mardi 20 octobre 2020

EUROPE

EUROPE

Version française – EUROPE – Marco Valdo M.I. – 2020

d’après la version italienne de Riccardo Venturi

d’une chanson allemande – Europa Die Toten Hosen2012

Album : Ballast der Republik

 


 

L'ENLÈVEMENT D'EUROPE

Maerten de Vos - 1590




Chanson du groupe allemand Die Toten Hosen, qui parle de la difficile traversée des migrants en Méditerranée pour rejoindre l’Europe et de la mort que beaucoup d’entre eux trouvent au fond de la mer.



Dialogue Maïeutique

 


 


Europe ?, dit Lucien l’âne, la chanson s’intitule Europe ?


Euh, oui !, dit Marco Valdo M.I., Europe, tout simplement, Europe. Pourquoi ? Pourquoi elle ne pourrait pas s’appeler ainsi ?


Eh bien, non !, dit Lucien l’âne. Elle peut parfaitement s’appeler ainsi, mais je voulais juste savoir de quoi elle causait, ce qu’elle pouvait raconter, car c’est un sujet proprement historique et mythologique. Un sujet épique, tragique, tragi-comique et pour tout dire, continental. Une histoire de nymphe et de taureau et de leurs fricotages érotico-tauromachiques, une histoire qui ne manque pas de sel, pas de piquant, non plus ; l’histoire de la marche de l’homme d’Engis et de Néanderthal vers la démocratie. Un très, très long chemin, tu peux me croire.


Donc, Europe, reprend Marco Valdo M.I., c’est logique, même si, en fait, Europe n’apparaît jamais dans la chanson, même si comme l’Arlésienne, elle est le personnage central du drame qui se joue dans la chanson.


Et alors ?, demande Lucien l’âne. Il y a une histoire dans cette chanson, j’imagine.


Une histoire, certainement, la voici, Lucien l’âne mon ami. C’est une histoire que tu connais quasiment depuis toujours et d’abord, car elle se situe aux pourtours de la Méditerranée, cette mer dont tu as fait le tour des dizaines, si ce n’est des centaines de fois et si j’oserais dire, que tu connais comme ta poche d’Odessa à Madaure, d’Alexandrie à Tanger, toi qui as encore connu Troie debout, toi qui as vu le cheval de bois.


Bon, c’est autour de la Méditerranée, dit Lucien l’âne, et puis, quoi ?


C’est, Lucien l’âne mon ami, l’histoire désolante de la fuite vers l’Europe, puis en Europe, de gens qui laissent tout derrière eux : famille, amis, village, ville, montagne, forêt, fleuve, lac, plaine, rivages océaniques, désert, que sais-je ? et qui ont comme objectif, comme but, comme destination — mot dont on oublie trop souvent qu’il signifie le lieu du destin et comme on le sait, le destin est versatile — l’Europe, du moins, ses rives méditerranéennes. Pourquoi ? Tout simplement, car ils arrivent du sud ou de l’orient par la mer. Ils viennent chercher refuge face à une destinée contraire. Du moins, c’est ce qu’ils espèrent, et cette espérance est ce qui constitue le drame, qui institue dès le départ la tragédie. En gros, ou ils meurent en route, ou on les ramène de l’autre côté, ou alors, ayant réussi le saut, ils trouvent une vie au rabais. On ne sait ce qui est le mieux.



Oh, dit Lucien l’âne, j’ai entendu dire que parfois, peut-être, il y a des exceptions, parfois, l’histoire se termine à peu près bien.


Pour la chanson, rien n’est moins certain, répond Marco Valdo M.I., et sa conclusion est terrible :


« Ce n’est pas un conte pour enfants :

Pas de fin heureuse pour ces gens

Et s’ils ne sont pas morts,

Aujourd’hui, ils meurent encore. »


Oh, dit Lucien l’âne, c’est une chanson ancienne, elle date déjà. Les choses se sont sans doute améliorées.


