Le
Carillon d’Harlem
Chanson
française – Le
Carillon
d’Harlem
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 107
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XI)
Ulenspiegel le Gueux – 107
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, XI)
HAARLEMMERMEER |
Dialogue
Maïeutique
Le
Carillon d’Harlem, Marco Valdo M.I. mon ami, serait-ce qu’il y
aurait fête et que la paix serait descendue telle un ange bleu sur
la ville au bord du lac d’Haarlemmermeer, depuis lors asséché et
pour partie reconverti en aéroport.
Comme
te le dira à son début la chanson, réplique Marco Valdo M.I., le
carillon et les cloches d’Harelem sonnent l’heure à
l’accoutumée. C’est l’hiver, tombe la neige molle ; mais
très vite, malgré un premier silence de consternation, les cloches
et le carillon reprennent de plus belle et appellent à la résistance
face à la venue du duc d’Albe et de ses bourreaux. En fait, tout
comme dans le Moscou
de 1812, musique de Tchaikowsky, les cloches et le carillon sont
des acteurs de la tragédie. Et puis…
Et
puis, justement, demande Lucien l’âne. Est-ce tout, est-ce une
histoire de carillon et de cloches ?
Hé
bien, oui !, reprend Marco Valdo M.I., et puis, les cloches
transportent dans l’air au-dessus de la campagne hollandaise le
défi que la ville lance à l’armée de tueurs qui vient la prendre
contre son gré. C’est le début d’un long siège, d’une
bataille qui va durer huit mois. Et, comme tu le verras, l’hiver
qui gèle le lac et coupe les voies d’accès mettra la ville en
péril.
Écoutons
donc cloches et carillon, puis tissons le linceul de ce vieux monde
glacial, cruel, mortel et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Et
la neige, la neige doucement neige
Et
tombe, tombe mollement.
L’air,
l’air est blanc, tout blanc ;
Sur
l’eau noire, la neige se désagrège.
Sur
la terre et sur les champs,
Les
cloches d’Harlem sonnent l’heure.
Les
arbres défeuillés demeurent.
Les
chemins se perdent dans le blanc.
Cloches,
cloches, ne sonnez pas !
Ne
tintez plus l’air de joie !
Don
Frédéric, le ducaillon de sang,
Arrive
avec ses tueurs en régiments.
Entendez-vous
dans les campagnes
Ces
soldats, cette artillerie d’Espagne ?
Cloches,
ne sonnez pas !
La
mort vient à grands pas.
Cloches,
cloches, nous sonnons
Et
chante, toi, carillon !
Haarlem,
bonne fille,
La
masse de bourreaux défie.
« Qu’ils
viennent ! », disent les gens,
« Nous
sommes femmes, marins, habitants.
L’Albe
arrogant présente son droit canon.
Cloches,
carillon, « Dites non ! ».
Et
le droit canon bat, abat nos murailles ;
Les
portes s’effondrent, c’est l’assaut.
« Tue !
Tue ! » hurle la piétaille
« Bienvenue ! »,
nos canons offrent leur cadeau.
Cloches,
cloches, saluez leur retraite !
Carillon
chante les convois clandestins,
Le
blé nourricier et la poudre prête.
Nos
murs se relèvent avant le matin.
Venez
dans nos rues, bourreaux !
Nos
femmes guerrières font le guet.
Avec
leurs minuscules petits couteaux,
Nos
enfants couperont vos jarrets.
Alerte !
Ne sonnez plus, cloches et carillon !
Il
gèle ! Il gèle, saison aigre et amère !
La
flotte des Gueux sur l’Haarlemmermeer
Coincée
par le gel est battue, les secours s’en vont !