samedi 15 juin 2019

REBECCA ET LA POLICIÈRE ZÉLÉE



REBECCA ET LA POLICIÈRE ZÉLÉE

Version française – REBECCA ET LA POLICIÈRE ZÉLÉE – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson italienne – Rebecca e la poliziotta zelanteRoberto Amabile – 2017








Par la grâce de la papolâtrie très « pop », les discours anticléricaux font l’objet d’une marginalisation chez les militantes et militants des groupes laïques. Ces personnes évitent l’anticléricalisme soit par peur, soit par opportunisme politique dans la grande majorité des cas. Au contraire, elles se mettent à courir derrière une église (l’Église catholique apostolique romaine) qui s’ouvre « timidement » à ces questions, et on ne sait jamais à quel point si c’est par conviction ou par propagande. À ces gens – naïfs jusqu’à quel point ? – il faudrait enseigner que les maigres libertés de droit (peu en fait) dont nous jouissons ont été arrachées à ce système clérical qui a étouffé et étouffe encore toujours la planète (depuis des millénaires maintenant). Eh bien, non, ils attendent qu’une figure religieuse les réconforte et leur dise qu’ils ne sont pas nés « dans l’erreur ». Ils ne pouvaient pas se le dire eux-mêmes ? L’autodétermination ? Ce n’est pas une émancipation, c’est une cooptation. Ceux qui le font par opportunisme politique sont au contraire comparables à ceux qui disent « je ne suis pas antifasciste, je suis démocratique », des gens qui devraient être effacés de l’histoire pour leur position mais qui jouissent évidemment d’une trop grande considération aujourd’hui.

Le 27 mai 2017, à Gênes, Bergoglio, professionnellement Pape François, parcourait les rues de la ville pour se montrer aux fidèles. L’atmosphère d’harmonie spirituelle unanime fut brisée par Rebecca, qui manifestait en silence avec sa pancarte orange et son écriture noire, qui disait :

LE VATICAN HORS DE L’ÉTAT ITALIEN

C’était simple, propre, direct. Tellement direct qu’une dame de la foule se jette sur Rebecca, l’attrape et tente de lui arracher sa pancarte. Il s’avère que c’est une policière en civil, d’autres agents arrivent, il y a une querelle où la « raison d’État » s’oppose évidemment à ces libertés que cet État doit garantir, une « raison » irrationnelle qui est au-dessus de toute critique même la plus élaborée et la plus silencieuse. Un État qui n’admet pas la contradiction.
Ils vérifient ses antécédents, elle est « propre » et la policière elle-même dit très maternellement que les agents sont « ici pour ceux comme toi », elle lui intime de s’en aller et de ne pas se faire voir pendant les étapes papales. Une maternité déjà vue : de l’huile de ricin pour le dîner et puis tout le monde au lit à coups de matraque.

Moralité :
Huile de ricin et matraque améliorent le monde entier
Et on est tous bien meilleurs grâce au pape et à ses enjuponnés,
(texte condensé du commentaire italien de Roberto Amabile)


Aujourd’hui dans la rue Scurreria à San Lorenzo,
Il s’est passé quelque chose qui stupéfie le sage.
Vous devez savoir qu’en ce matin du mai nouveau,
Bergoglio le pape y a offert son mirage.
Tous les fidèles sont à la fête,
Et Rebecca est là avec sa protestation :
La bonne fille est un peu dérangeante
Avec sa pancarte, elle fait une manifestation.


Aïe, aïe, Rebecca !
En silence, elle rage contre le Vatican
Non, elle ne s’attend pas
Que ça déclenche un tel boucan !


Écriteau orange et écriture noire,
Protestent contre un monarque étranger
Qui vient à Gênes pour se désoler
Du peu d’impôts que le pays lui donne.
Soudain d’un coup, du flot des gens,
Surgit une personne importune
Qui, d’un mauvais œil, vise le panneau d’affichage.
Et bouscule Rebecca d’une bourrade.


Aïe, aïe, Rebecca !
Esquive et appelle la police.
Non, elle ne s’attend pas à
À trouver au milieu de la rue cette milice.


