NE
ME DEMANDEZ
PAS
Version
française – NE ME DEMANDEZ PAS
– Marco Valdo M.I. – 2021
d’après la version italienne
NON CHIEDERMI de Gian Piero Testa – 2012
d’une chanson grecque – Μη με ρωτάς – Manos Loïzos / Μάνος Λοΐζος – 1974
Texte :
Lefteris Papadopoulos
Musique : Manos Loïzos
Première
interprétation : Manos Loïzos
Autres interprétations :
Haroula Alexiou, Hristos Thiveos, Yorgos Dalaras
VILLE GRECQUE VIDE
Dialogue maïeutique
Écoute, Lucien l’âne mon ami, il y a quelqu’un qui parle, quelqu’un d’une ville. Cette ville, forcément, dans ce cas précis, est une ville grecque.
Ah, dit Lucien l’âne, une ville grecque, quelle ville grecque et que s’y passe-t-il ? Que raconte ce quelqu’un ?
Je ne pourrai t’en dire plus que ce que dit la chanson, répond Marco Valdo M.I.
Dis-le quand même, demande Lucien l’âne, car je pense que tu pourrais en savoir plus qu’il y en a l’air.
Soit, reprend Marco Valdo M.I. ; d’abord, pour ce qui est de préciser le nom de la ville, la chose est difficile, l’événement semble s’être déroulé dans plusieurs villes ou dans toutes les villes grecques en même temps. Mais en soi, c’est déjà un élément de réponse ; si la chanson ne veut pas préciser, si elle dit « Les villes sont vides et fermées. », c’est que l’affaire s’étend à l’ensemble du pays. Ce n’est pas la seule ville, c’est une ville parmi les villes. Il y a eu des mitraillades, on a fermé les villes. Les soldats patrouillent ; un camion fonce dans les rues vides. Jusque-là, on ne sait trop si c’est une invasion étrangère ou si c’est la guerre civile.
Je sais, dit Lucien l’âne. Les villes grecques ont connu ces choses-là. Dans les derniers siècles, il y eut les Turcs, les Allemands, les Grecs.
Cependant, Lucien l’âne mon ami, a bien y regarder, vu que la chanson date de 1974, je dirais qu’il s’agit de la guerre civile et particulièrement, du temps qu’on appelait ici : la Grèce des Colonels, qui occupèrent le pouvoir pendant sept ans de 1967 à 1974. Ce qui est une indication complémentaire, c’est l’atmosphère qui s’exhale du refrain :
« Ne me le demandez pas, je ne me souviens pas.
Ne me demandez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas.
Ne me regardez pas, vous me faites peur.
Ne me regardez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas. »
Oui, dit Lucien l’âne, c’est toujours comme ça sous un régime de délation et de dictature. Le couvre-feu le soir, les patrouilles de soldats dans les rues de la ville, les véhicules militaires qui foncent dans les rues vidées comme c’est le cas dans tant d’autres pays quand ils sombrent dans les mêmes circonstances. C’est un aspect de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour tenir le pouvoir, assurer leur domination, imposer le silence, dispenser la terreur, étendre et garder leurs privilèges, multiplier les richesses et toutes ces sortes de choses. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde dictatorial, terroriste, étouffant, dominateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Les mitrailleuses font le mort,
Les villes sont vides et fermées.
Un vent froid du nord
Balaie la terre désertée.
Les soldats vont lentement
Et demandent pourquoi ces combats ;
Et vous tranquillement,
Vous mettez le doigt
Sur leur tourment.
Ne me le demandez pas, je ne me souviens pas.
Ne me demandez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas.
Vous me faites peur, ne me regardez pas,
Ne me regardez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas.
Sur
la ville, le soir
tombe déjà ;
La neige recouvre les toits.
Dans la rue, un camion fonce
Et coupe en deux le silence.
Sur
la ville, le soir tombe déjà ;
La neige recouvre les toits.
Dans la rue, un camion fonce
Et coupe en deux le silence.
Les patrouilles vont prudemment,
Les ordres fusent à haute voix ;
Et vous tranquillement,
Vous mettez le doigt
Sur leur tourment.
Ne me le demandez pas, je ne me souviens pas.
Ne me demandez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas.
Ne me regardez pas, vous me faites peur.
Ne me regardez pas, ne me demandez pas, ne me demandez pas.