mercredi 7 août 2013

Du Pain aux Oiseaux

Du Pain aux Oiseaux

Chanson française – Du Pain aux Oiseaux – Jean Yanne – 1957




Oh, Lucien l'âne mon ami, tu connais sans doute Jean Yanne et tu as certainement dans l'oreille et en tête – dans ta tête d'âne, la souvenance d'un personnage et d'une œuvre pleins de gouaille et assez abrupts par certains côtés.


Bien sûr, je connais le dénommé Jean Yanne et, je te dirais même que je l'aime beaucoup et que je garde en mémoire bien de ses chansons, de ses sketches, de ses textes et de ses films – comme acteur et comme réalisateur. J'espère d'ailleurs retrouver quelques-unes de ses chansons dans les Chansons contre la Guerre. Même si elles sont parfois, j'aurais l'idée de dire, toujours – si elles sont un mélange alchimique de vitriol comique et d'acide ironique.


D'accord, Lucien l'âne mon ami, nous apporterons quelques autres pierres de Jean Yanne au monument des Chansons contre la guerre, car celle-ci, je l'avais déjà insérée il y a quelques temps déjà en 2008. Mais, ici et maintenant (hic et nunc), je voulais te faire connaître cette chanson – jamais publiée sur disque, jamais gravée – écrite, composée et chantée par Jean Yanne... Une chanson de sa jeunesse... On y découvre un autre personnage et sans une des plus émouvantes chansons antimilitaires.


Allons-y. Moi, du Jean Yanne, je suis toujours preneur d'autant qu'il tissait à sa manière – comme nous à la nôtre – le linceul de ce vieux monde empesé, polémophile, criminel, assassin et cacochyme.



Heureusement !



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Moi, je donnais du pain pour les oiseaux
Je ramassais le chien qui buvait au ruisseau
J'étais riche d'amour beaucoup plus que d'argent
Mais je riais de tout et n'avais pas vingt ans

Si je refusais Dieu qui me refusait tout
C'est sûr qu'entre nous deux, je tenais le bon bout
Lui qui ne donnait rien mais voulait qu'on le prie
Moi qui donnais l'amour sans rien d'autre en retour

Un matin vint chez moi, botté, vêtu de bleu
Celui qui me tendit un papier fabuleux
Portant un nom de ville, un nom de régiment
Et me donnant le droit de tuer sans châtiment

Pour avoir refusé l'uniforme à mon dos
A vingt ans dépassés, j'ai passé le falot
Des hommes médaillés du bas-ventre au képi
Pour ce fait, ont jugé que j'avais mal agi

Moi qui rêvais de ciel et de bateaux
Me voici enfermé au fin fond d'un cachot
Ma cellule est bien triste et n'a pas de hublot
Mais au mur un artiste a gravé quelques mots

Je chanterai encore et chanterai toujours
Car même si la mort ou le manque d'amour
Font tomber le malheur ou la terre sur mon dos
J'ai donné tout mon cœur et du pain aux oiseaux