PAUVRE CHRIST
Version française – PAUVRE CHRIST – Marco Valdo M.I. – 2015
Paroles de Nanni Svampa
Musique de Lino Patruno
Entrée du Christ à Bruxelles
J'y suis, dit Lucien l'âne... Cherchez-moi.
Ah, Lucien l'âne mon ami, voici une chanson qui se doit d'être interprétée et comprise au-delà de son titre. Un titre, à mon sens, déjà ambigu. Et à plus d'un titre. Au départ, je veux dire avant d'avoir lu et traduit la chanson, j'ai pensé qu'elle usait du mot Christ à l’italienne, soit que le mot Christ compris comme synonyme du mot homme. Ce pauvre christ étant alors un pauvre homme, un homme lamentable et la chanson une lamentation.
Je connais en effet ce sens du mot christ en Italie. Même s'il n'est jamais utilisé ainsi en français. Et selon toi, ce n'était pas cela…
Exactement. Il s'agit bien du personnage dont l'histoire légendaire est racontée dans ce texte connu sous le nom de nouveau testament – nouveau car il y en avait déjà un qui du coup, fut baptisé ancien. Mais, laissons de côté pour l'instant la véracité de ce récit ou d'autres qui en reprennent la trame. J'en reviens à la chanson qui de fait, se réfère au départ à l'usage diversifié qu'on peut faire et qu'on fait de ce nom ; elle analyse les sens qui sont donnés à ce « Pauvre Christ »… qu'on pourrait traduire aussi par « pauvre mec », « pauvre type », « pauvre homme ». Puis, d'un glissement souple, elle se retourne vers le personnage légendaire et à l'usage que certains en font. Car cette légende tombée des cieux sert de fondement à des entités bien terrestres – en clair, la démocratie chrétienne et l'Église catholique, apostolique et romaine, bref, les enfants du pape. Puis, elle interpelle le personnage de légende en lui demandant compte de son inactivité face aux grandes calamités : les guerres et massacres qui se déroulaient ou s'étaient déroulés dans le monde réel. Bref, elle le confronte à la réalité. Mais vois-tu, Lucien l'âne mon ami, tout tient encore une fois à une certaine dose d'ironie, à un double sens, à une démarche en crabe et repose sur l'interpellation du personnage légendaire lui-même… qui est mis en confrontation avec ce que ses fans ont réellement bâti autour de sa légende : parti, église, banque, inquisition…
On pourrait y ajouter les croisades ou les guerres dites de religion , dit Lucien l'âne. Par exemple, le sac de Jérusalem, la Saint-Barthélémy, la Guerre de Trente Ans et la Guerre de Quatre-Vingts ans… sans compter toutes les autres et tous les massacres perpétrés au fil du temps.
Bien évidemment ! Cependant, je voudrais te soumettre une idée… Il me paraît que cette chanson opère une inversion du sens de la réflexion. En fait, on s'aperçoit que ce personnage légendaire n'a pas besoin d'avoir réellement existé puisque son rôle, son aura et lui-même sont des pures projections, des constructions a posteriori. Dans un sens, il semble même que ce soit bien le cas ; le personnage en question étant décidément théorique.
En somme, dit Lucien l'âne, si je synthétise ton propos, ce n'est pas ce Povero Cristo qui a édifié sa légende et l'église et la banque, et le parti, et la religion… mais bien à l'inverse, la religion, le parti, la banque et l'église qui ont inventé et créé de toute pièce cette figure, cette icône de légende qui les sert si bien. Ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, mais l'homme qui a inventé Dieu et ce Christ n'est finalement qu'un succédané, une sorte de réplique à usage des foules crédules. On pourrait se référer en la matière au bon curé Meslier qui a traité cette question en profondeur. J'ajouterais un bout de testament à tous ces testaments : « Frères humains, encore un effort pour devenir athées ! » Cela dit, finissons-en, écoutons la chanson et reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde endurci dans ses crédulités, fanatique, dément et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui n'y arrivera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne percera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne nous la fait pas
Non, tu n'es pas arrivé
À changer l'humanité.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Tu n'avais pourtant pas dit
Fondez-moi un parti
Qui vend la peur
Qui exploite les vieilles
Qui invente la censure.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Tu n'avais pourtant pas dit
Écoute, tu es Pierre
Et en tant que disciple
Tu fonderas la Banque
Catholique de la Vénétie.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Pourquoi n'es-tu pas revenu
Au Biafra ou au Vietnam
Ou bien encore avant
Sous l'Inquisition,
Ou chez Hitler ou à Hiroshima.
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne nous la fait pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui n'y arrivera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui naît dans un endroit
Sans chauffage perdu dans le froid.
PAUVRE CHRIST
Version française – PAUVRE CHRIST – Marco Valdo M.I. – 2015
Paroles de Nanni Svampa
Musique de Lino Patruno
Entrée du Christ à Bruxelles
J'y suis, dit Lucien l'âne... Cherchez-moi.
