APOLOGIE DE L'ÂNE
Version
française – APOLOGIE DE L'ÂNE – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson
italienne – Tributo (a Fabrizio De Andrè e George
Brassens) – Massimo
LiberatoriApologie de l'âne par les femmes On a beau être âne, on n'en est pas moins homme... (Tableau de Paul Gervais) |
Là,
je te remercie, Marco Valdo M.I. mon ami... Voilà que tu m'as créé
un bien beau titre – un titre extraordinaire et pour tout dire,
inespéré , que dis-je un titre proprement admirable et
philosophique ; un titre platonicien et j'espère, platonique.
Cependant, je te le dis tout de suite, il serait méchant de faire
subir à l'âne le sort du grand Socrate, qui est d'ailleurs, on s'en
sera rendu compte depuis longtemps, un de nos maîtres. Figure-toi,
par parenthèse, que Socrate et moi, nous fîmes quelques voyages en
Attique, ce qui fut – pour moi – l'occasion de l'entendre
discourir sur mille et une choses. Mais à ce moment, je t'assure que
je ne savais pas le destin de cet hirsute vieillard, ni qu'on en
parlerait encore si longtemps après qu'il ait bu la ciguë. Nous les
ânes, on se méfie énormément des plantes et d'autant plus qu'on
ne mange quasiment que ça. On fait aussi attention à ce qu'on boit.
Je n'aurais d'ailleurs jamais imaginé qu'on ferait mon apologie...
Mais
Lucien l'âne mon ami, ce n'est pas ton apologie ; c'est
l'apologie de l'âne de Richetto.
Mais
Marco Valdo M.I., justement ! Rends-toi compte et réfléchis...
L'âne de Richetto, c'est moi. Oh, ça ne date pas d'hier cette
histoire ; elle est même assez ancienne et bien antérieure, à
celle du Gorille. C'était au temps où j'avais poussé une pointe
là-bas en Italie. J'avais rencontré Richetto au détour d'un chemin
et on était devenu comme des copains. Au moment de la chanson, il
allait me vendre... Alors, tu vois, je suis parti, non sans laisser
des traces.
Bon,
je vais faire semblant de te croire...
Mais
tu dois me croire, c'est la pure vérité vraie. Autrement qui aurait
pu savoir ce pensait l'âne de Richetto...
Peut-être
la nouvelle est-elle déjà ancienne et au demeurant, n'est-elle pas
parvenue à toutes les oreilles... Mais le « Gorille »
fut bel et bien interdit d'antennes et même, censuré. Au point que
la dernière strophe est toujours restée dans les cahiers de
Brassens ou diffusée « sous le manteau ». Allez savoir
si Fabrizio De André la connaissait... De toutes façons, elle
aurait révulsé plus encore les magistrats, espèce assez tigneuse.
Oh
mais, Marco Valdo M.I. mon ami, je la connais moi, cette fin finale
de la canzone de Tonton Georges ... Il me l'a glissée à
l'oreille (la droite ou la gauche, je ne me souviens plus...) alors
que je le promenais sur le plateau d'où l'on voit Sète les beaux
jours d'été. Qu'était-il venu faire là, je n'en sait plus rien.
Enfin, en confidence, je peux bien te révéler que la balade, il ne
la faisait pas seul...
Voici
donc, afin que nul n'en ignore, les vers manquants :
« Nous
terminerons cette histoire
Par un
conseil aux chats-fourrés
Redoutant
l'attaque notoire
Qu'un
d'eux subit dans des fourrés :
Quand
un singe fauteur d'opprob'e
Hante
les rues de leur quartier
Ils
n'ont qu'à retirer la robe
Ou
mieux à changer de métier. »
Cela
dit, cette version italienne à mon sens mélange deux chansons de
Brassens, aussi impénitentes l'une que l'autre et aussi peu
appréciées l'une que l'autre, par les autorités. Il est d'ailleurs
fréquent qu'on les confonde. Tu auras reconnu L'Hécatombe et Le
Gorille. Disons que le marché, c'est celui de Brive-la-Gaillarde où
eut lieu la célèbre Hécatombe de gendarmes ; les oreilles
renvoient quant à elles au Gorille. Car regarde bien ce qui se
passe : au départ, il y a une chanson en langue française ou
même deux, comme je viens de te le dire. Toutes les deux de Georges
Brassens. Ensuite, Le Gorille est traduit, adapté en version
italienne par Fabrizio De André et bien plus tard , reprise en une
nouvelle version, celle avec l'âne de Rochetti... dont je viens de
faire une version française... Et entre nous, mais faut pas
le répéter, cette version m'a fort amusé. Crois-moi, Lucien l'âne
mon ami, la traduction – vue comme ça – c'est un plaisir dont je
ne me lasse pas.
