REBECCA ET LA POLICIÈRE ZÉLÉE
Version
française – REBECCA ET LA POLICIÈRE ZÉLÉE – Marco Valdo M.I.
– 2019
Chanson
italienne – Rebecca
e la poliziotta zelante – Roberto
Amabile – 2017
Par
la grâce de la papolâtrie très « pop », les discours
anticléricaux font l’objet d’une marginalisation chez les
militantes et militants des groupes laïques. Ces personnes évitent
l’anticléricalisme soit par peur, soit par opportunisme politique
dans la grande majorité des cas. Au contraire, elles se mettent à
courir derrière une église (l’Église catholique apostolique
romaine) qui s’ouvre « timidement » à ces questions,
et on ne sait jamais à quel point si c’est par conviction ou par
propagande. À ces gens – naïfs jusqu’à quel point ? –
il faudrait enseigner que les maigres libertés de droit (peu en
fait) dont nous jouissons ont été arrachées à ce système
clérical qui a étouffé et étouffe encore toujours la planète
(depuis des millénaires maintenant). Eh bien, non, ils attendent
qu’une figure religieuse les réconforte et leur dise qu’ils ne
sont pas nés « dans l’erreur ». Ils ne pouvaient pas
se le dire eux-mêmes ? L’autodétermination ? Ce n’est
pas une émancipation, c’est une cooptation. Ceux qui le font par
opportunisme politique sont au contraire comparables à ceux qui
disent « je ne suis pas antifasciste, je suis démocratique »,
des gens qui devraient être effacés de l’histoire pour leur
position mais qui jouissent évidemment d’une trop grande
considération aujourd’hui.
Le
27 mai 2017, à Gênes, Bergoglio, professionnellement Pape François,
parcourait les rues de la ville pour se montrer aux fidèles.
L’atmosphère d’harmonie spirituelle unanime fut brisée par
Rebecca, qui manifestait en silence avec sa pancarte orange et son
écriture noire, qui disait :
LE
VATICAN HORS DE L’ÉTAT ITALIEN
C’était
simple, propre, direct. Tellement direct qu’une dame de la foule se
jette sur Rebecca, l’attrape et tente de lui arracher sa pancarte.
Il s’avère que c’est une policière en civil, d’autres agents
arrivent, il y a une querelle où la « raison d’État »
s’oppose évidemment à ces libertés que cet État doit garantir,
une « raison » irrationnelle qui est au-dessus de toute
critique même la plus élaborée et la plus silencieuse. Un État
qui n’admet pas la contradiction.
Ils
vérifient ses antécédents, elle est « propre » et la
policière elle-même dit très maternellement que les agents sont
« ici pour ceux comme toi », elle lui intime de s’en
aller et de ne pas se faire voir pendant les étapes papales. Une
maternité déjà vue : de l’huile de ricin pour le dîner et
puis tout le monde au lit à coups de matraque.
Moralité :
Huile
de ricin et matraque améliorent
le monde entier
Et
on est tous bien meilleurs grâce au pape et à ses enjuponnés,
(texte
condensé du commentaire italien de Roberto Amabile)
Aujourd’hui
dans la rue Scurreria à San Lorenzo,
Il
s’est passé quelque chose qui stupéfie le sage.
Vous
devez savoir qu’en ce matin du mai nouveau,
Bergoglio
le pape y a offert son mirage.
Tous
les fidèles sont à la fête,
Et
Rebecca est là avec sa protestation :
La
bonne fille est un peu dérangeante
Avec
sa pancarte, elle fait une manifestation.
Aïe,
aïe, Rebecca !
En
silence, elle rage contre le Vatican
Non,
elle ne s’attend pas
Que
ça déclenche un tel boucan !
Écriteau
orange et écriture noire,
Protestent
contre un monarque étranger
Qui
vient à Gênes pour se désoler
Du
peu d’impôts que le pays lui donne.
Soudain
d’un coup, du flot des gens,
Surgit
une personne importune
Qui,
d’un mauvais œil, vise le panneau d’affichage.
Et
bouscule Rebecca d’une bourrade.
Aïe,
aïe, Rebecca !
Esquive
et appelle la police.
Non,
elle ne s’attend pas à
À
trouver au milieu de la rue cette milice.
