LES FLEURS DE SANG
Version
française – LES FLEURS DE SANG – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après
la version italienne – FIORI DI SANGUE – Flavio Poltronieri –
2018
Paroles
et musique de Zülfü Livaneli
Dialogue
maïeutique
Voici,
Lucien l’âne mon ami, une
chanson qui parle de fleurs et de sang. C’est
une chanson de
Zülfü Livaneli
– dont
on a déjà fait la version française de Güldünya, Duvarlar
(LES
MURS) et Asya-Afrika
(ASIE-AFRIQUE). Elle
aurait été inspirée par un tableau d’Abidin Dino, peintre
surréaliste, cinéaste, journaliste, écrivain, exilé à Paris,
proche
notamment du poète turc Nazim Hikmet. Voilà
pour situer l’image, pour signifier la figuration poétique.
Quant
à la couleur rouge sang de ces fleurs poétiques, elle renvoie aux
murs maculés des villes prises dans la guerre ou écrasées par la
répression. Ce qui est un paysage commun de l’histoire turque.
Comme c’est le cas actuellement au-delà des frontières dans ce
bout de Syrie qu’est en train d’envahir la Turquie, elle-même
confisquée par Erdogan et où son armée mène une lutte rouge de
sang contre les populations kurdes. Une opération militaire
d’agression qui, soit dit en passant, revient à planter un couteau
dans le dos de gens qui luttent pour leur indépendance en même
temps que contre le terrorisme islamique et la dictature syrienne.
Oh,
dit Lucien l’âne, ce n’est pas une nouveauté ; il ne
s’agit pas seulement d’empêcher l’indépendance des Kurdes, il
s’agit également de les réduire ; la purification turque a
déjà été pratiquée contre les Arméniens, par exemple. D’autre
part, j’ai vu ça souvent au cours de mes longs parcours : ces
murs des villes, des villages, des maisons qu’ornaient de sinistres
fleurs rouges. Je me souviens aussi de ruisseaux qui se teintaient de
vermeil et de noir. Les guerres sanglantes, petites et grandes, sont
fréquentes.
En
effet, reprend Marco Valdo M.I., les guerres sanglantes sont choses
fréquentes ou plus exactement, la guerre est un état permanent.
C’est celui de la Guerre
de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font
aux pauvres pour assouvir leurs instincts pervers de possession et de
domination.
Parfois,
la version sanglante se fait discrète et se camoufle sous le
déguisement de la paix, mais, dans le fond, c’est un leurre. Quand
elle disparaît ici, elle renaît là ; si elle disparaît ici,
c’est pour renaître là et vraiment, on ne sait quand ces rus, ces
ruisseaux, ces rivières et ces fleuves de sang se tariront.
Véritablement,
on ne sait pas, Marco Valdo M.I. mon ami ; ni quand, ni comment,
on en viendra à bout. Cependant, et pour cela même, il nous faut
poursuivre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde
menteur, dictatorial, purificateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Le
sang maquille les boutons des fleurs,