samedi 6 février 2021

NON, PAS EN MON NOM

 

NON, PAS EN MON NOM


Version française – NON, PAS EN MON NOM – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Non in mio nomeAltare Thotemico – 2020
Album : Selfie Ergo Sum (2020)



L’OUBLIÉ

Émile Betsellère – 1872



Dialogue maïeutique


Cette fois-ci, Lucien l’âne mon ami, c’est une chanson très récente, tout chaude encore de sa conception en Italie. Ce n’est pourtant pas une chanson liée à une actualité particulière ; elle le serait plutôt à une situation générale, répandue au travers du temps, au moins depuis qu’existe la Guerre de Cent Mille Ans et du monde, tant il est vrai que la guerre circule partout au travers de cette petite planète. Donc, c’est une chanson qui parle de la guerre de façon presque intemporelle.


Comment cela ?, demande Lucien l’âne.


C’est-à-dire, répond Marco Valdo M.I., qu’il y a une mise en scène, un scénario. Elle commence par l’arrivée des soldats, de soldats anonymes, venus d’on ne sait où, du début de n’importe quelle guerre, en quelque sorte, et puis, elle raconte leurs massacres et elle termine son exorde, sa première partie, par un événement inattendu : l’assassinat du général par un simple soldat de sa propre armée.


Ah, dit Lucien l’âne, il tue le général. Eh bien, il fait ce que recommande de faire L’Internationale. Je me souviens très bien de ce passage :


« Les rois nous saoulaient de fumées,
Paix entre nous, guerre aux tyrans !
Appliquons la grève aux armées,
Crosse en l’air, et rompons les rangs !
S’ils s’obstinent, ces cannibales
À faire de nous des héros,
Ils sauront bientôt que nos balles
Sont pour nos propres généraux. »


Au sujet de cet intéressant texte, je me demande si dans certains pays qui, ont, ont eu, avaient, l’Internationale comme hymne d’État, ou quasiment, ce passage est chanté par les chœurs officiels et lors des défilés militaires. En vérité, je suis persuadé que ce n’est pas le cas, mais sait-on jamais ? Ce qui est certain, c’est qu’il n’est pas question de l’appliquer. Mais revenons à la chanson, car tu ne m’en as même pas donné le titre.


En effet, reprend Marco Valdo M.I., je me demande comme toi, si… mais passons, c’est toujours le « faites ce que je dis », mais moi, je ne le fais pas. Donc, le titre de la chanson est dans la version (d’origine) italienne : « Non in mio nome » et dans ma version française : « Non, pas en mon nom ». J’ai choisi ce titre pour deux raisons. La première, car j’ai déjà donné une version française d’une (autre) chanson italienne qui porte le même titre : « Non in mio nome », celle de Casa del vento – c’était en 2009 ; je l’avais intitulée : « Pas en mon nom ». La deuxième raison est forte : je voulais garder et faire ressortir le mot « Non ! », dont l’importance n’échappera à personne. C’est le conseil – tout comme le fusil brisé – qu’entend diffuser la chanson.


Eh bien, dit Lucien l’âne, avant de conclure, je voudrais te conter une de mes remembrances et rappeler qu’il a existé dans notre région un mouvement créé et animé par les Jeunes Gardes Socialistes (JGS), que tu connais sans doute, un mouvement internationaliste, pacifiste, pacifique et tout et tout, dont le nom était « Le Fusil brisé ».


Oui, dit Marco Valdo M.I., je le connais fort bien et pour mieux s’informer, il suffit de se reporter à un petit mémoire qui l’évoque : « Le Fusil brisé… » (https://bibliolouve.files.wordpress.com/2012/06/fusil-brisc3a9.pdf), dont j’extrais cette conclusion assez contemporaine :


Le « Fusil brisé », une idéologie anachronique ?


Il faut dire que l’évolution des structures politiques belges, marquée par l’émergence des problèmes communautaires, et l’effondrement du « bloc » communiste depuis 1989 (chute du Mur de Berlin), avec la disparition de l’U.R.S.S., donnent l’impression, fausse, que le combat du « Fusil brisé » est aujourd’hui périmé… Et pourtant… la crise économique et sociale est de plus en plus dure, les exclus du système sont impitoyablement éliminés, les pouvoirs réels de décision sont devenus multinationaux, et obéissent à la loi du profit. Quant aux guerres, elles sont pluriethniques et déchirent surtout les régions les plus pauvres, celles où l’armement remplace la nourriture et détruit toute vie culturelle. L’extrémisme religieux, quelle que soit sa confession, s’avère de plus en plus terroriste et belliqueux, et les nationalismes sont de plus en plus agressifs, par exemple en Europe centrale et orientale. Peut-on dès lors affirmer que le rêve du « Fusil brisé » appartient à une idéologie anachronique ? »


De ce fusil brisé, on en trouve trace dans la chanson, laquelle se termine en reprenant obstinément son titre :


« Brisez vos fusils, ignorez le drapeau !

Dites simplement « Non, non,

Non, pas en mon nom ! »



Alors, dit Lucien l’âne, tissons le linceul de ce vieux monde guerrier, belliciste, exploiteur, fanatique et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Les soldats vont, marchent et ne pensent pas ;

Dès qu’ils arrivent, ils tirent.

Même s’il est cordonnier et a des enfants à nourrir,

L’ennemi est l’ennemi, c’est comme ça.

Ils chantent des chants tribaux dissonants :

« Nous sommes la main du Seigneur ! »,

Mais les enfants ne chantent pas en chœur,

Les enfants sont les enfants.

Des jambes volent dans les cieux indigo,

Jouets au phosphore et mines terrestres

C’est la fête !

Le bon soldat connaît bien les dommages collatéraux :

Sang et flammes sur la mer noire de pétrole.

Le général sortait d’une grande école

Et personne ne comprend pourquoi

Quand l’ordre de tirer, il donna,

Un simple soldat, un soldat

Sans nom, un soldat inconnu,

S’est retourné et lui a tiré dessus !


Brisez vos fusils, ignorez le drapeau !

Sans chaînes, sans patrie,

Et sans profit, il n’y a pas de conflit.

La bannière aux couleurs de la paix flotte haut !

Souvenez-vous, les gars, que ceux

Qui commandent sont peu nombreux et les soldats nombreux.

Dites simplement « Non, non,

Non, pas en mon nom ! »