La
femme en civil est une agente
« Je
suis la police », dit l’impudente.
Vient
un autre, accourent en paires
Quatre
agents et Rebecca est sur ses gardes.
« Sur
quelle base voulez-vous séquestrer
L’écriteau
que j’utilise pour protester ?
Constitution,
article vingt et un :
À
tous est permise la protestation ! »
Aïe,
aïe, Rebecca !
Dans
quel pétrin, tu t’es mise là ?
Non,
on ne sait pas
Comment
cette journée s’achèvera.
« Si
tu ne te tais pas, je t’emmène au commissariat. »
Ils
sont convaincus qu’ils lui font peur.
Rebecca,
je l’ai dit, c’est une fille bien,
Elle
n’a pas si vite peur.
« Pour
quel motif, vous m’emmenez au commissariat ?
Je
veux savoir ce que vous me reprochez,
Emmenez-moi
au poste maintenant, on verra bien. »
« Vos
papiers ! Nous, on ne répond pas ! »
Aïe,
aïe, Rebecca !
Et
la policière zélée
Non,
elle n’attend pas
Que
la patrouille fasse son arrivée.
Elle
ordonne furieusement : « Donne-moi tes papiers. »
Rebecca
est sans taches. Pas comme les délinquants
Qui
dans les cortèges se couvrent le visage
« quand
nous leur faisons de durs sourires »
« O
chère fille, pourquoi fais-tu des ennuis ?
Il
ne faut pas nous voir comme des bourreaux.
Tu
ne peux pas contester un chef étranger.
Va-t’en
maintenant et laisse-nous travailler. »
Aïe,
aïe, Rebecca !
Tu
devais tomber sur une agente si pie.
Non,
elle ne s’attend pas
À
cette morale rassie de sacristie.
"Ma
mère m’a dit, tu es émancipée,
Tu
seras archéologue ou astronaute
Et
au contraire, je me retrouve policière
À
m’en prendre à une qui ronchonne,
Une
nana ennuyeuse et casse-couilles.
« Si
tu ne pars pas, je te prends et je t’assomme ! »
« Maintenant
dites-moi où j’ai fauté,
C’est
mon droit de manifester ! »
Aïe,
aïe, Rebecca !
Les
agents sont là juste pour toi.
Non,
on ne s’attend pas
Aux
temps sombres de leur loi.
Ils
lui parlent de haut : « Ne m’interrompez pas,
Dit-elle,
ne me touchez pas !
Belle
sœur, tu ne m’effraye pas,
Montre
ton badge ! »
L’agente
le couvre, elle le cache.
Rebecca
comprend que c’est louche.
Elle
dit : « Je n’ai rien fait » et les autres n’ont
rien vu .
Un
peu comme ce qui est arrivé à Aldrovandi
Mort
des lésions, mais personne n’a rien vu.
Le
syndicat a même applaudi !
Aïe,
aïe, Rebecca !
L’agent
se fout de la loi.
On
ne s’attend pas à la voir violer
Par
qui est payé pour la protéger.
« Allez,
mademoiselle, soyez complaisante.
Aujourd’hui,
restez loin du Pape et de son escorte.
Si
on vous retrouve en ville,
On
vous emmènera au poste sans espoir. »
L’agent
est une femme, le pape est un pape noir.
Ce
sont les oppresseurs de la planète entière.
Au
troisième millénaire, la chasse aux sorcières
Est
faite par la police en civil !
Aïe,
aïe, Rebecca !
La
question romaine, quel bordel !
On
ne s’attend pas à
Voir
une nonne en uniforme sur l’autel.
Avec
son écriteau qui même pas, ne blasphème,
Elle
rentre chez elle après ce curieux baptême.
Tout
compte fait, la fin est heureuse
On
le sait depuis le crime de la place Alimonda.
Assez
d’un État éthique et confessionnal,
D’une
police des mœurs et de la morale
Gênes
souffre de papolâtrie pâteuse,
On
regrette les canons de Porta Pia !
Aïe,
aïe, Rebecca !
Et
la policière zélée
Se
sont disputées,
Mais
un cri restera :
Vatican
hors de l’État italien,
Vatican
hors de l’État italien,
Vatican
hors de l’État italien !