samedi 5 décembre 2020

TUEZ-MOI

TUEZ-MOI

Version française – TUEZ-MOI – Marco Valdo M.I. – 2020

d’après la version italienne – Ammazzami – de Riccardo Venturi

d’une

Chanson macédonienne – Убиj ме (Ubij me) – Bernays Propaganda – 2009



 

EXÉCUTION

Bob Thompson - 1962




New Wave / Post Punk de la Macédoine post-yougoslave. Un groupe vraiment remarquable. Nous promettons de chercher d’autres paroles. Tuez-moi / Je ne suis pas comme vous ! La haine de la différence comme base de toutes les guerres.

 Note : Les paroles de la chanson anglaise translittérée avec « x2 » peuvent être trouvées sur l’un des habituels « sites de paroles ». Ici, nous avons soigneusement restauré les paroles dans leur écriture cyrillique (au moins jusqu’à ce soir, la langue macédonienne était encore écrite en cyrillique), en fournissant une translittération légèrement moins anglicisante et également une traduction anglaise complète (en plus de la traduction italienne).


Le groupe Bernays Propaganda s’est formé à Skopje, en Macédoine, en 2007, une ville qui a vu naître de nombreux groupes intéressants ces derniers temps. Au chant, Kristina Gorovska, vedette glaciale et charismatique ; à la guitare électrique Vasko Atanasoski, ancien membre de Forever Positively Obsessed (FPO) ; à la basse, Nenad Trifunovski ; à la batterie, Dzano Kuc.


Ils portent le nom des travaux (Propaganda) d’Edward Bernays, l’un des premiers à mettre en relation la psychologie du subconscient et l’instrumentalisation de l’opinion publique. Ce n’est pas un hasard si l’un de ses textes les plus célèbres, datant de 1928, s’intitule Propagande. Le premier album des musiciens de Skopje s’intitule Happiness Machines et fait suite à une série de collaborations avec l’éclectique label slovène Moonlee Records, dont le catalogue comprend de brillants groupes tels que Repetitor et Bilk.


Dialogue Maïeutique


D’abord, Lucien l’âne mon ami, je voudrais attirer ton attention sur le nom du groupe, car il est en soi très intéressant, à condition de décrypter le message. Bernays Propaganda, qu’est-ce à dire ? En fait, il s’agit d’une référence directe à Edward Bernays et à son « œuvre », la théorisation et la mise en pratique de la propagande qu’il vaudrait mieux qualifier de machine à décerveler, comme l’aurait certainement fait Alfred Jarry, car la propagande, vue par Bernays, est principalement, je veux dire dans son principe-même, une machine à laver le cerveau et à manipuler l’être humain. Voir à ce sujet, histoire de te décrasser les méninges : Le Viol des foules par la propagande politique de Serge Tchakhotine, un ouvrage ancien, mais salutaire. Mais écoute bien, il faut ici comprendre la propagande sous toutes ses formes, dans tous ses états : propagande politique, propagande commerciale, mieux connue sous son nom aseptisé de publicité, propagande sociale dont l’euphémisme est « les relations publiques ». On y ajoutera pour compléter la panoplie de Bernays, le « lobbying » et la pratique souterraine des coups d’État.


Oh, dit Lucien l’âne, la propagande ainsi développée est à l’œuvre au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent à l’encontre des pauvres afin d’assurer leur domination, de garantir leur pouvoir, d’étendre leur influence, de multiplier leurs richesses, de reproduire leurs privilèges et encore bien d’autres objectifs tous aussi iniques. La propagande est l’arme la plus redoutable, car elle agit la plupart du temps masquée, maquillée à l’insu de ceux qu’elle séduit. En quelque sorte, elle mène la guerre sous l’apparence la plus pacifique, de façon éminemment clandestine. C’est le jésuitisme élevé en institution sociétale.


C’est bien de ça qu’il est question, dit Marco Valdo M.I., quand on parcourt l’« œuvre » de Bernays, son immense travail de sape, d’un demi-siècle, à l’encontre des gens et au profit de la machine à profits. Maintenant, pour ce qui est du choix de ce nom de « Bernays Propaganda » par le groupe musical macédonien, il ne peut être qu’une sorte de mise en garde ironique face au décervelage considéré comme un mode de domestication de la société, objectif de Bernays et toujours en usage chez ses successeurs.


Si c’est ça, dit Lucien l’âne, je tire mon chapeau à ce groupe macédonien. Mais la chanson, alors ?


Elle raconte tout simplement, répond Marco Valdo M.I., la situation d’un humain mis face à d’autres humains d’une autre couleur et l’horreur qui en résulte, quand la bêtise et la haine s’en mêlent et sans doute aussi, toujours sur le mode sarcastique, l’anticipation par la future victime du massacre annoncé.


Brrr, dit Lucien l’âne, ça me hérisse l’échine. C’est encore une fois, l’histoire de l’âne, ce pelé, ce galeux qu’on s’en va sacrifier à la cohésion de la foule, de la tribu, de la nation, de la race ou que sais-je encore, n’importe quoi. Ça me révulse jusqu’en dessous des sabots ; alors, tissons, tissons, le linceul de ce vieux monde manipulé, manipulateur, racial, idiot, barbare et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Pourquoi on naît et pourquoi on meurt,

Pourquoi on vit, on le sait.

Pourquoi on naît et pourquoi on meurt,


Pourquoi, on le sait.

Pourquoi on vit, on le sait.


Je ne suis pas comme vous,

Je n’ai pas la même couleur,

Votre haine est la vôtre, et votre volonté.

Je ne suis pas comme vous,

Je n’ai pas la même couleur,

Votre haine est la vôtre, et votre volonté.


Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Et pour ça, tuez-moi

Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.


Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Et pour ça, tuez-moi

Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.


Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Et pour ça, tuez-moi

Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.


Pourquoi on naît et pourquoi on meurt,

Pourquoi on vit, on le sait.

Pourquoi on naît et pourquoi on meurt,

Pourquoi on vit, on le sait.


Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Et pour ça, tuez-moi

Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.


Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Je ne suis pas comme vous,

Et pour ça, tuez-moi

Tuez-moi, tuez-moi, tuez-moi.