li-lay

La-la-la-la-la-la-la

Li-lay, li-lay…li-lay

Bom bom bom bom bom…bom bom bom bom

Bom bom bom bom…bom bom…bom bom


Le seul frère je suis resté,

Avec qui pleurer ?

Les autres sont tués !

Les neuf, imaginez ?


Judas au violon,

Moïse à la basse,

Écoutez ma dernière petite chanson,

Moi aussi, je dois aller au ga-a-s !

Judas au violon,

Moïse à la basse,

Écoutez ma dernière petite chanson,


Nous étions dix frères,

Nous n’avons commis aucun crime,

Aucun crime.


Li-lay, li-lay…li-lay

La-la-la-la-la-la-la

Li-lay, li-lay…li-lay