ÊTRE
ROI
Version
française – ÊTRE ROI – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après
la version italienne VOGLIO ESSERE RE de l’ Anonimo Toscano del XXI
Secolo
d’une
Une
chansonnette amusante et ironique sur les droits sacrés des
dynasties, écrite en 1994 (in tempore non suspecto) par le groupe
catalan « Els Pets », littéralement : « Les
Pets » (ou les prouts). À l’époque, Juan
Carlos 1er
(Juan Carlos Alfonso Víctor María de Borbón y
Borbón-Dos Sicilias) était encore roi d’Espagne ( je n’ai
jamais compris pourquoi la reine ou le roi d’Angleterre doivent
s’appeler« Elisabetta » ou « Carlo » en
italien, et celui d’Espagne ne pourrait pas être Giancarlo – en
français : Jean-Charles, d’autant plus qu’il est né à
Rome, viale dei Parioli 122 – c’est même un « pariolino »
( nom donné aux habitants de ce quartier assez snob ; dans les
campagnes, on dirait « un de la ville » !).
Jean-Charles Premier avait été mis sur le trône par Francisco
Franco ; ensuite on a dit qu’« il avait facilité le passage
à la démocratie ».
Cependant,
Els Pets se demandent, comment est-ce possible, putain, je ne
pourrais jamais être roi ? Jamais voté ou élu ? C’est
ce que se demandait peut-être lui aussi dans cette circonstance, le
successeur de Jean-Charles, un certain Philippe, un beau fieu et
affectueux papa de roitelets qui un jour lui succéderont lorsque il
donnera sa démission (en jargon, on dit abdiquer, ndr) ou tirera sa
révérence, qui est obstinément absolument contre un vote libre et
qui n’a même pas dit un mot sur les façons avec lesquelles on a
cherché à l’empêcher, bien soutenu par le gouvernement, les
partis (même celui « socialiste » !), les
militaires et une improbable Union Européenne, qui pourtant,
dernièrement, a dû subir la défection d’une ancienne monarchie.
La motivation fournie par le roi Philippe est éclairante :
« L’économie sera sur les genoux ». Autant dire :
Vive les sacrées et indivisibles frontières de la Patrie !
Dans
la lointaine 1994, cependant, des garçons musiqueux se demandaient,
avec un peu de désappointement ironique, pourquoi ils ne pouvaient
pas aspirer à être rois, avoir la moto déjà pétaradante au pied
de la maison, pouvoir voyager et aller faire du ski en Suisse. Qui
voudraient la République ? Peut-être. Entre temps, ici, on
voit des images historiques du roi Jean-Charles, qui, bien qu’ayant
abdiqué jouit toujours d’une enviable santé (à 79 ans) et
remporte même des trophées internationaux en voilier. Le voilier
doit être une affaire de roi ; Constantin de Grèce (encore une
fois : pourquoi pas Konstandinos ?), par exemple, en était
un champion et célèbre, il remporta même la médaille d’or aux
Olympiades de Rome de 1960 ; quelques années après, par
contre, il gagna un exil doré après avoir mal fait ses calculs à
l’occasion d’un coup d’état fasciste (qui, d’autre part,
instaura la république ; c’est dire qu’il n’y a jamais
rien de parfait dans ce monde).
Pour
ce qui me concerne moi personnellement en personne, encore tout gamin
je tentai, à l’Elbe, de mettre pied sur un petit bateau à voile
de classe « Laser », avec des résultats désastreux.
Ensuite je m’essayai au windsurf, en me renversant
catastrophiquement et en frappant de plein fouet un pauvre oursin
qui termina son existence en me plantant vingt-six mille aiguillons
dans un pied. Cela prouve que ni moi, ni les Pets catalans ne nous
pourrons jamais être rois. Cependant, il me plaît terminer avec les
mots d’un sujet d’une monarchie, défini comme « un barbare
ne manquant pas de talent », écrits il y a quelque temps pour
une de ses pièces. Il s’appelait Guglielmo (je ne vois pas
pourquoi l’appeler « William »).
« Oh gentilhommes, le temps de la vie est bref !
Passer cette brièveté dans la bassesse
Serait chose trop longue.
Si nous vivons, c’est pour marcher sur la tête des Rois. »
[At-XXI]
Dialogue
Maïeutique
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, notre ami l’Athée du XXIième
siècle est de retour. Saluons-le.
Oh,
oui, Marco Valdo M.I. mon ami, il convient de toujours saluer les
athées, car ce sont des amis, surtout pour nous les ânes qui ne
croyons ni à Dieu(x), ni à diable(s) ; ni
aux barbus, ni aux cornus.
