samedi 9 juin 2018

LEÇON D’HISTOIRE ANCIENNE


LEÇON D’HISTOIRE ANCIENNE

Version française – LEÇON D’HISTOIRE ANCIENNEMarco Valdo M.I.2018
d’après la version italienne LEZIONE DI STORIA ANTICA de Krzysztof Wrona
d’une
Chanson polonaiseLekcja Historii KlasycznejJacek Kaczmarski1979
Paroles et musique de Jacek Kaczmarski
Album : Krzyk [1981-1989]
Texte du site : kaczmarski.art.pl



AMBIORIX, ROI DES ÉBURONSAmbiorix
« Gallia est omnis divisa in partes tres
Quorum unam incolunt Belgae aliam Aquitani
Tertiam qui ipsorum lingua Celtae nostra Gali apelantur
Ave Caesar morituri te salutant ! »


Dialogue maïeutique

Lucien l’âne mon ami, je suppose que tu te souviens un peu de ton latin et que comme moi (et des millions d’autres), il te serait aisé de traduire ces quelques lignes ci-dessus, et même, d’en situer l’auteur et de donner le titre de l’ouvrage dont les trois premières lignes sont extraites.

Bien évidemment, Marco Valdo M.I. et tu as eu raison de remettre Gallia avec deux « l », car ainsi était-ce dans l’ancienne Rome. Comme tu le devines, un âne comme moi a dû rabâcher et entendre rabâcher ce texte comme le chardon sauvage. C’est le début du « De bello gallico », le début de la Guerre des Gaules de Jules César, un modèle pour bien des généraux ; un des derniers en date s’appelait coïncidemment Charles De Gaulle, avec 2 « l », cette fois ce qui évite d’en faire un Charles de Gaule, sorte d’empereur héréditaire à retardement. Certains pensent qu’il s’en est fallu de peu.
Bref, pour en revenir au texte de César, il est un autre passage qu’on répète à l’envi dans les écoles de Belgique, mais sans aller au-delà de la citation tronquée et ce texte, je le cite de mémoire en latin et en français :

« Hōrum omnium fortissimī sunt Belgæ, »
« Parmi eux tous, les plus forts sont les Belges »…

On croirait un commentaire footballistique comme ceux que pondent nos brillants journalistes. C’est en quelque sorte le « Nos ancêtres les Gaulois… » dont l’école française assomma les populations africaines, asiatiques, océaniennes et américaines qui étaient sous la domination de la République.
Pour en venir à la chanson, elle décrit assez bien la réalité de l’intervention de Jules César dans la vie des hommes, où il fit ce que firent ceux qui l’avaient précédé dans la Rome républicaine et que feront ceux qui le suivront dans l’Empire romain. À ce stade, il convient de se souvenir que Jacek Kaczmarski est un auteur polonais et de ce fait, habitait un pays sujet aux invasions impériales.

Et toujours susceptible de l’être, dit Lucien l’âne. Cette perspective était, sans doute, plus nette quand Jacek Kaczmarski écrivit la chanson (1979), mais le vent tourne à nouveau et pourrait soudain amener la tempête de ce côté.

Peut-être, dit Marco Valdo M.I., la chose n’est pas à exclure. Il est des habitudes dont l’Histoire a du mal à se défaire. Mais laissons là ces supputations horrifiques. J’aimerais pour finir régler un vieux compte avec Jules César et dire deux mots de son style tant vanté. La chanson se termine sur cette phrase énigmatique : « Et Jules César s’applique à la concision de son style ! », qu’à mon sens, il faut interpréter comme une variante du lavage des mains de Ponce Pilate ou la position du chameau dans la chanson : « Le chameau s’en fout ! ». Il faut cependant accorder la chose à Jacek Kaczmarski : le style de César est concis…

Si !, s’empresse de dire Lucien l’âne. Il l’est, je l’ai lu.

Je te l’accorde aussi, reprend Marco Valdo M.I., il l’est vraiment. C’est un style militaire qui fait la joie du militaire (sûrement) et rase avec la maîtrise de Figaro le civil amateur de poésie, de finesse et d’intelligence. Depuis de nombreux autres généraux (Ulysse S. Grant, par exemple ou Jacques Massu) se sont essayés à la dissertation – c’est une manie et on pourrait en remplir une bibliothèque style empire, avec des abeilles en ornement.

Tranchons, Lucien l’âne mon ami. Le style de César est un style militaire, c’est tout dire ; un style pompier, avec le casque au ras des sourcils et un front de grande guerre. Cependant, il faut se dire que tant que durera la Guerre de Cent Mille Ans, les militaires seront des acteurs incontournables et des protagonistes inévitables de la comédie humaine. Taratata !

D’accord, Marco Valdo M.I. mon ami. Maintenant, reprenons notre tâche avec encore plus d’ardeur et nous qui nous voulons et nous pensons civils, tissons le linceul de ce vieux monde militaire, galonné, casqué, botté, discipliné et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.






« La Gaule est divisée en trois parties :
Une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains,
La troisième par ceux qu’on appelle dans leur langue Celtes ; dans la nôtre, Gaulois.
Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »

Sur l’Europe tonne le pas martial des légions
Qui annoncent la fin inéluctable de la république,
Pourrissent les collines de la Gaule de sang loyal
Et Jules César écrit ses mémoires.

« La Gaule entière est divisée en trois parties :
Une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains,
La troisième par ceux qu’on appelle dans leur langue Celtes ; dans la nôtre, Gaulois.
Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »

César, laisse-nous, quand nous conquerrons le monde entier,
Violer, piller et rassasier toutes nos passions.
Les requêtes des soldats sont les mêmes depuis des années
Et Jules César, par son silence, n’interdit pas la distraction.

« La Gaule entière est divisée en trois parties :
Une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains,
La troisième par ceux qu’on appelle dans leur langue Celtes ; dans la nôtre, Gaulois.
Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »

L’ordre nouveau civilise les peuples soumis ;
Les croix poussent le long des routes du Rhin au Nil ;
Le monde entier retentit de lamentations, de cris et de plaintes
Et Jules César s’applique à la concision de son style !

« La Gaule entière est divisée en trois parties :
Une habitée par les Belges, une autre par les Aquitains,
La troisième par ceux qu’on appelle dans leur langue Celtes ; dans la nôtre, Gaulois.
Ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »