Un
Branle-bas en Bohême
Chanson
française – Un Branle-bas en Bohême – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 46
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Oui,
Lucien
l’âne mon
ami, j’anticipe
ton inévitable question à propos du titre : » Un
Branle-bas en Bohême » ? Qu’est-ce à dire ?
D’abord,
il faut préciser ce qu’est un branle-bas, du moins au sens où il
est employé ici. Comme on est en Bohême, qui est une région
d’Europe Centrale, nullement maritime et
franchement montagneuse, il va de soi que le branle-bas ne peut être
celui en vigueur dans la marine à voile : une manœuvre
destinée à plier et déplier les hamacs – les-dits hamacs étant
nommés les branles, du fait qu’à l’usage, ils se balançaient,
ils s’agitaient de bas en haut, de gauche à droite, et
inversement. Tel était le sens d’origine de cette curieuse
expression. Le branle-bas n’est pas non plus ce qui faisait tant
rire les gamins de mon école. Pour fait court, je te dirai qu’il
s’agit de ce moment d’alerte où tout brusquement est désordonné,
chaotique avant de se recomposer pour le combat. Ramené à la Bohême
de 1805, c’est cette agitation qui naît de l’annonce de la
guerre et de la mobilisation qui s’ensuit.
Autant
dire, commente Lucien l’âne, que la chanson pourrait s’intituler
« Mobilisation générale en Bohême ».
Exactement,
reprend Marco Valdo M.I. ; en fait, la chanson raconte, vue du
camp autrichien, de la cour de François Ier, le début d’une de
ces guerres napoléoniennes. En gros, le Kaiser avait eu l’idée de
chasser les Français de Bavière. Napoléon arriva en force et défit
les armées de Mack. L’affaire
se termine en une sorte de joyeuse entrée à Vienne : les
habitants applaudissaient aux fenêtres, il n’y avait pas eu de
combat. Quelques semaines plus tard, c’était la bataille des Trois
Empereurs à Austerlitz. Tel est le contexte historique.
Ah,
dit Lucien l’âne, je pense qu’il y a déjà une chanson sur
cette bataille où il est question de Koutouzov
et son scepticisme quant aux ambitions du tsar. Au fait, pour rester
dans l’actualité et faire un clin d’œil
à ta dernière chanson « Le
Vî Russe ou la Victoire de l’Amour », on
peut dire qu’assurément, Koutouzov en était un de vî Russe.
Oui,
Lucien l’âne mon ami, tu as toujours ta mémoire d’un âne,
digne des fables de la comtesse Rostopchine. Quant à la chanson,
elle s’intitulait « Le
Sommeil Tranquille de Koutouzov ». Pour
en revenir à notre histoire d’Arlequin déserteur, ce nouvel accès
de fièvre guerrière ne va certainement pas lui permettre de
connaître la vie tranquille qu’il recherche depuis longtemps. Vois
le dernier verset où il est dit :
« C’est
le branle-bas en Bohême, en somme .
On
enrôle jeunes, vieux, tous les hommes ;
Tous
y passent, fermiers, mariés, estropiés,
Artistes,
vagabonds, nul ne peut y couper. »
Ça
s’annonce mal, en effet, répond Lucien l’âne, pour le
déserteur. Mais c’est toujours ainsi dans la
Guerre de Cent Mille Ans, que
les riches et les puissants font sempiternellement pour se départager
les dépouilles des pauvres et assurer leur propre domination, leurs
privilèges et étendre leur imperium sur les populations humaines.
Au fait, la question se pose de savoir comment être riche et
puissant, s’il n’y a pas de pauvres et de dominés ; en
corollaire, on est d’autant plus riche et plus puissant qu’il y a
plus de pauvres et plus de dominés. Enfin, comme on dit au théâtre,
le décor est planté ; attendons les trois coups. Pour l’heure,
tissons le linceul de ce vieux monde caduc, perclus, inconscient,
paniqué, absurde et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
guerre lorgne le pays.
François,
l’Empereur, est mal pris :
Son
étoile est mal placée,
La
Cacanie est mal préparée.
Rien
ne tient : ni ses officiers,
Ni
ses fantassins, si ses chevau-légers.
Sa
monnaie, ses réserves, tout à fondu.
Pauvre
souverain, il est tout perdu.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
L’Europe
ressemble peu à une orangerie
Et
le Kaiser n’a rien d’un oiseau de Papouasie.
Il
choisit le camp des Russes et de l’Angleterre ;
Mauvaise
affaire, que va-t-il faire dans cette galère ?
Le
Corse s’élance, vif comme l’éclair,
Les
armées de France traversent le continent,
Foncent
en Bavière allègrement
Et
triturent l’adversaire comme des pommes de terre.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Avide
de gloire, le tsar entre dans la danse
Pour
vaincre les gens de France.
Koutouzov
n’aime guère la guerre
Et
déconseille l’aventure militaire.
C’est
le branle-bas en Bohême, en somme .
On
enrôle jeunes, vieux, tous les hommes ;
Tous
y passent, fermiers, mariés, estropiés,
Artistes,
vagabonds, nul ne peut y couper.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.