vendredi 28 novembre 2014

LOUMBA

LOUMBA

Version française – LOUMBA – Marco Valdo M.I. – 2014
d'après la version italienne de Gian Piero Testa
d'une chanson en langue grecque – Λούμπα – Gian Piero Testa – 2012
Texte de Gian Piero Testa
Musi
que : inédite
Premier interprète: Le vent de la nuit



Il aimait les ânes et les chats ; nous, on l'aimait bien.




Riccardo Venturi nous fait part aujourd'hui de ce qui suit :

« Voici la plus triste nouvelle qu'on puisse donner, mais malheureusement nous devons le faire.
Gian Piero Testa, collaborateur historique de ce site et âme de la « Section Grecque », avec des dizaines de traductions magistrales, nous a laissé cette nuit suite à une très grave et très rapide maladie.
À celui qui l'a connu en personne restent pas un, mais dix mille souvenirs ; à celui qui ne l'a pas connu reste son œuvre dont ce site s'emploiera encore plus à la mettre en relief et à la valoriser comme elle mérite.
Que pour Gian Piero, tombé amoureux de la Grèce, de sa culture et de sa langue, résonne à juste titre le cri : ΑΘΑΝΑΤΟΣ ! »

Nous ne faisions pas partie de ceux qui ont connu Gian Piero Testa « en personne ». Mais on le connaissait bien par son œuvre, qu'on suivait de loin (géographiquement, s'entend ! - Il nous suivait aussi) et que parfois, on traduisait (à notre façon) en français. Lui aussi nous a traduit nos textes… Ce qu'on vient de faire une fois encore… In memoriam d'une amicale sympathie. Il aimait les ânes et les chats ; nous, on l'aimait bien.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Nos riches

Mangent comme des cochons
Mais le compte - c'est con -
Jamais ils ne le payent.

Ils interpellent le peuple
Et en riant, ils disent :
Surveille notre clôture.
Nous sommes une grande famille.
Ah, les grillades que nous avons mangées...
Mais peuple, vous êtes la majorité
Les os vous reviennent
Et aussi, bien sûr, la note.

BONJOUR, PATRON

BONJOUR, PATRON


Version française – BONJOUR, PATRON – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Buongiorno, signor padrone – anonimo – 1946-56


Maintenant vous êtes contents,
Vous faites tout avec le moteur !

Chant recueilli à Acquaviva, fraction de Montepulciano, en Valdichiana, en 1976.
L'informateur
était Sesto Marchetta, ex métayer, analphabète, 68 ans.



Dans la recherche
où il est question de l'affrontement entre patron et métayer, il y a d'autres textes de chants populaires toscans sur le thème des revendications des paysans et des métayers entre la fin du dix-neuvième et l'après-guerre. Dans tous, est claire la dénonciation de la profonde injustice des rapports de classe, « l'arbitraire qui présidait à la répartition des produits et la vie parasitaire des patrons et leur arrogance », et est aussi décrite la tentative des paysans de se rebeller face aux abus du patron et à la misère. Mais ensuite la rébellion est défaite de manière humiliante, le patron réussit encore une fois à rouler le paysan qui non seulement se contente de quelque miette en plus (un tonneau de vin, un sac de grain) mais même, dans certains cas, doit consentir à ce que sa femme cède au patron, afin d'obtenir un traitement meilleur. Comme ça ne me va pas de proposer les ici ces chants de défaite, bien que indubitablement ils soient le témoignage d'une évolution de la conscience paysanne et du graduel changement des rapports de force entre des classes dominantes et subalternes.
L
'« affrontement » qui suit remonte par contre à l'après-guerre, des années qui virent une très forte confrontation, en Toscane comme dans toute Italie, qui aboutirent la réforme agricole de 1950 et aux premières coopératives agricoles.
Et en effet, au patron qui
rappelle que dans les premières années 20, les paysans étaient beaucoup plus obéissants et serviles, le métayer lui rappelle qu'alors il y avait les matraques fascistes pour tenir en respect aux travailleurs, mais le fascisme est vaincu et avec lui l'exploitation et l'arrogance du patron.



[Métayer]

Bonjour, patron
Je suis venu vous saluer.
La ferme ne me rapporte pas,
Je cherche à l'abandonner ;
Je travaille jour et nuit
Seulement pour manger,
Je vous rends les clés,
Venez y travailler vous-même !


[Patron]

Oh paysan lâche
Et sans pudeur,
Tu abandonnes ma ferme
Car tu es un grand monsieur :
Tu as une belle auto
Du vin à volonté
Et tu achètes un appartement
En ville !
[Métayer]

Oh écoutez, patron,
Je suis un homme ruiné,
Si je reste dans votre ferme
Je deviendrai un malheureux !
J'ai mon enfant qui va à l'école
Et il a envie d'étudier ;
Vous dites que vous avez la ferme,
Venez y travailler vous-même !

[Patron]

En vingt - vingt et un,
Les paysans étaient meilleurs ;
À propos d'égoïsme
Ils avaient de l'attachement ;
Ils travaillaient jour et nuit
Avec force et ardeur.
Maintenant vous êtes contents,
Vous faites tout avec le moteur !


[Métayer]
En vingt - vingt et un,
Pour un oui, pour un non,,
Alors, vous employiez
Votre vieille matraque.
En septante-six,
Vingt et un n'est plus,
Alors votre matraque
Ici n'existe plus !

(Moi, dit Lucien l'âne , j'aurais conclu :

En septante-six,
Vingt et un n'est plus
Et votre vieille matraque

Vous pouvez vous la foutre au cul !)