Chanson
allemande – Ballade
vom Paragraphen 218 – Bertolt Brecht – 1929
Poème
de Bertolt BrechtMusique de
Hanns Eisler et par la suite aussi de Gustavo Beccerra-Schmidt
(1925-2010), compositeur chilien, exilé en Allemagne en tant 1973 et
naturalisé allemand.
MON VENTRE M'APPARTIENT ! |
Peut-être
la première chanson au monde en défense de l'interruption de
grossesse et contre les lois faites contre les femmes…
L'avortement
a toujours été et est encore illégal en Allemagne, même si en
1995, la loi a été modifiée en introduisant des exceptions et
conditions de circonstances atténuantes.
«
En Allemagne pré-nazie, l'avortement était régi par l'article 218
du Code introduit par la République de Weimar. Il prévoyait la
licéité de l'avortement au cas où l'accouchement aurait mis en
danger la vie de la mère.
Les
nazis ne modifièrent pas la loi si ce
n'est en permettant l'avortement au cas où
la naissance des enfant serait
un danger pour l'hygiène
raciale
allemande. En d'autres termes, l'avortement était
permis pour supprimer des croisements raciaux
non désirés. Pour le reste l'avortement était strictement
défendu.
En
1937, les médecins qui pratiquaient des avortements étaient punis
de 10 ans de
prison et – en 1939 – l'avortement non autorisé fut considéré
comme une trahison
envers le peuple
allemand et punissable
de la peine de
mort. Il n'était
parallèlement pas permis à la femme quelque planification des
naissances scientifiques
en mettant hors la loi
tous les moyens anticonceptionnels.
L'avortement
pour les nazis n'était pas tellement lié à la femme comme telle
mais à l'appartenance raciale de la femme. En effet, tandis qu'on
défendait aux femmes aryennes allemandes toute possibilité de
décider de sa maternité, on autorisait par la loi les femmes juives
à avorter sans devoir demander d'autorisations aux tribunaux
allemands.
En
1943, était concédé et encouragé l'avortement aux travailleuses
étrangères forcées employées dans les usines allemandes. Le
problème de l'avortement donc était lié à la « racialité
de la femme ». Nié à la femme aryenne
allemande, tenue
à engendrer le plus
possible, autorisé et encouragé pour les femmes « racialement
inférieures ».
Les
motivations nazies contre l'avortement n'étaient ni morales ni
éthiques mais démographiques et raciales. La femme allemande avait
un pouvoir décisionnel limité sur sa maternité : les enfants
n'étaient pas le fruit exclusif de la maternité mais une
« propriété » du peuple allemand entier.
Ne
pas avoir d'enfants ou, pire, avorter signifiait priver le peuple de
son futur. La femme qui s'opposait à sa maternité de fait était
coupable de trahison envers le peuple et l'État. »
Voici,
Lucien l'âne mon ami, une chanson de Bertolt Brecht (1929) qui
précède la chanson Golden
Shoot à Stuttgart [[41548]]
(2012), que j'avais tirée d'un texte de Günter Grass de 1999 et qui
raconte une Histoire d'Allemagne de 1971. D'ailleurs, si le cœur
t'en dis, tu peux aller lire toutes les Histoires d'Allemagne de la
première à la dernière, année par année, de 1900 à 1999 sur le
blog qui leur est consacré à l'adresse :
http://ansdegrass.blogspot.be/.
C'est un kaléidoscope de l'Allemagne du siècle dernier… Bien
évidemment, tu les retrouves toutes sur le sites de Canzoni contro
la Guerra, mais dispersées au milieu de milliers d'autres. Là,
elles
sont
plus difficiles à appréhender comme un tout, qu'elles sont. Un bloc
de 100 chansons, précédées de deux cantates tirées des « Bananes
de Koënigsberg » d'Alexandre Vialatte. Tout cela avait
nécessité plusieurs années de travail.
Mais
dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, quel est le sujet qui les
rassemble ces chansons, je veux dire celle de Brecht et le Golden
Shoot à Stuttgart ?, dit Lucien l'âne en lançant un regard un
peu égaré. Je vois qu'il s'agit d'un paragraphe 218, mais encore ?
À
mon sens, je dirais plutôt de l'article 218, mais je n'en suis pas
certain. Comme tu le sais, je ne suis pas Allemand et encore moins,
un juriste allemand. Cependant, je peux te préciser qu'il s'agit
d'un article du Code pénal. Cela dit, il s'agit de la législation
allemande qui régit l'avortement et elle est plutôt dure, assez
rigide et peu compatissante à l'égard des femmes. Elle reste ancrée
dans des conceptions assez marquées par les interdits religieux.
