vendredi 27 avril 2018

LES FLEURS DE SANG


LES FLEURS DE SANG

Version française – LES FLEURS DE SANG – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la version italienne – FIORI DI SANGUE – Flavio Poltronieri – 2018
d’une chanson turqueKan çiçekleriZülfü Livaneli – 1987
Paroles et musique de Zülfü Livaneli




Dialogue maïeutique


Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson qui parle de fleurs et de sang. C’est une chanson de Zülfü Livanelidont on a déjà fait la version française de Güldünya, Duvarlar (LES MURS) et Asya-Afrika (ASIE-AFRIQUE). Elle aurait été inspirée par un tableau d’Abidin Dino, peintre surréaliste, cinéaste, journaliste, écrivain, exilé à Paris, proche notamment du poète turc Nazim Hikmet. Voilà pour situer l’image, pour signifier la figuration poétique.
Quant à la couleur rouge sang de ces fleurs poétiques, elle renvoie aux murs maculés des villes prises dans la guerre ou écrasées par la répression. Ce qui est un paysage commun de l’histoire turque. Comme c’est le cas actuellement au-delà des frontières dans ce bout de Syrie qu’est en train d’envahir la Turquie, elle-même confisquée par Erdogan et où son armée mène une lutte rouge de sang contre les populations kurdes. Une opération militaire d’agression qui, soit dit en passant, revient à planter un couteau dans le dos de gens qui luttent pour leur indépendance en même temps que contre le terrorisme islamique et la dictature syrienne.

Oh, dit Lucien l’âne, ce n’est pas une nouveauté ; il ne s’agit pas seulement d’empêcher l’indépendance des Kurdes, il s’agit également de les réduire ; la purification turque a déjà été pratiquée contre les Arméniens, par exemple. D’autre part, j’ai vu ça souvent au cours de mes longs parcours : ces murs des villes, des villages, des maisons qu’ornaient de sinistres fleurs rouges. Je me souviens aussi de ruisseaux qui se teintaient de vermeil et de noir. Les guerres sanglantes, petites et grandes, sont fréquentes.

En effet, reprend Marco Valdo M.I., les guerres sanglantes sont choses fréquentes ou plus exactement, la guerre est un état permanent. C’est celui de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres pour assouvir leurs instincts pervers de possession et de domination.
Parfois, la version sanglante se fait discrète et se camoufle sous le déguisement de la paix, mais, dans le fond, c’est un leurre. Quand elle disparaît ici, elle renaît là ; si elle disparaît ici, c’est pour renaître là et vraiment, on ne sait quand ces rus, ces ruisseaux, ces rivières et ces fleuves de sang se tariront.

Véritablement, on ne sait pas, Marco Valdo M.I. mon ami ; ni quand, ni comment, on en viendra à bout. Cependant, et pour cela même, il nous faut poursuivre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde menteur, dictatorial, purificateur et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Bourgeon de douleur ou jaillissement de l’âme ?
Les fleurs de sang ont toujours fleuri et fleuriront encore.
Est-ce une chanson, une poésie ou un hymne funèbre ?
Les fleurs de sang ont toujours fleuri et fleuriront encore.

Les rus et les ruisselets courent sur leur erre,
Mais jamais ne rejoignent la mer.
Une rose blessée repose sur le parapet ;
On dit que qui flétrit les roses ne rira jamais.

Fumées et brouillards flottent sur cette ville,
Le sang maquille les boutons des fleurs,
Les montagnes portent les fleurs, le pouvoir charrie le malheur,
Les fleurs de sang forment les germes de l’espérance.