La femme en civil est une agente
« Je suis la police », dit l’impudente.
Vient un autre, accourent en paires
Quatre agents et Rebecca est sur ses gardes.
« Sur quelle base voulez-vous séquestrer
L’écriteau que j’utilise pour protester ?
Constitution, article vingt et un :
À tous est permise la protestation ! »


Aïe, aïe, Rebecca !
Dans quel pétrin, tu t’es mise là ?
Non, on ne sait pas
Comment cette journée s’achèvera.


« Si tu ne te tais pas, je t’emmène au commissariat. »
Ils sont convaincus qu’ils lui font peur.
Rebecca, je l’ai dit, c’est une fille bien,
Elle n’a pas si vite peur.
« Pour quel motif, vous m’emmenez au commissariat ?
Je veux savoir ce que vous me reprochez,
Emmenez-moi au poste maintenant, on verra bien. »
« Vos papiers ! Nous, on ne répond pas ! »


Aïe, aïe, Rebecca !
Et la policière zélée
Non, elle n’attend pas
Que la patrouille fasse son arrivée.


Elle ordonne furieusement : « Donne-moi tes papiers. »
Rebecca est sans taches. Pas comme les délinquants
Qui dans les cortèges se couvrent le visage
« quand nous leur faisons de durs sourires »
« O chère fille, pourquoi fais-tu des ennuis ?
Il ne faut pas nous voir comme des bourreaux.
Tu ne peux pas contester un chef étranger.
Va-t’en maintenant et laisse-nous travailler. »


Aïe, aïe, Rebecca !
Tu devais tomber sur une agente si pie.
Non, elle ne s’attend pas
À cette morale rassie de sacristie.


"Ma mère m’a dit, tu es émancipée,
Tu seras archéologue ou astronaute
Et au contraire, je me retrouve policière
À m’en prendre à une qui ronchonne,
Une nana ennuyeuse et casse-couilles.
« Si tu ne pars pas, je te prends et je t’assomme ! »
« Maintenant dites-moi où j’ai fauté,
C’est mon droit de manifester ! »


Aïe, aïe, Rebecca !
Les agents sont là juste pour toi.
Non, on ne s’attend pas
Aux temps sombres de leur loi.


Ils lui parlent de haut : « Ne m’interrompez pas,
Dit-elle, ne me touchez pas !
Belle sœur, tu ne m’effraye pas,
Montre ton badge ! »
L’agente le couvre, elle le cache.
Rebecca comprend que c’est louche.
Elle dit : « Je n’ai rien fait » et les autres n’ont rien vu .
Un peu comme ce qui est arrivé à Aldrovandi
Mort des lésions, mais personne n’a rien vu.
Le syndicat a même applaudi !


Aïe, aïe, Rebecca !
L’agent se fout de la loi.
On ne s’attend pas à la voir violer
Par qui est payé pour la protéger.


« Allez, mademoiselle, soyez complaisante.
Aujourd’hui, restez loin du Pape et de son escorte.
Si on vous retrouve en ville,
On vous emmènera au poste sans espoir. »
L’agent est une femme, le pape est un pape noir.
Ce sont les oppresseurs de la planète entière.
Au troisième millénaire, la chasse aux sorcières
Est faite par la police en civil !


Aïe, aïe, Rebecca !
La question romaine, quel bordel !
On ne s’attend pas à
Voir une nonne en uniforme sur l’autel.


Avec son écriteau qui même pas, ne blasphème,
Elle rentre chez elle après ce curieux baptême.
Tout compte fait, la fin est heureuse
On le sait depuis le crime de la place Alimonda.
Assez d’un État éthique et confessionnal,
D’une police des mœurs et de la morale
Gênes souffre de papolâtrie pâteuse,
On regrette les canons de Porta Pia !


Aïe, aïe, Rebecca !
Et la policière zélée
Se sont disputées,
Mais un cri restera :
Vatican hors de l’État italien,
Vatican hors de l’État italien,
Vatican hors de l’État italien !