dimanche 31 décembre 2017

LE RENARD ET LE CHAT

LE RENARD ET LE CHAT

Version française : LE RENARD ET LE CHAT – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – Il gatto e la volpeEdoardo Bennato – 1977
Texte et musique : Edoardo Bennato





Il y a quarante ans, Edoardo Bennato écrivait et interprétait tout une série des chansons consacrées à « Burattino senza fili », à une Marionnette sans fil ; une série rassemblée en un album quui avait comme personnage central Pinocchio que sans doute, tu connais toi aussi.

Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, que je connais cette histoire de Pinocchio. C’est celle d’une marionnette en bois qui de fil en aiguille, d’une aventure à l’autre, se met à vivre, devient un petit garçon et perdant ainsi sa nature propre s’acclimate à la société des hommes. C’est à l’évidence une parabole de la socialisation et de la normalisation des petits humains. En gros, elle raconte le passage de l’enfance à l’âge adulte.

En effet, c’est bien cette histoire-là, Lucien l’âne mon ami. Mais, cette fois, Pinocchio est sorti de l’histoire du livre de Collodi pour se plonger dans le monde contemporain. Du coup, cette Marionnette sans fil devient une fable métaphorique, polysémique et polyscénique. Elle se passe dans le réel et la Marionnette est confrontée au pouvoir qu’il soit économique, politique, culturel ou religieux. C’est de cette rencontre que se nourrit le récit.

Oui, dit Lucien l’âne, Le Renard et le Chat dans tout ça ?

Le Renard et le Chat est une des chansons de cette fable en musique. Avant d’aller plus avant et que tu me le fasses remarquer, je te signale que c’est volontairement que dans le titre en français, j’ai inversé les deux personnages :
– titre italien : Il gatto e la volpe ;
titre français : Le renard et le chat.

Et pourquoi ça ? Je me le demande bien, dit Lucien l’âne.

Tout simplement pour ceci que, Lucien l’âne mon ami, c’est le renard qui parle dans la chanson, c’est lui qui la voix mielleuse qu’on y entend tout au long.Il me paraissait donc logique de lui rendre sa place.
Cela dit, cette fable en chanson du renard et du chat montre spécifiquement le jeu du pouvoir, c’est-à-dire cette forme d’oppression et de domination, qui est le fondement de la Guerre de Cent Mille Ans, dans le domaine particulier de l’industrie culturelle du spectacle, peu importe le média considéré. Elle montre comment on attire dans le piège du contrat celui qu’on veut exploiter.
Dans sa version Edoardo Bennato, qui lui-même évidemment directement concerné par ce jeu de pouvoir en tant qu’artiste, la situe dans le show-bizzenesse, dans l’univers du spectacle musical, mais c’est tout aussi vrai pour le cinéma, domaine où la situe la version française. Dans tous les cas, la règle fondamentale est la même : bizzenesse is bizzenesse et tout est bon pour faire du « cash », de la monnaie, y compris gruger les autres et tirer profit de leur ignorance.

Oh, dit Lucien l’âne, je vois de quoi il est question, dit Lucien l’âne. Edoardo Bennato a bien raison de révéler de telles pratiques. Quant à nous, tissons à notre tour le linceul de ce vieux monde escroc, profiteur, cupide et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Quelle hâte, mais où tu cours, où tu vas ?
Si tu nous écoutes un instant, tu comprendras,
Moi, je suis le renard, lui, c’est le chat ; nous,
Nous sommes en société, tu peux te fier à nous.

Tu peux nous parler de tes ennuis, de tes problèmes,
Nous sommes les meilleurs dans ce domaine.
C’est une maison spécialisée, crois-moi,
Tu signes un contrat et tu verras,
Tu ne t’en repentiras pas.

Nous découvrons des talents, nous ne nous trompons jamais ;
Nous saurons exploiter tes qualités.
Donne-nous seulement une avance
Et nous t’inscrivons à la course
Pour la célébrité.

C’est une vraie affaire, crois-moi !
Il ne faut pas perdre cette occasion-là,
Sinon ensuite tu t’en repentiras.
Ça n’arrive pas tout le temps
D’avoir deux consultants,
Deux entrepreneurs compétents
Qui se mettent en quatre pour toi… !

En avant, ne perdons pas de temps, signe là ;
C’est légal, une formalité, un contrat,
Tu nous cèdes tous les droits
Et nous ferons de toi
Une star de cinéma.

Quelle hâte, mais où tu cours, où tu vas ?
Quelle chance, tu as !
Si tu nous écoutes un instant, tu comprendras,
Moi, je suis le renard, lui, c’est le chat, Nous,
Nous sommes en société, tu peux te fier à nous.
Tu peux te fier à nous,

Tu peux te fier à nous !