L’ESCALIER
DE MAUTHAUSEN
Version
française – L’ESCALIER DE MAUTHAUSEN – Marco Valdo M.I. –
2019 (2011)
Chanson
espagnole –
La escalera de Mauthausen – Antonio Resines – Paroles
d’Antonio
Gómez et musique d’Antonio Resines – 1975
d’après
la version italienne LA SCALA DI MATHAUSEN de Lorenzo Masetti.
La
carrière de Mauthausen a été un des lieux les plus horribles de
tous les camps nazis, vu que furent employées là des méthodes de
travail inimaginables. Et on savait, car des prisonniers de toutes
nationalités le racontaient, tous le savaient et disaient que le
camp avait été construit par les Espagnols, les républicains
espagnols et que chaque pierre portait le sang d’un Espagnol. Même
la plus petite pierre de l’escalier de Mauthausen était imprégnée
du sang d’un Espagnol. »
Témoignage
de Mariano Constante (Capdesaso, Spagna, 1920 – Montpellier,
France, 2010), écrivain espagnol dont l’œuvre est centrée sur
l’expérience des républicains espagnols dans les camps de
concentration nazis.
Mariano
Constante est arrivé à Mauthausen en avril 1941. C’était le n°
4584. Il survécut. Quatre ans en enfer. Il sortit du camp à la
libération en mai 1945.
Militant
communiste, après la guerre, il s’établit en France et ne
retourna jamais en Espagne.
Le
camp de Mauthausen fut littéralement construit par les prisonniers
espagnols, avec leur sueur et leur sang. Quand en Espagne, on dit que
chaque pierre de Mauthausen représente la vie d’un Espagnol, ce
n’est pas une affirmation exagérée ou rhétorique; les
prisonniers étaient contraints
de travailler dans une carrière de granit et à transporter les gros
blocs destinés à la construction du camp par un escalier de pierre
de presque 200 marches et ce tous les jours et plusieurs dizaines de
fois par jour, jusqu’à la mort.
Dans
les premiers temps, il ne survécut presque personne; puis, les
prisonniers commencèrent à s’organiser et dans les années
suivantes, les Espagnols, les vétérans du camp, furent pour tous
les maîtres incontestés de l’art de survivre dans ces conditions
extrêmes et capables d’aider tous les autres internés quelles que
fussent leur provenance. Et l’apport fondamental des Espagnols ne
se limita pas à la délivrance du camp: Francesc Boix, photographe
et militant antifasciste catalan, profitant de son emploi à
l’enregistrement des internés, prit tant de photos qu’elles
archivèrent les horreurs du camp et les copies qu’il réussit
secrètement à en faire servirent de preuves déterminantes au
procès de Nuremberg.
Quand
les soldats étazuniens entrèrent à Mauthausen, le comité de
bienvenue avait été organisé par les Espagnols et les drapeaux
avec la croix gammée avaient tous été remplacés par des drapeaux
républicains. Malheureusement, parmi les rares qui survécurent à
l’extermination nazie, les infortunés Espagnols ne purent rentrer
chez eux où Franco devait encore régner pendant trois décennies…
Ceux d’entre eux, qui malgré tout ce qu’ils avaient vécu et
passé, choisirent de rentrer en Espagne le firent clandestinement et
pour continuer l’interminable lutte contre la bête fasciste.
Cette
chanson fait partie de la Cantate de l’Exil, comme la dizaine de
chansons reprises sur le site des Chansons contre la Guerre. Dans la
mesure du possible, dit Marco Valdo M.I., j’en ferai une version
française complète. Voici comment elle se présente en espagnol :
Cantata
del Exilio
Muerte
de Antonio Machado – MORT
D'ANTONIO MACHADO – Argelès-sur-Mer
– ARGELÈS-SUR-MER
– Dulce
muchacha – DOUCE
OISELLE
– Celestino
Alfonso – CELESTINO
ALFONSO – ROUGE – 7 ATTENTATS
– Poema
de atención - ATTENTION
POÈME !
– Carta
imaginaria a casa – LA
LETTRE IMAGINAIRE
– Tema
de los campos/ El trabajo libera
–
LE
TRAVAIL REND LIBRE – DEVISE DES CAMPS
– Jugando
al futbol – MATCH DE FOOT
–
La
escalera de Mauthausen - L’ESCALIER DE MAUTHAUSEN – Diálogo
de Belchite/ Liberación de París – DE
BELCHITE À LA LIBÉRATION DE PARIS
– Poema
de silencio – SILENCE
: POÈME
Et
je le ferai tout spécialement pour les Républicains espagnols
auxquels aujourd’hui en 2011 justice n’a pas encore été rendue.
Je le fais aussi en pensant à Santiago et à son épouse, Espagnols
exilés, qui dans le modeste restaurant qu’ils avaient ouvert près
de la Grand Place de Bruxelles, restaurant appelé La Cibèles, ont
quelquefois nourri l’impécunieux jeune homme que j’étais.
Ainsi
Parlait Marco Valdo M.I.
À
chaque marche, la faim ;
À
chaque marche, le froid ;
À
chaque marche, les ongles s’enfoncent dans la plaie.
À
chaque marche, la nuit ;
À
chaque marche, la pierre ;
À
chaque marche, le dos plie sous le poids.
À
chaque marche, fouet ;
À
chaque marche, boucherie ;
Chaque
marche frappe et serre la gorge.
À
chaque marche, plus loin ;
À
chaque marche, effort ;
À
chaque marche, un rêve perdu d’oranges.
À
chaque marche, danger ;
À
chaque marche, silence ;
À
chaque marche, la mort avance et nous attrape.