Cela dit, ce n'est pas le cas de la seule Allemagne. Le cas le plus
paradoxal est celui de l'Italie, où la population et les femmes
avaient conquis le droit légal à l'avortement et même, avaient
obtenu la mise sur pied de services de santé appropriés et où,
sous la pression de l'Église Catholique – je te rappelle que
globalement, l'Italie est un véritable Catholand ou un Catholikistan
– des médecins renient quotidiennement leur serment d'Esculape,
c'est-à-dire leur engagement solennel de médecin et la déontologie
de leur profession pour se réfugier derrière le paravent honteux
d'une soi-disant objection de conscience, dictée par leur religion.
Comme quoi, les religieux et les religions veulent toujours ramener
les hommes dans le troupeau et aux asservissements grégaires. Ah,
les bons pasteurs et leurs brebis bêlantes !
La
peste soit des religions et des religieux, dit Lucien l'âne en
dressant sa crinière. Ces gens-là ne voient dans les femmes que des
reproductrices ou des machines à plaisir. Ce sont des éleveurs de
bestiaux ou des maquereaux. Ils n'ont que le cheptel en tête. C'est
ignoble. Franchement, je les déteste.
Il
y a en effet de quoi, quand on voit les massacres et les drames
qu'ils ont
causés, toutes religions confondues (théistes,
déistes ou athées), dès lors qu'elles
sont majoritaires ou ont des velléités expansionnistes.
Ainsi,
dit Lucien l'âne en s'étirant les jambes antérieures, on est amené
à penser que l'humaine nation ne pourra accoucher de l'homme et
l'homme ne pourra atteindre à son entière humanité que du jour où
les religions auront disparu. Certes, à vue de nez d'âne, ce n'est
pas demain, mais c'est en substance, la seule voie possible. Alors,
reprenons notre tâche et tissons le linceul ou le suaire, c'est
selon, de ce vieux monde religieux, pernicieux, hypocrite et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Monsieur
le docteur, la période…Allons,
réjouissez-vous
plutôt
Que le taux de populationPuisse un peu s'élever.
Monsieur le docteur, sans logement…Allons, vous trouverez bien encore un lit.
Là, vous pourrez le soigner un peu
Et le tenir serré contre vous.
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon.
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça,vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant, soyez mère et point final.
Que le taux de populationPuisse un peu s'élever.
Monsieur le docteur, sans logement…Allons, vous trouverez bien encore un lit.
Là, vous pourrez le soigner un peu
Et le tenir serré contre vous.
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon.
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça,vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant, soyez mère et point final.
Monsieur
le docteur, un chômeur,
Ça ne peut pas avoir d'enfants…
Allons, ma petite dame, c'est un
Stimulant pour votre homme.
Monsieur le docteur, je vous prie,…. Mme Renner,
Là, je ne peux pas vous comprendre.
Voyez-vous, ma petite dame, l'État a besoin d'hommes
Pour faire fonctionner les machines.
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon.
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça, vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant, soyez mère et point final.
Ça ne peut pas avoir d'enfants…
Allons, ma petite dame, c'est un
Stimulant pour votre homme.
Monsieur le docteur, je vous prie,…. Mme Renner,
Là, je ne peux pas vous comprendre.
Voyez-vous, ma petite dame, l'État a besoin d'hommes
Pour faire fonctionner les machines.
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon.
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça, vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant, soyez mère et point final.
Monsieur
le docteur, où vais-je donc dormir…
Mme Renner, ne jacassez pas.
Seulement, au départ, vous voulez le plaisir
Et ensuite, vous ne voulez pas faire votre devoir.
Et quand nous faisons ce qui interdit
Alors, nous savons bien, ce que nous faisons
Et soit, soyez tout à fait rassérénée
Et laissez-nous nous occuper de ça, oui ?
Et maintenant,
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça,vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant soyez mère et point final.
Mme Renner, ne jacassez pas.
Seulement, au départ, vous voulez le plaisir
Et ensuite, vous ne voulez pas faire votre devoir.
Et quand nous faisons ce qui interdit
Alors, nous savons bien, ce que nous faisons
Et soit, soyez tout à fait rassérénée
Et laissez-nous nous occuper de ça, oui ?
Et maintenant,
Soyez une bonne petite mère
Et fournissez un beau bout de chair à canon
Vous avez un ventre pour ça, et aussi, pour ça,vous devez
Vous savez quoi
Et maintenant pas de connerie
Et maintenant soyez mère et point final.