jeudi 18 décembre 2014

Sept Ans de Malheur

Sept Ans de Malheur

Chanson française – Sept Ans de Malheur - Léo Campion – 195 ?


Interprètes : Boris Vian, Les 4 Barbus, Mouloudji et d'autres.

Texte : Léo Campion
Musique : Boris Vian & Alain Goraguer









Voici donc une chanson de Léo Campion... Elle s'intitule Sept ans de malheur... Une chanson nettement antimilitaire....

Moi, dit Lucien l'âne en riant comme seul peut le faire un âne venu d'orient (du Moyen-Orient), j'avais toujours cru que cette chanson était de Boris Vian. Voilà que tu me dis qu'elle est de Léo Campion... Je le croyais objecteur de conscience, anarchiste, barbu et tout et tout... Il était vraiment drôle.

C'est bien de lui qu'il s'agit. Et à mon sens, il ne détonne pas avec Boris Vian... Il ne détonnait pas plus auprès de Pierre Dac... Cela dit, il a découvert l'anarchie à Bruxelles, chez un libraire appelé très opportunément Dieu. Car, à Bruxelles, Dieu était non seulement libraire, mais aussi anarchiste. Et Dieu fut d'ailleurs poursuivi comme objecteur de conscience en un temps où non seulement le service militaire était des plus obligatoires (dans les années 30 du siècle dernier), mais en outre fort long : on préparait la guerre... C'est ainsi que Dieu fit de la prison.

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane




Il avait tout pour être heureux
Un cœur en fête et les yeux bleus
Joyeux fétiche !
Il était jeune, il était beau
Avec de faux airs de barbeau
Un peu godiche
Les filles le trouvaient gentil
Il leur plaisait, il était riche
Tout allait bien quand un jour il
Lut cette affiche :

Engagez-vous
Rengagez-vous
Dedans les troupes coloniales
Vous apprendrez
Z'un beau métier
Dans l'honneur et dans l'intervalle
Rapla rapla raplapla
Rata rata ratata
Et puis
Vous verrez du pays
Dedans les troupes coloniales

Notre héros se prit au jeu
Pilla, vola et mit à feu
La Terre entière
Il extermina les garçons
Viola les filles sans façons
Ou le contraire
Il attrapa, suprême honneur
Médaille et goutte militaires
Consacrant sept ans de malheur
Jolie carrière !

Engagez-vous
Rengagez-vous
Dedans les troupes coloniales
Vous apprendrez
Z'un beau métier
Dans l'honneur et dans l'intervalle
Rapla rapla raplapla
Rata rata ratata
Et puis
Vous verrez du pays
Dedans les troupes coloniales

Jamais il n'a été vaincu
Il est mort comme il a vécu
En vrai Bat d'Af
N'ayant connu que le drapeau
Sans joie, sans honneur, sans repos
Sans orthographe
C'est aussi triste que c'est beau
C'est comme au cinématographe
On inscrivit sur son tombeau
Cette épitaphe


Engagez-vous
Rengagez-vous
Dedans les troupes coloniales
Vous apprendrez
Z'un beau métier
Dans l'honneur et dans l'intervalle
Rapla rapla raplapla
Rata rata ratata
Et puis
Vous verrez du pays
Dedans les troupes coloniales

Jeunesse

Jeunesse

Chanson française – Jeunesse – René Louis Lafforgue – 1966
Paroles de Paul Vaillant-Couturier
Musique d'Arthur Honegger - 1937



1936, chansons de 1936… C'est ancien et c'est un genre qu'il vaudrait mieux définir comme Chansons du Front Populaire. Car des chansons françaises à cette époque-là, il y en avait beaucoup et de bonnes (Tout va très bien, Madame la marquise date de 1935 et Je Chante ou Y a de la Joie ! de 1937, toutes bien plus explosives que cette solennelle sonnerie.) et pour l'essentiel, elles seront très éloignées du « style » de celle-ci, qui reflète parfaitement la conception culturelle issue d'une mentalité de parti – en l'occurrence, le PCF – le parti communiste français : volontariste, patriotarde, magnifiant le travail… En un mot : pompiérisme.


Il y a là, en effet, un petit côté scout… Cette manière de circonvenir les enfants, d'embrigader la jeunesse… Le beau mythe… C'est pour mieux te policer, mon enfant ! Moi, je les vois, je les ai vus, défiler au pas, bannière au vent, petits soldats en herbe se préparant à d'autres guerres. Oh, ils portaient de jolies chemises des brunes, des noires… Méfiez-vous des chemises ! Et j'ai vu des comme ça bien souvent et sous de multiples latitudes. Mais l'attitude est la même partout. On est très loin de Zéro de Conduite ou de La Guerre des Gosses .


On devrait rassembler des chansons de jeunesse des différents régimes ou des différentes confessions ou églises et les chances sont grandes qu'elles se ressemblent toutes. Ce même ton d'exaltation, cette même ferveur, cette même conviction forcée.


Certes, dit Lucien l'âne en souriant, rien ne ressemble plus à un drapeau qu'un autre drapeau… Rien n'est plus conformiste que la chanson conformée. Et il ne t'aura pas échappé que la chanson est le reflet exact de la mentalité et de l'état dans lequel se trouvent ceux qui l'inspirent. Le ciel est bleu, réveille-toi… L'enfer est pavé de bonnes intentions… Trompettes… vous êtes bien mal embouchées ! Engagez-vous, rengagez-vous… qu'ils disaient ! [[40570]]. Alors, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde conformiste, organisé, endoctriné et cacochyme.



Heureusement !




Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Nous sommes la jeunesse ardente
Qui vient escalader le ciel
Dans un cortège fraternel
Unissons nos mains frémissantes
Sachons protéger notre pain
Nous bâtirons un lendemain qui chante 
En avant ! Jeunesse de France !
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance !
Fils et filles de l'espérance,
Nous ferons se lever le jour.
À nous la joie !
À nous l'amour !
Comme un torrent qui se déploie
Courons, dansons, rions, luttons
Avec tous ceux que nous gagnons
Brisons la chaîne qui nous broie
Vivent la paix, la liberté !
Notre printemps veut un été de joie
En avant ! Jeunesse de France !
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance !
Fils et filles de l'espérance,
Nous ferons se lever le jour.
À nous la joie !
À nous l'amour !
Un ciel rayonnant nous convie
A la conquête du bonheur
Avec nos vingt ans d'un seul cœur
Le monde entier se lève et crie
Place, place au travail vainqueur
Chantons, amis, chantons en chœur
En avant ! Jeunesse de France !
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance !
Fils et filles de l'espérance,
Nous ferons se lever le jour.
À nous la joie !
À nous l'amour !

Allons les filles, plus de larmes
Nous construirons notre foyer
Pour la lutte, il faut vous lier
À de braves compagnons d'armes
Par nos efforts, les temps nouveaux
Nous donneront sur les berceaux
Leurs charmes !
En avant ! Jeunesse de France !
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance !
Fils et filles de l'espérance,
Nous ferons se lever le jour.
À nous la joie !
À nous l'amour !

Nous les fils de quatre-vingt-treize,
De la Commune aux noirs charniers
Et des héros de février
Pour que la haine enfin s'apaise
Sur nos champs
Et sur nos cités
Nous vous apportons l'unité
Française !
En avant ! Jeunesse de France !
Faisons se lever le jour,
La victoire avec nous s'avance !
Fils et filles de l'espérance,
Nous ferons se lever le jour.
À nous la joie !
À nous l'amour !