La Femme de Lamme
Chanson
française – La
Femme
de Lamme
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 74
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXIX)
Ulenspiegel le Gueux – 74
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXIX)
Dialogue
Maïeutique
La
Femme de Lamme, dit Lucien l’âne, me fait penser par sa cadence à
La Cane de Jeanne de Brassens et je me demande même si tu n’y as
pas pensé toi aussi lorsque tu as choisi ce titre.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, tu es un devin plein de prescience ou
alors, tu me connais très bien, car c’est exactement ce qui s’est
passé. Tout comme j’ai en tête des jeux d’allitérations tels
que la flamme de Lamme, la femme de flamme et toutes sortes de
variantes assez bizarres.
Je
te connais assez, en effet, Marco Valdo M.I. mon ami, pour savoir que
les mots dansent dans ta tête une rumba d’enfer ; ils sautent
dans tous les sens et s’alignent en des constellations
perpétuellement changeantes. Mais dis-moi, la chanson, que
raconte-t-elle ?
On
sait depuis le début que Lamme cherche sa femme et que c’est même
la raison qui le pousse à suivre son ami Till dans cette odyssée du
Nord. Il y avait là un mystère proprement irrésolu et inquiétant :
qu’est devenue la femme de Lamme, pourquoi est-elle partie? Ce
mystère va être partiellement éclairci par la chanson : on va
savoir comment et pourquoi la femme de Lamme est partie. Cependant,
on ne sait pas où. On va aussi savoir que Lamme la croit fidèle et
pourquoi.
Bien,
bien, Marco Valdo M.I. mon ami, je bous de le savoir. Dis-le moi tout
de suite.
Donc,
Lucien l’âne mon ami, Lamme et sa femme étaient les gens les plus
heureux ensemble ; Lamme adorait sa femme et elle l’aimait
d’amour et comme il est dit dans les astres, ils s’aiment
toujours encore. Mais c’était compter sans l’intervention d’un
religieux qui sut convaincre la femme de consacrer à Dieu sa vertu ;
ainsi, un jour, elle commença à se refuser à Lamme et quelque
temps plus tard, elle s’en fut. Où ça ? Mystère !
Depuis Lamme la cherche partout et mène cette longue recherche et
s’engage dans la guerre pour retrouver son tranquille bonheur qu’un
représentant de Dieu lui a volé. Voilà pour l’anecdote et cette
anecdote de cette amoureuse poursuite est une parabole, une métaphore
de la poursuite de la tranquillité perdue du peuple des Pays et de
la résistance des Gueux à l’occupant espagnol, à son égérie,
l’Inquisition et à sa toute puissant maîtresse, l’Église
catholique.
C’est
en quelque sorte aussi un récit harmonique de la légende de Till et
Nelle et un écho résonnant de la guerre de libération ; ce
sont des histoires qui s’imbriquent les unes dans les autres.
Oh,
dit Lucien l’âne, une histoire d’amour pour conter l’Histoire,
voilà qui est romantique. Maintenant, reprenons notre tâche et
tissons le linceul de ce vieux monde religieux, dominateur,
escamoteur, manipulateur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
femme de Lamme s’en
est allée
À
Bruges ; elle est revenue bien changée.
Ma
femme, dit Lamme, m’aime trop
Comme
moi, je l’aime ce tantôt.
Ce
jour-là, elle me dit au doux instant,
« Il
nous faut vivre comme des amis.
Je
t’aime Lamme, tu es mon
mari,
Pénitence
et vertu me tiennent à présent.
Oh,
bon Lamme, jusqu’aujourd’hui,
Tu
cuisinas, tu balayas notre logis.
Tu
m’épargnas tout effort,
Mon
homme, je vais te servir jusqu’à la mort.
Te
servir humblement, mon bel ami,
Mais
rien de plus, mon chéri. »
« Ô
femme, ne sépare par ces cœurs
Et
ces corps, unis dans le bonheur ! »
« Il
le faut, mon aimé, j’ai juré.
J’ai
fait vœu
Par-devant
Dieu
Et
le prêtre qui m’a conseillé. »
« Dès
ce moment-là,
Elle
ne voulut plus de moi
Comme
son époux véritable.
Voyez
ma situation épouvantable.
Je
lui dis : « M’amie, mon Pot au feu d’amour,
Que
vous êtes grasse, mignonne et tendre !
Avec
quelle autre poulette m’entendre ?
Où
va, rivière fraîche, le chemin de ton cours ?
Je
ne mangerai plus de toi encore ?
Où
sont tes baisers au thym,
Ta
bouche rosée du matin,
Ton
cœur,
ton sein, le frisson de ton corps ?
Quelle
piété absurde de me délaisser,
Jeunes
encor et pas encore vieux,
Pour
satisfaire aux caprices d’un dieu
Jaloux
sans doute de nos baisers.
Oh,
ma femme, je te retrouverai
Et
de cette religieuse passion,
Je
te délivrerai.
Foi
de Lamme, foi de garçon ! »