BOUM BOUM
Version française – BOUM BOUM – Marco Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne – Bum Bum – Irene Grandi – 1995
de « In vacanza da una vita » (1995)
LE PARADIS
Jan Brueghel l’ancien – 1607
Dialogue maïeutique
Maintenant que j’en ai fait une version française, Lucien l’âne, je vois cette chanson différemment et allez savoir si c’est dû seulement au passage d’une langue à l’autre. À vrai dire, je n’en suis pas absolument certain ; il est de ces glissements poétiques qu’on ne peut esquiver. Ainsi, elle a pris, cette chanson dans sa nouvelle version, une certaine profondeur de champ ; elle devient plus réfléchissante. L’expression « boum » – et sa dérivée « boum boum » – peut prendre tant de visages différents qu’il vaut la peine d’en examiner quelques-uns. Selon l’intensité qu’on lui accorde, cette onomatopée peut signifier un cri destiné à faire peur (pour du rire), un simplement tamponnement, un massacre musical (simulation du battement de caisses), une variation économique à la hausse (le « boum » s’oppose alors au « krach » ; affaire de conjoncture : CHA-CHA DE LA CONJONCTURE – Konjunktur-Cha-Cha) ou tout aussi bien, l’explosion d’une mine ou un bombardement proche, lointain ou carrément, nucléaire ;
« Le monde tombe, la terre tombe,
Encore boum
Et boum.
Tous à terre et puis, la bombe. »
Exactement, répond Lucien l’âne, et même, un attentat qui expédie ad patres un dictateur, chose qu’on avait vue dans deux autres chansons : « Carero volò – L’ENVOL DE CARRERO » et « L’Amiral Boum » ; une pratique fort utile, nettement prophylactique, mais peu pratiquée ces derniers temps. Pourtant, ce ne sont pas les dictateurs qui font défaut en ce monde ; il y en a tant que je n’essayerai même pas d’en faire l’énumération, ni le classement. Je laisse à chacun le soin d’en faire le relevé chaque matin en y ajoutant chaque fois un nouveau jusqu’à arriver à une liste complète qu’il s’efforcera de tenir à jour.
On n’en finirait pas, en effet, dit Marco Valdo M.I. ; comme on dit, l’humanité a un grain et il faut entendre ici « grain » au sens d’énorme et catastrophique nuage délétère. Cependant, je crains fort que la chose soit structurellement inscrite dans le fonctionnement de l’espèce et qu’il soit terriblement difficile de s’en débarrasser.
Oh, dit Lucien l’âne, cela tient à la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux faibles pour maintenir leur domination et continuer à en tirer profit. Cela dit pour en revenir à la chanson, je ne peux me départir de l’idée qu’il y a là comme un écho de la chanson de Charles Trenet, intitulée « Boum ».
Une dernière chose, Lucien l’âne mon ami, il me vient à l’esprit de souligner l’affirmation judicieusement athée qui teinte la chanson et dont je retiens ceci :
« Et qui sait quelles fables étranges
De religions étranges
Parmi les gens viennent et vont. »
et cela,
« Pas d’enfer, pas de paradis,
Le monde pour nous
Est une image qui
Est en chacun de nous.
C’est le monde qu’on veut pour nous. »
Et puis, elle dit encore tant d’autres choses qu’il vaut mieux aller l’y voir de près.
Alors, concluons ainsi, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde absurde, explosif, bruyant, dictatorial et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tous le disent, le travail fait mal,
Il vaut mieux faire l’amour,
Même tous les jours.
Oui, oui, le travail fait mal, mal, mal.
Trop de gens vivent
D’une valise de rêves
Et du départ demain en vacances.
Le
monde est un village,
et nous des millions,
Des millions de couleurs et de maisons
Et qui sait quelles fables étranges
De religions étranges
Parmi les gens viennent et vont.
Le
monde tourneboule,
Boum boum, le cœur bat.
Le monde bouboule et déboule,
Mais moi, je ne descendrai pas,
Boum boum, le soleil bat.
La vie s’écoule et le monde s’écroule.
Pas
d’enfer, pas de paradis,
Le monde pour nous
Est une image qui
Est en chacun de nous.
C’est le monde qu’on veut pour nous.
Je voudrais tant savoir
Comme est la vie au Japon
Et puis parler à l’empereur et voir
S’il pleut ou s’il fait bon.
Sur leurs mobylettes, des jeunes
S’embrassent devant les écoles.
On se perd au Japon, et ainsi,
On voit qu’on est bien ici aussi.
Le monde est un village, et nous des millions,
Des millions de couleurs et de maisons.
S’ils mettent tous des fleurs dans les canons,
Entre les gens, la vie tournera rond.
Le
monde tourneboule,
Boum boum, le cœur bat ;
Le monde est une farandole et boule,
Mais moi, je ne descendrai pas,
Boum boum, le soleil bat ;
La vie s’écoule et le monde s’écroule.
Pas d’enfer, pas de paradis,
Le monde pour nous
Est une image qui
Est en chacun de nous.
C’est
le monde qu’on veut pour nous.
Le monde tombe, la terre
tombe,
Encore boum
Et boum.
Tous à terre et puis, la bombe.
Pas d’enfer, pas de paradis,
Le monde est pour nous.
Imaginez une photo vous aussi
Du monde que vous voulez ici.
C’est le monde pour nous.