Un
vrai carrousel aussi, dit Lucien l'âne en riant de tout son piano.
Reprenons, si tu le veux bien notre tâche où on l'avait laissée et
tissons, tissons, comme les canuts, Marco Valdo M.I. mon ami, tissons
le linceul de ce vieux monde méprisant, méprisable par conséquent,
brutal et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Au
foirail de l'autre semaine, les belles bêtes étaient
nombreuses
L'âne de Richetto en était la vedette la plus lumineuse
Il était tout enrubanné pour faire bonne impression
Moines et commères en étaient perdus d'admiration
L'âne de Richetto en était la vedette la plus lumineuse
Il était tout enrubanné pour faire bonne impression
Moines et commères en étaient perdus d'admiration
Tout
à coup, le licol qui tenait l'animal
Se défit, on ne sait pourquoi, on avait dû le serrer mal,
Libéré, l'âne pensa, « S'ils veulent s'amuser, c'est leur droit.
Se défit, on ne sait pourquoi, on avait dû le serrer mal,
Libéré, l'âne pensa, « S'ils veulent s'amuser, c'est leur droit.
« Je
vais me trouver une ânesse, et qu'on ne m'en empêche pas ! »
Gaffe le bourriquet s'est enfui
Et
ne venez pas me dire que je ne vous l'ai pas dit !
Du sommet de son talus, l'âne contemplait
Tant de bêtes amorphes dont aucune ne lui plaisait
Alors il se précipite triste et enragé
Contre ceux qui de toujours ignorant l'avaient renommé
Du sommet de son talus, l'âne contemplait
Tant de bêtes amorphes dont aucune ne lui plaisait
Alors il se précipite triste et enragé
Contre ceux qui de toujours ignorant l'avaient renommé
Sur
cet âne , on dit bien du mal
Aux bourgeois, à tous leurs pareils
Jusqu'au tambour de ville, au garde municipal
Aux bourgeois, à tous leurs pareils
Jusqu'au tambour de ville, au garde municipal
Gaffe le bourriquet s'est enfui
Et
ne venez pas me dire que je ne vous l'ai pas dit !
Contre
cette engeance arrogante, l'âne s'était enragé
De morsures et de coups, aucun d'eux n'était épargné
Et les gens en eux-mêmes approuvaient
L'âne de Richetto qui entre ses dents, la justice avait apporté
De morsures et de coups, aucun d'eux n'était épargné
Et les gens en eux-mêmes approuvaient
L'âne de Richetto qui entre ses dents, la justice avait apporté
Une
histoire semblable, vous vous en rappelez...
Qu'à Gênes, Fabrizio chantait celle d'un magistrat
Qui, traîné par un gorille jusque dans un bois,
Criait comme l'innocent qu'à mort, il avait condamné
Qu'à Gênes, Fabrizio chantait celle d'un magistrat
Qui, traîné par un gorille jusque dans un bois,
Criait comme l'innocent qu'à mort, il avait condamné
Dans
toutes les nations, les chansons contre le pouvoir et le mal
Sont moins souvent censurées quand le héros est un animal
On rit encore de celle que fit Brassens avec le gorille
Ainsi de l'âne en mon pays, on fait aussi l'apologie.
Sont moins souvent censurées quand le héros est un animal
On rit encore de celle que fit Brassens avec le gorille
Ainsi de l'âne en mon pays, on fait aussi l'apologie.
Gaffe
au bourriquet... Gare au gorille !