mercredi 5 janvier 2022

SOYEZ CONTENT D’ÊTRE ENCORE EN VIE !

 



SOYEZ CONTENT D’ÊTRE ENCORE EN

 VIE !

 

Version française – SOYEZ CONTENT D’ÊTRE ENCORE EN VIE ! – Marco Valdo M.I. – 2021

d’après la version italienne de Flavio Poltronieri : GRAZIE D’ESSER ANCORA VIVO

D’une chanson russe – Спасибо, что живойVladimir Semënovič Vysotskij / Владимир Семёнович Высоцкий – ca. 1970



 

VLADIMIR VYSOSTSKY

 

 

Dialogue maïeutique


On traverse parfois des époques bizarres, dit Marco Valdo M.I., et dans ces moments, les gens en sont assez déboussolés. Par exemple, depuis un certain temps, une pandémie tracasse l’humaine nation.


Oh, dit Lucien l’âne, j’ai déjà vu ça maintes fois et selon mon expérience, ça finit toujours par passer et par la suite, on n’en parle plus trop ; on finit même par oublier. Il en va de même pour les guerres et les massacres, souvent occultés, que l’humanité s’inflige à elle-même.


Soit, dit Marco Valdo M.I, mais la chanson aborde la question sur le mode individuel et elle propose un motif consolateur.


Quel est donc ce propos consolateur ?, demande Lucien l’âne.


Il est tout entier dans son titre : « Soyez content d’être encore en vie », répond Marco Valdo M.I.


Voilà qui, en effet, est consolateur, je dirais même, consolidateur, dit Lucien l’âne. De surcroît, c’est une proposition que philosophiquement, je partage entièrement. D’ailleurs, « Sois content de vivre » est ma règle numéro un et je n’ai pas du tout l’intention de l’abandonner, quoi qu’il arrive.


Moi également, Lucien l’âne mon ami, je m’en tiens à cette maxime. Être content de vivre quoi qu’il arrive permet d’affronter les pires ennuis. Évidemment, il est toujours un point au-delà duquel il n’est plus possible de continuer à vivre, tout simplement et en ce cas, il vaut mieux arrêter et descendre du convoi. Mais c’est là une autre histoire. Pour en revenir à la chanson, elle procède par bonds anecdotiques, elle s’adresse à un quidam auquel a posteriori, elle conseille d’être content de vivre ; c’est la voix d’un tiers qui tente de le consoler. C’est la vision inverse de la tienne, de la mienne, de notre sentence que celle qui revient lancinante dans la chanson. C’est un point de vue différent du nôtre : elle console après coup ; là, on vit dans un monde où le malheur frappe d’abord et souvent ; il est une donnée quotidienne. Ceci tient sans doute au moment, au climat, au pays, à la société dans laquelle cette chanson est née. Elle sonne avec un accent russe. Pour un peu, on croirait qu’elle reflète le paysage social et psychologique de la Zinovie.


Oui, dit Lucien l’âne, à la parcourir, il m’est venu la même impression.


Il n’y a là rien d’étonnant, répond Marco Valdo M.I., vu que Vladimir Vysotsky et Alexandre Zinoviev ont vécu à la même époque, dans le même univers, sous le même régime et qu’ils s’en prennent tous les deux aux tares de cette société. Être encore en vie dans ce monde-là tenait souvent du miracle, quant à savoir qui remercier, à part le hasard ou une certaine négligence du destin contraire, il ne reste que soi-même ou sa propre obstination.


Certainement, dit Lucien l’âne. C’est d’ailleurs la règle numéro un du vivant, le moteur premier de la vie elle-même – une foutue obstinée celle-là, quasiment autant que l’âne, c’est tout dire. Alors à présent, tissons le linceul de ce vieux monde morbide, morne, mortifère, mortel, mourant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Vous pensez : ma femme est partie ;

Vous pensez : j’ai la nausée ;

Vous pensez : j’ai été volé à l’entrée.

Soyez content d’être encore en vie !


Même si vous souffrez d’un cancer,

Même si vous buvez comme la terre,

Même si on vous licencie,

Soyez content d’être encore en vie !


Ne comptez pas sur le destin,

Alors allez, forcez-vous la main ;

En général, ça va, ça va ;

Tout tourne rond, dit-on chez moi.


On s’en fout que vous perdiez à la roulette,

On s’en fiche de vos rouflaquettes,

On s’en tape de vos caries,

Soyez content d’être encore en vie !


Hier, on vous a fracassé la mâchoire,

On vous a laissé à terre sans vie,

On vous a ramené sur une civière,

Soyez content d’être encore en vie !


Ne comptez pas sur le destin,

Alors allez, forcez-vous la main.

En général, ça va, ça va ;

Tout tourne rond, dit-on chez moi.


Si vous êtes pâle, maigre et sans envie ;

Si vous n’avez pas appris le violon, peu importe ;

Si on vous a pris par erreur, peu importe ;

Soyez content d’être encore en vie !

Si vouloir, c’est pouvoir, c’est juste ;

Si c’est ma faute, qu’on me pardonne ;

Si… mais une question me tarabuste :

Qui faut-il remercier d’être encore en vie ?


Ne comptez pas sur le destin,

Alors allez, forcez-vous la main.

En général, ça va, ça va ;

Tout tourne rond, dit-on chez moi.