mardi 18 juillet 2017

LE BAL À LAÏKA – Ballade de la balade cosmique de Laïka

LE BAL À LAÏKA
– Ballade de la balade cosmique de Laïka

Version française – Le Bal à Laïka – Ballade de la balade cosmique de Laïka – 2017
Chanson italienneLa ballata di LaikaDaisy Lumini1975

Paroles de Beppe Chierici
Musi
que de Daisy Lumini






Voici, Lucien l’âne mon ami, une jolie chanson pour une jolie petite chienne martyr, qui fut en 1957, la première personne dans l’espace. Je sais, je sais, il aurait fallu dit le premier être vivant biologique, issu de la Terre… Mais, j’aime mieux Personne, ça rappelle l’Odyssée – du moins en français et puis, elle le mérite bien. Elle a ouvert la voie à l’humanité vers les étoiles et une éventuelle immortalité. Donc, la première personne dans l’espace à taquiner les comètes ; elle y mourut après quelques heures, de surchauffe et de stress ou l’inverse.
Pour cette mission à portée universelle, on l’avait capturée à Moscou où elle vivait peinarde dans la rue et on l’avait formée en vue de cet exploit, dont – comme bien l’on pense – elle se serait volontiers passée.

Je me souviens de cette histoire et de cette jeune chienne à qui finalement, ils donnèrent le nom de Laïka. Un joli nom, je trouve, pour une chienne lancée à la conquête du ciel.

Moi aussi, Lucien l’âne mon ami, je trouve ce nom joli d’autant plus qu’il m’a permis ce titre en forme de calembour qui fleure bon la Russie. Un titre qui à lui seul résume toute l’aventure. Car, comme on le sait, la balalaïka est cet instrument traditionnel de musique russe, une sorte de banjo ou de guitare triangulaire qui dans la Russie profonde, souvent anime le bal.

À propos de bal à Laïka, dit Lucien l’âne en souriant un peu, la pauvre chienne a dû se seriner cet air du Veau d’Or, tiré du Faust de Gounod où le chœur répète le « Et Satan conduit le bal » du baryton soliste.

Cela n’est pas dit dans la chanson, susurre Marco Valdo M.I., où c’est Laïka elle-même qui raconte son destin et qui nous dit ce qu’elle en pense. Je voudrais ajouter une précision quant à ma version française où j’ai introduit un dernier petit quatrain, qui ne figurait pas dans la version italienne, un petit final que je te laisse découvrir.

Alors allons le découvrir et saluons Laïka, héroïne malgré soi, puis reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde plein de rivalité, de précipitation et de concurrence, ambitieux, absurde et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Je suis Laïka, une petite chienne blanche.
Je vivais à quatre pattes et comme un chien,
Je m’acharnais sur les chats et le matin
Jusque dans le poulailler, je coursais les poules.
Si je voyais un beau chien sur la route,
Je ressentais une soudaine émotion,
Car même, nous les bêtes,
On éprouve du sentiment, de la passion.

Je ne pouvais pas me plaindre vraiment ;
Avec moi, on se comportait humainement.
Ma ration, dans ma gamelle,
Était là toujours abondante et ponctuelle.
Je ne comprenais pas les humains.
Je les entendais soupirer :
Putain, la vie ici, quelle vie de chien,
Alors que moi, je vivais bien.

Un beau jour, on m’a conduite
Dans un endroit blinquant et très imposant.
Je fus traitée comme si j’étais malade,
Mais moi, j’étais plein d’allant.
On me colla sur la peau des machins
Reliés à des écrans incolores
Où passaient des programmes barbants :
des ondes, des zigzags, des bips sonores

Cet attirail sur ma peau m’embêtait ;
Notre langue à nous les chiens,
C’est l’aboi et furieuse, j’aboyais.
« Gentille Laïka ! », répondaient les humains.
Un jour, ils m’ont mise dans une fusée.
Au moment du décollage,
J’étais folle de rage
D’être utilisée comme cobaye.

Je ne suis pas une petite précieuse,
Mais on m’en fit encore de belles :
À une vitesse vertigineuse,
Ils me lancèrent dans le ciel
Mourir toute seule,
Là-bas au loin dans ma capsule.
Alors je compris les dédains abyssaux
Où les hommes tiennent les animaux.

À Moscou, sur une place,
On m’a élevé un monument.
Quel honneur pour un chien sans race
D’être ainsi mis en avant,
Mais si j’avais pu
Exprimer mon opinion,
Je n’aurais jamais voulu
Être le cobaye d’une si folle ambition.

Les hommes veulent à tout prix
L’aventure, le succès et la gloire.
Nous les bêtes, rester à notre place,
Ça nous va très bien aussi.
Si j’avais survécu à cette balade,
J’aurais organisé un bal, une grande fiesta,
J’aurais fait une belle ballade,
Sur un air de balalaïka.