jeudi 15 septembre 2022

UN TEMPS VIENDRA

 


UN TEMPS VIENDRA



Version française — UN TEMPS VIENDRA — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne — VERRÀ UN TEMPO — Ottavia Mira — 2013

d’une chanson grecque — Θα 'ρθεί καιρόςKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981



Texte : Katerina Gogou
(Du receuil Τρία Κλικ Αριστερά, 1978)
Musique : Kyriakos Sfetsas
Album : Στο Δρόμο (« Sur la route »)






MARIA, UN TEMPS VIENDRA









Dialogue maïeutique


La création poétique reste, malgré tout, Lucien l’âne mon ami, une chose étrange et captivante — Pour celle ou celui ou ceux qui la font (faire est le mot exact pour dire faire de la poésie, pour « poéter » en français ; le poète est un homo faber) ; par ailleurs, la poésie est une compagne pleine de séduction et d’intelligence, au sens où cette dernière est compréhension profonde, capacité d’englober la conscience de tout et le monde dans la conscience et la conscience elle-même, bref, de prendre conscience et de la laisser et la regarder filtrer, sourdre, sourcer. Le texte poétique est son, couleur, mouvement, temps, rythme, syncope, musique, mélodie. En deux mots, la poésie fascine qui elle regarde. Si on peut faire une poésie pour soi, s’offrir de laisser couler sa conscience dehors, il est bon également de se baigner de l’ambiance d’une poésie autre ; elle aussi fascine. C’est le cas dans cette recréation qu’est la version ; en ce sens, la version se distingue de la traduction ; celle-ci aussi fascinée par l’image lointaine de la poétesse grecque — Katerina Gogou, en retaille une à sa manière. C’est un peu ce qui s’est passé — par exemple — entre Jean-François Millet (La Sieste) et Vincent Van Gogh (La Méridienne). C’est le cas pour celle-ci qui interpelle quant au destin des choses, du monde, des gens, de Maria et du moi poétique. Elle interpelle quant au temps à venir pour chacun pour soi.


Ah, dit Lucien l’âne, si on en restait là, sinon tu vas nous faire un traité d’esthétique.

Cependant, que tout ça ne nous empêche pas de tisser le linceul de ce vieux monde autopoétique, autocréateur, autonome, définitivement athée et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l’âne



Un temps viendra où le monde changera.

Souviens-toi de ça, Maria.

Souviens-toi, Maria, à la récréation,

Quand on courait en tenant le bâton.

Ne me regarde pas. Ne pleure pas.

Tu es l’espoir. Écoute, un temps viendra

Où les enfants choieront leurs parents

Et ne s’envoleront pas à tous vents,

Où on ne claquera plus les portes,

Où on ne traitera plus les vieux de la sorte.

Et le travail, Maria,

On le choisira ;

On ne sera plus des chevaux

À la foire aux bestiaux.

Imagine, les gens parleront en couleurs

Et d’autres avec des notes et des fleurs.

On gardera certains mots

Dans une grande bouteille d’eau,

Des mots, des significations

Tels : défaut — oppression — solitude — prix — gain — humiliation

Pour les leçons d’histoire.

Ce sont, je ne veux pas décevoir,

Des temps difficiles, Maria,

Et d’autres viendront. Je ne sais pas -

N’attends pas trop de moi…

J’ai vécu, j’ai appris, j’ai dit tant de choses

Et j’ai tant lu, je n’ai retenu qu’une chose :

« Il convient de rester humain. »

Nous allons changer la vie !

En dépit de tout, Marie.

Demain, après-demain…