LES DÉSERTEURS
Version française — LES DÉSERTEURS — Marco Valdo M.I. — 2022
Chanson italienne — I disertori — Andrea Sigona — 2022
ENFANTS JOUANT AU SOLDAT
Francisco Goya — 1779
Nous avions des fusils de bois, des mouchoirs sur le visage,
De fausses barbes et des pastels pour faire les Indiens.
Nous avons vu la poudre noire près des grillages,
Nous avons gagné toutes les guerres sans les humains.
On regardait les nuages blancs entre les étoiles,
La pluie trempait nos pantalons, on avait peur.
Et les premières poésies d’amour… Les plus belles…
On
criait, riait, plaisantait, on rêvait de deux cœurs.
La guerre arriva pour de vrai et appela aux armes,
Sur nos visages, faim, soif, peur et silence,
Une géométrie de rayons, de tirs et de lumière,
La vie se gelait derrière la lune obscure.
Le laid temps noir arriva entre mille questions
Pour nous, pêcheurs de sel, paysans de rien.
On a compris et vint le jour de fuir au loin
Dans les bois, sur les sentiers ivres vers l’horizon.
À
présent, plages et monts reposent certains soldats ;
Le retour est toujours heureux pour qui rentre chez soi.
Comme histoires et utopies, la neige sur les prés fuit
Et ce ciel aujourd’hui, à le voir, on pleure et on maudit.
La guerre s’arrêta pour de bon et on redevint manœuvres.
Et sur chaque visage, fatigue, peur, soif et faim…
Les phares, géométries lointaines de lumière.
Le Duce est pendu, la mort décampe pour rien.