Tu rêves, Lucien l’âne mon ami. Pour ce que j’en sais, j’ai quand même le sentiment qu’elles n’ont fait qu’empirer. Cependant, il ne faut pas oublier que toute cette histoire se déroule au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les nantis font aux pauvres et aux démunis afin de maintenir leurs privilèges, d’assurer leur domination, de garantir leur croissance ad infinitum, de protéger leur eldorado et d’accroître leurs richesses insensées.


Alors, Marco Valdo M.I mon ami, tissons le linceul de ce vieux monde féroce, atroce et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Dans le port, ils lèvent les voiles,

Ils partent vers le grand large.

Les familles leur font signe adieu

Et les suivent longtemps des yeux.



L’eau s’étale comme un miroir ;

Ils vont silencieux dans le noir

À cinquante miles de la destination

Si proche derrière l’horizon.



Dites-moi que c’est un conte,

Une fin heureuse pour tout le monde,

Et qu’ils ne sont pas morts,

Et qu’ils vivent aujourd’hui encore.



Ils viennent par milliers, mais en grande majorité,

La terre promise jamais, ils n’atteindront,

Car les patrouilles les attraperont

Pour, en notre nom, les déporter.



Et les rescapés finiront noyés

Dans le charnier de la Méditerranée



Ce n’est pas un conte pour enfants :

Pas de fin heureuse pour ces gens

Et s’ils ne sont pas morts,

Aujourd’hui, ils meurent encore.

IL Y A UN LONG, LONG CHEMIN

IL Y A UN LONG, LONG CHEMIN


Version française – IL Y A UN LONG, LONG CHEMIN – Marco Valdo M.I. – 2020

Chanson de langue anglaise (USA) – There's a Long, Long Trail – Stoddard King – 1913

Paroles de Stoddard King (1889-1933), auteur et compositeur

Musique d’Alonzo “Zo” Elliott (1891-1964), compositeur et auteur de chansons

L’interprétation la plus connue est celle du grand ténor irlandais John McCormack, en 1917.




LONG, LONG CHEMIN

John Nash – 1918






La chanson a été publiée aux États-Unis en 1914, peu avant le déclenchement de la guerre en Europe et est immédiatement devenue très populaire parmi les soldats américains envoyés là-bas pour combattre à partir d’avril 1917. Elle était souvent utilisée pour clôturer les concerts des troupes et la représentation était toujours suivie d’un long silence émouvant et significatif.



Il serait intéressant de faire la liaison avec It's a long way to Tipperary (1912) et sa version antérieure, jamais interprétée, It’s a long way to connemara (1909), toutes deux œuvres de Jack Judge et Harry Williams et évoquant la nostalgie des émigrants irlandais. It's a long way to Tipperary (1912) connut rapidement un inoubliable destin militaire auprès des troupes anglaises et ceci fit que durant la guerre, John Mc Cormarck mit à son répertoire It's a long way to Tipperary (1912) et There's a long, long trail (1913). (Lucien Lane)





Les nuits passent très solitaires,

Les jours sont très longs.

De plus en plus fatigué, sans repère,

Écoutant seulement ta chanson,

Les vieux souvenirs affluent

À ma mémoire

Et le monde semble rêver

Juste pour te ramener.



Il y a un long, long chemin serpentant

Dans le pays de mes rêves,

Où les rossignols chantent

Et tombe un rayon de lune blanc.

Il y a une longue, longue nuit d’attente

Jusqu’à ce que mes rêves se réalisent,

Jusqu’au jour où on descendra

Ce long, long chemin toi et moi.



Toute la nuit, je t’entends appeler,

M’appeler tout doux, tout bas ;

Il me semble entendre tes pas,

Partout où je vais.

La route qui nous sépare s’étend

Au travers de tant de miles fatigants,

Quand je pense à ton sourire.

J’oublie que tu n’es pas avec moi.



Il y a un long, long chemin serpentant

Dans le pays de mes rêves,

Où les rossignols chantent

Et tombe un rayon de lune blanc.

Il y a une longue, longue nuit d’attente

Jusqu’à ce que mes rêves se réalisent ;

Jusqu’au jour où on descendra

Ce long, long chemin toi et moi.