Chanson
italienne – Ninna
Nanna ai Settecento – Compagnia
Daltrocanto – 2017
La
guerre, l’avidité d’argent et de pouvoir, la prévarication de
l’homme sur l’homme. Ce sont des réalités terribles qui
aujourd’hui forcent beaucoup à abandonner leur terre à la
recherche d’un futur meilleur, disposés à risquer leur vie
« Parmi les vagues
et les peurs, les
rêves et les
courants ». Et alors, face à la désespérance, face à
la négation de l’espoir, le risque de se trouver toujours « Qui
dorment sous la mer et dans ses châteaux »
devient tout à coup un poids supportable.
Voici
la triste réalité quotidienne que nous avons essayé de raconter
dans notre dernier travail, en y mettant tout notre cœur et notre
amour pour la vie. Afin que dans les châteaux de la mer, ne doive
jamais plus dormir personne…
Dialogue
maïeutique
Voici
donc, Lucien l’âne mon ami, une « ninna nanna »,
encore une « ninna nanna », mot, concept désignant une
sorte de chanson et que mon dictionnaire traduit généralement par
le mot français « berceuse » et j’avais d’ailleurs
intitulé ma version « Berceuse pour les Sept Cents ».
Cependant, après avoir établi la version française définitive de
cette canzone, j’ai modifié le titre pour mieux rendre le sens du
texte en « Complainte pour les Sept Cents ».
Je
vois ça, dit Lucien l’âne, mais j’aimerais que tu m’expliques
le pourquoi de ce revirement.
Je
m’en vais accéder à ta demande, répond en souriant Marco Valdo
M.I., à l’instant. Mais avant ça, je voudrais faire une
parenthèse à propos de la « ninna nanna » comme genre
particulier de la canzone ; car si à l’origine, la « ninna
nanna » est une berceuse destinée aux enfants que l’on met à
dormir et donc, en clair, une chanson pour enfants, tout comme pour
la bande dessinée, elle a été utilisée comme genre musical
particulier et spécifiquement, par dérision ou par antonymie, dans
le domaine de la chanson adulte comme pamphlet, épigramme ou satire
politique ou sociale.
Si
je me souviens bien, Marco Valdo M.I., tu avais toi-même utilisé
une berceuse célèbre pour ta chanson « La
troisième Guerre »,
reprenant une comptine utilisée par Mozart pour une série de
variations, connue sous le titre « Ah, vous dirais-je,
maman ! » et
également en langue française : « Quand trois poules
vont aux champs ».
Évidemment,
Lucien l’âne mon ami, les ânes ont une très bonne mémoire et
meilleure que la mienne, car je ne me souvenais plus du titre de
cette comptine mozartienne revisitée. Maintenant,
pour en revenir au pourquoi, je te dirai d’abord qu’il faut se
souvenir que je ne découvre véritablement le sens des chansons
qu’au moment où j’en ai fini la traduction, que lorsque je peux
en lire la version en français. Comme je l’ai déjà souvent
signalé, si je traduis, c’est d’abord pur comprendre. Ceci dit,
ce que j’en comprends est forcément personnel et peut être assez
différente de ce qu’un autre pourrait en dire.
Oh,
dit Lucien l’âne en hochant le front, il n’y a rien là de
gênant. Au contraire, c’est un des effets de la polysémie et voir
les choses sous divers angles st plutôt une bonne chose. Mais
dis-moi, la chanson que raconte-t-elle ?
Pour comprendre vraiment le sens, Lucien
l’âne mon ami, il faut tenir compte du titre « Complainte
pour les 700 », car cette ninna nanna de berceuse a glissé
vers la lamentation et de ce quatrain qui revient et revient par un
tempo obsessionnel pour marquer le vrai sens :
« Maintenant
dors mon enfant chagrin !
Que demain, la lumière du matin
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire. »
Que demain, la lumière du matin
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire. »
Vois-tu,
mon ami l’âne Lucien, tout tourne autour de ce naivre, qui n’est
autre qu’un de ces navires,
bateaux, rafiots, radeaux qui transportent des réfugiés vers
l’Europe,
une
sorte de « Radeau
de Lampéduse ».
Ça
se pourrait, dit Lucien l’âne. En attendant, nous autres, nous
allons reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde
triste, malade, mercantile, mortifère et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
y a sept cieux
par-dessus notre
terre,
Bernée et blessée par cette guerre,
Sept étoiles de la Petite Ourse,
Sept notes de ma tristesse.
Bernée et blessée par cette guerre,
Sept étoiles de la Petite Ourse,
Sept notes de ma tristesse.
Et
sept mers caressées par les vents.
Parmi les vagues et les peurs, les rêves et les courants,
Sept cents sont mes fils les plus beaux
Qui dorment sous la mer et dans ses châteaux
Parmi les vagues et les peurs, les rêves et les courants,
Sept cents sont mes fils les plus beaux
Qui dorment sous la mer et dans ses châteaux
Maintenant
dors mon enfant chagrin !
Que demain, la lumière du matin
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Que demain, la lumière du matin
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Maintenant
dors mon enfant chagrin !
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Sept
diamants dans mes yeux de femme,
Sept crevasses dans cette colonne,
Sept épines qui frappent mon ange
Et font saigner mon cœur de mère.
Sept crevasses dans cette colonne,
Sept épines qui frappent mon ange
Et font saigner mon cœur de mère.
Maintenant
dors mon enfant chagrin !
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Maintenant
dors mon enfant chagrin !
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.
Que la lumière du matin demain
Efface tout signe du mal du monde
Et éloigne de toi ce navire.