PARFOIS
Version française — PARFOIS — Marco Valdo M.I. — 2022
d’après la version italienne QUALCHE VOLTA — Riccardo Venturi — 2013
d’une chanson grecque Καμιά φορά — Katerina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981
Texte : Katerina Gogou
(De son recueil Τρία Κλικ Αριστερά, 1978)
Musique : Kyriakos Sfetsas
Autre musique et interprétation : Aris Zarakàs
Je reste là, je n’ai pas bougé
Pour que vous puissiez me retrouver.
Au moins, à en juger par une réaction directe que j’ai vue hier soir, cette histoire de Katerina Gogou doit réussir encore à faire sursauter. Hier soir, je me trouvais au CPA de Florence, depuis quelque temps est fréquenté par des étudiants antifascistes grecs engagés dans un travail de contre-information et de sensibilisation (avec l’organisation d’expositions, de conférences, de manifestations) contre Aube dorée ; en parlant à une étudiante, Myrsini, je lui ai parlé de Katerina Gogou et précisément de ce poème. Je l’ai vue se mettre à le réciter presque en hurlant et en tenant mon bras en l’air. Myrsini a 23 ans, donc quand Katerina Gogou a écrit Καμιά φορά (Parfois), elle n’était pas encore née, et quand elle s’est suicidée, elle avait trois ans. [RV]
Parfois, lente s’ouvre la porte et vous entrez
En habit blanc et chaussures en lin.
Votre main met dans ma main
Septante-deux drachmes et vous partez.
Je reste là, je n’ai pas bougé
Pour que vous puissiez me retrouver.
Il s’est passé un long moment,
Mes ongles sont devenus grands,
À me voir, mes amis sont effrayés.
Je cuisine des patates, geste commun.
J’ai perdu ma fantaisie,
J’entends “Katerina”et je suis transie.
Je devrais dénoncer quelqu’un.
J’ai gardé des coupures de presse où
On disait que c’était vous.
Touché aux jambes, qu’ils ont dit,
Je sais, les journaux ont menti,
Je sais, ils ne tirent jamais dans les jambes.
Leur cible, c’est la tête,
Votre tête.