La
Source
Chanson
française – Isabelle Aubret – 1968
Interprète :
Isabelle
Aubret
Auteurs :
Henry Djian – Guy Bonnet
La
Source, Lucien l’âne mon ami, est certainement une des plus belles
chansons du répertoire de langue française, une source sourçant
tout droit d’une légende répercutée par un film suédois ;
intitulé en français : La Source. Cependant, pour la
commenter, il eût mieux valu une fille ou une femme ou une ânesse,
bref, un être du genre féminin, car, vois-tu, Lucien l’âne mon
ami, nous autres, avec nos sabots – mes gros et tes petits – nous
sommes trop sujets à certaine pesanteur et nous manquons, je tel dis
en vérité, un peu de légèreté. Notre habitude est grande de
mettre les pieds dans le plat et je vais m’empresser de le faire à
l’instant.
M’est
avis, Marco Valdo M.I., que tu tournes autour du pot ou comme on dit
chez nous, tu touilles. Alors, viens-en au fait et à la canzone.
C’est
une chanson qui sous des dehors de conte, de légende ou de comptine,
raconte une histoire terrible : une histoire de viol et de
meurtre. Une histoire qui créant par là même une source et comme
tu le sais, les sources sont éternelles – relativement autant que
la terre d’où elles surgissent et cette source est la dénonciation
de ce viol-assassinat collectif aussi longtemps que la source
coulera. Mais, bien évidemment, tu t’en doutes, elle ne dénonce
pas seulement ce fait crapuleux particulier, mais elle dénonce
toutes les violences que les hommes – seul ou en bande – font aux
femmes. En cela, elle est une chanson aussi éternelle que la source
qu’elle a engendrée.
Oh,
Marco Valdo M.I. mon ami, quelle bonne idée, tu as eue d’aller
rechercher cette chanson au fin fond de ta mémoire et de nous la
restituer. D’autant meilleure qu’il ne sera jamais dénoncé
assez ce foutu penchant masculin, brutal et stupide, de s’en
prendre aux femmes. Moi qui suis d’une autre espèce d’homme, de
celle qui s’efforce d’atteindre à l’humanité morale et juste,
qui ait le plus grand et le plus délicat sentiment de la liberté de
l’autre – quel que soit son sexe, je peux assurer que l’homme
ne deviendra jamais humain, l’homme n’atteindra à sa propre
humanité que du jour où il aura banni cette violence stupide de son
comportement quotidien, de ses actes de tous les jours. Cela suppose
un effort constant de maîtrise de soi, de remise en cause de ses
propres gestes, du fondement de sa personnalité. La chose n’est
pas simple : elle demande du courage et de la persévérance ;
elle demande aussi de rejeter certaines injonctions religieuses ou
sociales. Il s’agit d’être une être humain et de ne plus se
soumettre à des ukases prophétiques ou divins.
J’entends
bien tout cela, Lucien l’âne mon ami, et je pense que tu as
raison. Simplement, j’ajouterai qu’il faut aussi prendre en
compte tout ce que cette sale habitude des hommes de vouloir dominer
les femmes est probablement une des racines les plus solides de la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants (ici, les
hommes qui se croient tels) font aux pauvres (ici, les femmes que les
« mâles » croient telles) afin d’imposer leur
domination, de satisfaire leur boulimie, de maintenir l’atmosphère
de peur et de terreur et de prolonger et de renforcer leur régime
d’exploitation (ici de la femme). Et cette sale habitude est
installée dans leur comportement dès l’enfance et renforcée par
la religion qui est franchement misogyne.
En
effet, Marco Valdo M.I., partout où je suis passé, ce que tu
rapportes était exact. Mais alors, si cela est exact, pour extirper
ce mal, il faut s’y prendre dès l’enfance et en corollaire, il
faut empêcher les religions de nuire aux enfants, tout comme il faut
empêcher les religieux d’avoir accès à l’enfance et à son
intimité. Ce serait là de premières mesures prophylactiques. Quant
à nous, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde violeur, violent, avide, boulimique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Elle
chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Elle était blonde, elle était douce,
Elle aimait à se reposer
Dans le bois couchée sur la mousse,
Écoutant les oiseaux chanter.
Un jour qu’elle allait à la ville,
Par le bois où elle passait,
Elle vit soudain, immobiles,
Trois hommes qui la regardaient
Trois hommes qui la regardaient
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Ils étaient là trois à l’attendre,
Trois hommes loups, cette brebis,
Elle avait la chair bien trop tendre,
Ils avaient bien trop d’appétit.
Elle ne savait pas défendre
Le souffle léger de sa vie ;
Elle tomba sur l’herbe tendre
Comme un oiseau tombe du nid,
Comme un oiseau tombe du nid.
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Quand on l’a soulevée de terre
Comme une grande fleur coupée,
Sa robe blanche et la lumière,
On aurait dit une mariée ;
Quand on l’a soulevée de terre
On aurait dit comme un grand lit
Entre les feuilles, entre les pierres,
Une claire source a jailli,
Une claire source a jailli.
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Elle était blonde, elle était douce,
Elle aimait à se reposer
Dans le bois couchée sur la mousse,
Écoutant les oiseaux chanter.
Un jour qu’elle allait à la ville,
Par le bois où elle passait,
Elle vit soudain, immobiles,
Trois hommes qui la regardaient
Trois hommes qui la regardaient
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Ils étaient là trois à l’attendre,
Trois hommes loups, cette brebis,
Elle avait la chair bien trop tendre,
Ils avaient bien trop d’appétit.
Elle ne savait pas défendre
Le souffle léger de sa vie ;
Elle tomba sur l’herbe tendre
Comme un oiseau tombe du nid,
Comme un oiseau tombe du nid.
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.
Quand on l’a soulevée de terre
Comme une grande fleur coupée,
Sa robe blanche et la lumière,
On aurait dit une mariée ;
Quand on l’a soulevée de terre
On aurait dit comme un grand lit
Entre les feuilles, entre les pierres,
Une claire source a jailli,
Une claire source a jailli.
Elle chante au milieu du bois,
La Source et je me demande,
S’il faut croire à cette légende
D’une fille qu’on y trouva.