BALLADE
DES
HABITS
BLANCS
Version française – BALLADE DES HABITS BLANCS – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après
la version italienne BALLATA DEI VESTITI DI BIANCO de Frantziscu
Màsala / Francesco Masala
d’une
Une
ballade, un poème-chanson (autrement dit : « cantone »)
qui m’a rappelé des chansons comme Io
so che un giorno de Ivan Della Mea ou Emigrato
su in Germania et E
qualcuno poi disse de Gianni Nebbiosi…
Écoutez,
bonnes gens,
Depuis que monde est monde,
Toujours tournent en rond
Tournent toujours en rond
Les habits blancs.
Depuis que monde est monde,
Toujours tournent en rond
Tournent toujours en rond
Les habits blancs.
Depuis
on ne sait plus quand,
Dans ce champ de blé
Le moissonneur ne vient
Jamais, ni aujourd’hui, ni demain.
Dans ce champ de blé
Le moissonneur ne vient
Jamais, ni aujourd’hui, ni demain.
Amis
mal embarqués,
Compagnons de malheur,
Écoutez cette histoire,
C’est une histoire de vie,
Une histoire de mort.
Compagnons de malheur,
Écoutez cette histoire,
C’est une histoire de vie,
Une histoire de mort.
Mon
père paysan
Avait le ventre gorgé
De pain d’orge et d’eau,
Il moissonnait sous le soleil
Les épis rabougris.
Avait le ventre gorgé
De pain d’orge et d’eau,
Il moissonnait sous le soleil
Les épis rabougris.
Ma
mère, œil de
chèvre,
Était une chèvre sans lait ;
Chaque nuit, toute la nuit,
À une poupée de chiffons
Elle chantait sa berceuse.
Était une chèvre sans lait ;
Chaque nuit, toute la nuit,
À une poupée de chiffons
Elle chantait sa berceuse.
Après,
sont venus
Les dieux de Milan :
Abandonne la terre, m’ont-ils dit,
Travaille à l’usine,
Tu seras ouvrier.
Les dieux de Milan :
Abandonne la terre, m’ont-ils dit,
Travaille à l’usine,
Tu seras ouvrier.
Ils
m’ont pris ma
terre
Et il m’est advenu ceci :
semer des briques,
Des tuyaux, des alambics,
Des cheminées,
Des trappes, des pièges,
Des engins infernaux :
Charger, décharger, monter,
Suer, peiner, démonter,
Visser, pousser, tourner,
Pincer, tenailler, tirer.
Et il m’est advenu ceci :
semer des briques,
Des tuyaux, des alambics,
Des cheminées,
Des trappes, des pièges,
Des engins infernaux :
Charger, décharger, monter,
Suer, peiner, démonter,
Visser, pousser, tourner,
Pincer, tenailler, tirer.
La
fabrique de brouillard
Marchera toute seule, elle est cybernétique :
Je ne suis pas devenu ouvrier,
Je ne suis plus métayer,
Je suis seulement inoccupé.
Marchera toute seule, elle est cybernétique :
Je ne suis pas devenu ouvrier,
Je ne suis plus métayer,
Je suis seulement inoccupé.
Une
valise liée avec la ficelle,
Émigré en Allemagne :
Dans les usines de ces patrons
Qui chaque soir se parfument
Le cul à l’eau de rose.
Émigré en Allemagne :
Dans les usines de ces patrons
Qui chaque soir se parfument
Le cul à l’eau de rose.
« Chaîne
de montage » :
Charge, décharge, monte,
Sue, peine, démonte,
Visse, pousse, tourne,
Pince, tenaille, tire,
« Travaille… travaille… vite…
Travaille… vite… travaille… »
Charge, décharge, monte,
Sue, peine, démonte,
Visse, pousse, tourne,
Pince, tenaille, tire,
« Travaille… travaille… vite…
Travaille… vite… travaille… »
Une
valise liée d’une
ficelle,
Maltraitée
Par l’infortune.
Nous vivons dans des baraques,
Nous sommes mille là-dedans :
Qui dort, qui mange,
Qui fume, qui boit,
Qui écrit, qui lit,
Qui crache, qui prie,
Qui jure, qui déprime,
Qui va au travail,
Qui revient du travail,
Jour et nuit, nuit et jour.
Maltraitée
Par l’infortune.
Nous vivons dans des baraques,
Nous sommes mille là-dedans :
Qui dort, qui mange,
Qui fume, qui boit,
Qui écrit, qui lit,
Qui crache, qui prie,
Qui jure, qui déprime,
Qui va au travail,
Qui revient du travail,
Jour et nuit, nuit et jour.
M’a
écrit une lettre :
« Pourquoi ne reviens-tu pas ? Je suis seule
Comme un sillon sans semence ».
Étendu sur le côté,
Je pense à son visage adoré.
« Pourquoi ne reviens-tu pas ? Je suis seule
Comme un sillon sans semence ».
Étendu sur le côté,
Je pense à son visage adoré.
Papillons
de la mémoire
Et tarentules noires
Me mordent le cœur :
Je ne sais plus qui je suis…
Je ne suis plus rien…
Librium… Camisole de force…
Électrochoc… Douche froide…
Et tarentules noires
Me mordent le cœur :
Je ne sais plus qui je suis…
Je ne suis plus rien…
Librium… Camisole de force…
Électrochoc… Douche froide…
Compris,
bonnes gens ?
Je suis revenu et ils m’ont mis maintenant
Parmi les habits blancs
Qui toujours en rond tournent,
En rond toujours tournent
Depuis que le monde est monde
Comme de pauvres types
À chaque jour compter
Depuis on ne sait plus quand,
Dans ce champ de blé
Le moissonneur ne vient
Jamais, ni aujourd’hui, ni demain.
Je suis revenu et ils m’ont mis maintenant
Parmi les habits blancs
Qui toujours en rond tournent,
En rond toujours tournent
Depuis que le monde est monde
Comme de pauvres types
À chaque jour compter
Depuis on ne sait plus quand,
Dans ce champ de blé
Le moissonneur ne vient
Jamais, ni aujourd’hui, ni demain.