jeudi 26 octobre 2017

VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR

VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR

Version française – VOUS POUVEZ TOUJOURS COURIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson catalane – Espera'm assegut – Brams – 1992





« Vous pouvez toujours courir ». Quel titre curieux, encore une fois, Marco Valdo M.I. mon ami. Sache que pour ce qui est de courir, nous les ânes, on est assez doués. Plus doué encore que nous, il y a notre cousin d’Asie, l’onagre qui bat aisément à la course les chevaux les plus racés, les plus rapides et il est même plus endurant qu’eux. Ce serait déjà une réponse. Cependant, je suppose que ce n’est pas pour m’inciter à la course que cette chanson a été écrite.


Certainement pas, Lucien l’âne mon ami, même si cette course imaginaire entre les brillants chevaux du roi et les ânes sauvages peut être une parabole. Nous verrons si cela est possible. En attendant, laisse-moi d’abord préciser le contexte : à savoir qu’il s’agit d’une chanson catalane et qu’elle date de 25 ans déjà et que par certains aspects, elle paraît bien s’inscrire tout naturellement dans les événements récents qui sont, comme tu le sais, marqués par le conflit assez dur entre le gouvernement espagnol – autoritaire et totalitaire, incapable de négocier et la Généralité de Catalogne – assez désarmée face au régime madrilène. Cela dit, j’en viens à la signification de ce titre qu’il eût fallu traduire par « Vous pouvez toujours attendre », mais l’expression usuelle française est celle que j’ai retenue. Si on devait le dire plus crûment, cela donnerait « Vous pouvez toujours aller vous faire foutre » ou une autre expression fleurie du genre.


Oh, maintenant que tu le dis, Marco Valdo M.I. mon ami, je vois très bien le rapport avec l’actualité. Les Catalans, du moins une grande partie d’entre eux, vouent aux gémonies le sinistre barbeau madrilène.


Cela étant, Lucien l’âne mon ami, revenons à cette chanson ancienne. Que visait-elle à ses débuts, c’était en 1992 ? Elle mettait en scène un jeune homme (symbole du peuple catalan) auquel le pouvoir espagnol voulait imposer un service militaire. Évidemment, le jeune homme rejette cette proposition et il ajoute qu’il n’accepterait pas plus d’accomplir un service civil pour le compte de ce pouvoir lointain. Bref, si on traduit ses intentions, il ne veut rien céder à ce pouvoir étranger qui invoque le devoir envers le roi, le drapeau et l’État, tous espagnols. Ses réponses sont claires : ce n’est pas mon drapeau, ce n’est pas mon roi, ce n’est pas mon État et il ajoute :

« Si on en vient aux armes demain,
Vous pouvez être certains
Qu’on va se retrouver
Des deux côtés opposés. »

À part la confrontation armée, on dirait une chanson actuelle, dit Lucien l’âne.

C’est bien pourquoi je l’ai mise en langue française afin qu’on comprenne mieux l’enjeu proprement historique des derniers événements et aussi, qu’on comprenne également que quoi qu’il advienne prochainement, la Catalogne ne baissera pas les bras jusqu’à ce qu’elle retrouve son indépendance et qu’elle soit débarrassée de la domination espagnole, dont je te rappelle qu’elle la subit depuis des siècles.

En effet, dit Lucien l’âne, les Catalans sont des gens patients. Mais quand même, la seule voie raisonnable serait d’accorder leur indépendance à ces gens et puis, ensuite, trouver les arrangements qui s’imposent entre des voisins égaux ; ce serait d’ailleurs absolument indispensable du fait que les territoires sont immobiles. Voilà ce que je peux dire, moi qui ai vu tant de conflits, de luttes de libération. Maintenant, pour ce qui nous concerne, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde arthrosé, arcbouté sur ses privilèges, accroché à son pouvoir, malade des nationalismes sclérosés et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Il y a tant de problèmes chez moi,
Au travail et dans l’enseignement,
Car vous êtes venus me prendre chez moi
Et vous voulez me faire perdre un an.
Vous voulez me faire soldat
Invoquant un inexistant
Devoir envers le roi,
Le drapeau et l’État.



Vous pouvez toujours courir
Que j’aille soldat ;
Vous pouvez toujours courir,
Même au service civil, je n’irai pas.
Vous pouvez toujours courir
Pour me voir devant votre drapeau m’incliner.
Vous pouvez toujours courir
Et vous pouvez même aller vous coucher.



Ce roi est un fantoche
Et l’État est un fantasme,
Ce drapeau n’est pas à moi,
On ne me fera pas soldat,
Et n’allez pas penser
Que je n’y vais pas,
Car j’ai peur d’y aller
Ou que je suis témoin de Jéhova.



Ne cherchez pas d’alternative
Pour me plaire,
Je ne ferai pas le service militaire
Plus que le service civil.
Ma solidarité
Je la donne à qui je veux
Et c’est de ma seule volonté
Que je me bougerai le cul, si je veux.



Dans votre armée, je n’irai pas ;
L’Otan, je ne le servirai pas ;
Je ne défendrai pas
Les intérêts des Nord-Américains.
Si on en vient aux armes demain,
Vous pouvez être certains
Qu’on va se retrouver
Des deux côtés opposés.