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Ah, Lucien l'âne mon ami, voici une chanson qui se doit d'être interprétée et comprise au-delà de son titre. Un titre, à mon sens, déjà ambigu. Et à plus d'un titre. Au départ, je veux dire avant d'avoir lu et traduit la chanson, j'ai pensé qu'elle usait du mot Christ à l’italienne, soit que le mot Christ compris comme synonyme du mot homme. Ce pauvre christ étant alors un pauvre homme, un homme lamentable et la chanson une lamentation.
Je connais en effet ce sens du mot christ en Italie. Même s'il n'est jamais utilisé ainsi en français. Et selon toi, ce n'était pas cela…
Exactement. Il s'agit bien du personnage dont l'histoire légendaire est racontée dans ce texte connu sous le nom de nouveau testament – nouveau car il y en avait déjà un qui du coup, fut baptisé ancien. Mais, laissons de côté pour l'instant la véracité de ce récit ou d'autres qui en reprennent la trame. J'en reviens à la chanson qui de fait, se réfère au départ à l'usage diversifié qu'on peut faire et qu'on fait de ce nom ; elle analyse les sens qui sont donnés à ce « Pauvre Christ »… qu'on pourrait traduire aussi par « pauvre mec », « pauvre type », « pauvre homme ». Puis, d'un glissement souple, elle se retourne vers le personnage légendaire et à l'usage que certains en font. Car cette légende tombée des cieux sert de fondement à des entités bien terrestres – en clair, la démocratie chrétienne et l'Église catholique, apostolique et romaine, bref, les enfants du pape. Puis, elle interpelle le personnage de légende en lui demandant compte de son inactivité face aux grandes calamités : les guerres et massacres qui se déroulaient ou s'étaient déroulés dans le monde réel. Bref, elle le confronte à la réalité. Mais vois-tu, Lucien l'âne mon ami, tout tient encore une fois à une certaine dose d'ironie, à un double sens, à une démarche en crabe et repose sur l'interpellation du personnage légendaire lui-même… qui est mis en confrontation avec ce que ses fans ont réellement bâti autour de sa légende : parti, église, banque, inquisition…
On pourrait y ajouter les croisades ou les guerres dites de religion , dit Lucien l'âne. Par exemple, le sac de Jérusalem, la Saint-Barthélémy, la Guerre de Trente Ans et la Guerre de Quatre-Vingts ans… sans compter toutes les autres et tous les massacres perpétrés au fil du temps.
Bien évidemment ! Cependant, je voudrais te soumettre une idée… Il me paraît que cette chanson opère une inversion du sens de la réflexion. En fait, on s'aperçoit que ce personnage légendaire n'a pas besoin d'avoir réellement existé puisque son rôle, son aura et lui-même sont des pures projections, des constructions a posteriori. Dans un sens, il semble même que ce soit bien le cas ; le personnage en question étant décidément théorique.
En somme, dit Lucien l'âne, si je synthétise ton propos, ce n'est pas ce Povero Cristo qui a édifié sa légende et l'église et la banque, et le parti, et la religion… mais bien à l'inverse, la religion, le parti, la banque et l'église qui ont inventé et créé de toute pièce cette figure, cette icône de légende qui les sert si bien. Ce n'est pas Dieu qui a créé l'homme, mais l'homme qui a inventé Dieu et ce Christ n'est finalement qu'un succédané, une sorte de réplique à usage des foules crédules. On pourrait se référer en la matière au bon curé Meslier qui a traité cette question en profondeur. J'ajouterais un bout de testament à tous ces testaments : « Frères humains, encore un effort pour devenir athées ! » Cela dit, finissons-en, écoutons la chanson et reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde endurci dans ses crédulités, fanatique, dément et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui n'y arrivera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne percera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne nous la fait pas
Non, tu n'es pas arrivé
À changer l'humanité.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Tu n'avais pourtant pas dit
Fondez-moi un parti
Qui vend la peur
Qui exploite les vieilles
Qui invente la censure.
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne percera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne nous la fait pas
Non, tu n'es pas arrivé
À changer l'humanité.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Tu n'avais pourtant pas dit
Fondez-moi un parti
Qui vend la peur
Qui exploite les vieilles
Qui invente la censure.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Tu n'avais pourtant pas dit
Écoute, tu es Pierre
Et en tant que disciple
Tu fonderas la Banque
Catholique de la Vénétie.
Pauvre Christ, pauvre Jésus
Pourquoi n'es-tu pas revenu
Au Biafra ou au Vietnam
Ou bien encore avant
Sous l'Inquisition,
Ou chez Hitler ou à Hiroshima.
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui ne nous la fait pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui n'y arrivera pas
Pauvre Christ dit-on de quelqu'un qui naît dans un endroit
Sans chauffage perdu dans le froid.