vendredi 4 septembre 2020

MARIO LE PRÉCAIRE


MARIO LE PRÉCAIRE

Version française – MARIO LE PRÉCAIRE – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – Mario il precarioFranco Trincale – 2005 (?)





La vie est un droit et pouvoir vivre est juste

Tableau de George Grosz - 1920


Dialogue Maïeutique


Mario le précaire est un personnage emblématique, une image, une figure de la tragi-comédie humaine et son destin – il a raison de la dire Mario est celui de millions de gens et encore, il a de la chance d’être né dans cette partie du monde en cette époque où depuis un certain temps – très court au regard de l’histoire, il existe des mécanismes qui amortissent – sans rien résoudre – les effets les plus calamiteux de la misère.

En somme, dit Lucien l’âne, on ne soigne pas le malade, on lui donne juste assez pour assurer sa survie et un peu de drogue pour calmer son angoisse et par la même occasion, l’anesthésier assez pour lui ôter toute envie et toute capacité d’agir.

C’est en effet, Lucien l’âne mon ami, la situation de Mario le précaire et on le tient ainsi à la laisse courte.

Cependant, reprend Marco Valdo M.I., il faut noter que Mario réagit encore ; d’une part, il se conforme aux règles du système et que faire d’autre dans son cas ? ; d’autre part, il tente d’en sortir en exposant son malheur. Ainsi, il vit encore, il fait connaître son existence. Sinon, qui penserait à lui ? Il espère et revendique un travail, n’importe quel travail, sinon menace-t-il, ceux comme lui, ils se rebelleront. On ne sait même pas si lui-même en sera. C’est une chanson de désespoir ; c’est la Guerre de Cent Mille Ans, que les riches font pour écraser les pauvres, pour les tenir en laisse, pour les contraindre à la juste misère, c’est la Guerre de Cent Mille Ans, vue par un de ceux qu’elle écrase.

Au fait, dit Lucien l’âne, comment en sortir puisque l’ambition générale des dominés est d’accéder au mode de vie des dominateurs, celle des pauvres de devenir riches, et ainsi de suite dans tous les domaines de la vie ? Que faire si on vit dans un monde affolé par l’avidité, l’ambition, l’apparence et l’arrogance ? Que faire d’un pareil monde qui instille son poison dans le cœur et l’âme des gens ? Comment extirper ce virus social, cette pandémie qui se passe de génération en génération ? Certains y arrivent pourtant. Mario le précaire, peut-être un jour, s’il continue à penser, découvrira une manière de vivre sa vie. Dans le fond, c’est tout ce qu’il demande et en cela, il a raison. Il y a d’abord pour lui l’impératif du ici et maintenant.

On ne saurait lui donner tort, reprend Marco Valdo M.I. ; surtout, en attendant que les désespérés finissent par se révolter. Et même en ce cas, il y a de quoi réfléchir avec tous les exemples qu’on peut examiner depuis Spartacus ou même encore avant jusqu’aux derniers grands mouvements. L’avenir de l’humanité est devant elle, mais on ne sait où. D’ailleurs, elle doit se construire, elle est encore à faire et ne pourra se faire tant qu’il y aura des hommes (ou des femmes) qui ambitionneront la richesse (car pour qu’il y ait un riche, il faut qu’il y ait des pauvres et le plus possible, pour que le riche soit plus riche, puisqu’il s’agit d’un phénomène relatif) ou le pouvoir (car pour être puissant, il faut obligatoirement des autres à dominer et plus y en a et plus la domination est forte, plus la puissance est plaisante aux yeux du puissant).

Certes, dit Lucien l’âne, il y a de quoi réfléchir. On voit assez bien l’objectif, mais comment y parvenir, la chose est beaucoup moins claire. On n’en sortira pas tant qu’il y aura des êtres pétris d’arrogance ou pénétrés de leur importance ou encore, imbus de leur apparence. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde arrogant, ambitieux, avide, autosatisfait et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Voici l’histoire de Mario le précaire
Avec ses jambes en l’air et son cul par terre.
Il n’a pas eu de salaire depuis trois mois
Et à nouveau, il recommence son calvaire.

Il feuillette et refeuillette les journaux
Il hante les agences, les offices, les bureaux,
Le WWW, obstiné, rien ne l’arrête,
Il cherche un emploi sur Internet

Ses derniers euros, putain !
Pour le téléphone, le bus et le train.
Mais de travail, pas une trace ;
Il serre la ceinture et les jours passent.

Il triture son esprit et se force à penser :
Que pourrais-je inventer ?
Je ne suis pas capable de voler.
Je veux la paix, mais il me faut manger.

Je joue de la guitare, déjà ;
Et puis, j’ai une jolie voix.
Et je ferais n’importe quoi
Pour ne pas finir en croix.

Alors, il chante son histoire,
Son histoire et celle de millions d’autres
Sans travail, sans diplôme, sans salaire,
L’histoire de millions de travailleurs précaires.

Je suis au chômage, accroché à un rocher
Et ne me dites pas que je ne veux pas travailler.
J’accepte toute offre pour rester en vie,
J’attends sur le banc pour rentrer dans la partie.

Le diplôme, la réussite, papiers juste bons à jeter.
Je ne sais que faire et je ne veux pas voler.
Mon père et ma mère ne voulurent pas avorter.
Je suis donc venu au monde pour ne pas pécher
Et il y en a beaucoup, pleins de colère, de larmes et d’anxiété,
Qui se tiennent encore tranquilles, mais sont angoissés.

Payer son loyer comme travailler est juste ;
La vie est un droit et pouvoir vivre est juste.
Messieurs du gouvernement, entrepreneurs et patrons,
Donnez un travail à ces bons garçons.

Car si on continue encore de ce pas
Notre Italie au désastre va tout droit,
Et les chômeurs, maintenant encore posés,
Seront un jour tout à fait désespérés.
Ils demandent du travail, s’ils n’en trouvent pas,
Sachez avec certitude qu’ils vont se rebeller !