Je le salue donc. Et j’en profite pour lui signaler cet
autre marin de plaisance qu’était Guillaume,
alias Wilhelm, alias Friedrich
Wilhelm Viktor Albrecht von Hohenzollern, tellement
passionné de régates du côté de Kiel,
qu’il
se fit
faire une
marine complète avec croiseurs et sous-marins ; les choses se
sont mal terminées pour lui aussi et pire encore évidemment pour
les populations qui le chérissaient tellement – croyait-il. Là
aussi, il y eut des surprises.
Tout
cela est exact, Lucien l’âne mon ami, mais il me faut en venir à
la canzone et d'abord et avant tout, rappeler que c’est une chanson
catalane et qu’avec le recul (elle date de 1994 et nous sommes en
2017), elle éclaire d’une singulière lueur les événements qui
se déroulent actuellement. Une petite remarque pour attirer ton
attention sur le fait que j’ai laissé de côté la référence
directe à Porcel, plus exactement Baltasar Porcel le Pujol
(1937-2009), important écrivain, essayiste, dramaturge et
journaliste majorcain, qui écrivit tant en castillan qu’en
catalan. Il fut très lié à Jean-Charles de Bourbon et que je lui
ai préféré le nom de « plume », nettement plus
général, lequel englobe tous les scribes, écrivassiers, journaleux
à la solde du pouvoir. Au passage, on aurait ainsi une
interprétation un peu hérétique de l’adage « La plume est
serve, mais la parole est libre », que interpréterais et
que j’utiliserais de la façon suivante : les plumitifs (gens
à la solde du pouvoir central et en ce cas, royal) sont à la botte,
mais la parole de la rue est libre. Autre façon d’éclairer les
événements. Pour le reste, je te laisse découvrir le texte de
cette chanson où la fonction et la personne royales sont plongées
dans un bain d’acide ironique.
Oh,
dit Lucien l’âne en riant de toutes ses dents, c’est une vision
très populaire, mais les puissants ne l’entendent pas de cette
oreille. Ils n’aiment pas les caricatures ; c’est contraire
à leur nature révérencieuse et protocolaire et pour tout dire,
imbue d’elle-même plus que raison. Les riches et les puissants
détestent qu’on se moque de leurs petits travers et de leurs gros
ridicules (grosses bagnoles, costumes d’apparence, démarches
guindées, langues ampoulées, cous amidonnés), car – et ils ont
raison – ils soupçonnent qu’on met ainsi en cause leur
importance. En fait, elle est égale à toutes les autres,
c’est-à-dire nulle ou infinie. Ce qui les gêne, c’est surtout
qu’elle soit égale. C’est l’égalité qu’ils veulent exclure
de la légalité. Quant à nous, reprenons notre tâche et tissons le
linceul de ce monde riche, trop riche, inégal, insensé, raide,
gonflé de son importance et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Parce
que je suis le
fils à papa ;
Faire tout à ma mode
Sans être jamais élu, jamais candidat ;
Avoir toujours prête
Ma moto en bas de chez moi.
Faire tout à ma mode
Sans être jamais élu, jamais candidat ;
Avoir toujours prête
Ma moto en bas de chez moi.
Très
gêné d’être
entouré
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
Me
faire une petite baise
Avec la certitude
Que l’enfant ainsi né
Aura son avenir bien assuré.
Avoir une plume
Qui me défende
Ou me fasse des discours
Que tous applaudissent toujours.
Avec la certitude
Que l’enfant ainsi né
Aura son avenir bien assuré.
Avoir une plume
Qui me défende
Ou me fasse des discours
Que tous applaudissent toujours.
Très
gêné d’être
entouré
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
S’il
est certain qu’on est
égaux devant la loi,
Pourquoi, bordel, je ne pourrais jamais être roi,
Être roi,
Être roi ?
Pourquoi, bordel, je ne pourrais jamais être roi,
Être roi,
Être roi ?
Réclamer
Contre qui m’a mis ici
À ne parler
Que l’espagnol et puis,
Beaucoup voyager
Tant officiellement que pour mon plaisir
Qui est, comme on sait,
De skier en Suisse à loisir.
Contre qui m’a mis ici
À ne parler
Que l’espagnol et puis,
Beaucoup voyager
Tant officiellement que pour mon plaisir
Qui est, comme on sait,
De skier en Suisse à loisir.
Très
gêné d’être
entouré
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
D’une bande de lèche-bottes
Qui suent l’infaillibilité
Tel un dictateur, tel un cacique.
S’il
est certain qu’on est
égaux devant la loi,
Pourquoi, bordel, je ne pourrais jamais être roi,
Être roi,
Être roi ?
Pourquoi, bordel, je ne pourrais jamais être roi,
Être roi,
Être roi ?