ENFIN
LA GUERRE EST FINIE
Version
française – ENFIN LA GUERRE EST FINIE – Marco Valdo M.I. –
2015
Chanson
italienne – Finalmente
la guerra è finita – anonimo – ca. 1918/19
Paix, paix, nous sommes revenus |
Voici,
Lucien l'âne mon ami, une chanson qui donne à réfléchir à
certains aspects de la mémoire des guerres. Je te précise tout de
suite que je n'ai aucune envie de célébrer les chants guerriers,
les hymnes à la nation combattante et autres fariboles, juste bonne
pour les chœurs et les fanfares militaires et leurs aficionados
nationalistes et guerriers. Je n'en ai pas plus pour les chants
patriotards et les litanies aux glorieux vainqueurs – une fois dans
un sens, une fois dans l'autre.
C'est
donc une chanson qui raconte une autre histoire, une chanson de
guerre mais qui ne sacrifie pas au Dieu de la Guerre : Arès ou
Mars. Mais dis-moi ce qu'elle a de particulier...
Elle
a une double caractéristique : d'une part, c'est une chanson
sur une guerre finie, sur une paix renaissante et le héraut qui la
chante n'est généralement pas repris au panthéon des héros. Et
cela pour diverses raisons. D'abord, il a le très grand tort de ne
pas être mort, car généralement, les héros, ceux que l'on classe
comme héroïques, la plupart du temps sont morts ou à tout le moins
mutilés. Ensuite, et la chose est paradoxale, c'est un vaincu,
porteur du masque de la défaite et donc, aux yeux du vainqueur, des
vainqueurs, de ses propres compatriotes, il a le grand tort de ne pas
pouvoir stimuler les joies de l'exaltation patriotique. Cet étrange
personnage, c'est le prisonnier qui revient de ses « grandes
vacances », comme disait Ambrière. En plus, d'une certaine
manière, c'est devenu un étranger, qui plus est, il est décalé
dans le temps. Il revient de loin et surtout, il revient d'avant. Cet
étrange personnage, c'est le prisonnier.
En
effet, c'est un étrange statut que celui du prisonnier qui revient.
Il est dérangeant, on avait pris l'habitude de vivre sans lui, comme
s'il était mort. Depuis longtemps, on connaît cette scène du
prisonnier qui revient chez lui et qui trouve sa femme mariée à un
autre… La chose n'est pas nouvelle.
Curieusement,
la chanson qui est une chanson de prisonnier rentrant, mais
apparemment pas encore vraiment rentré… est pleine d'optimisme. Il
suffit de lire les derniers vers :
En
Italie, civile nation,
Et tes fils ne souffriront jamais plus.
Et tes fils ne souffriront jamais plus.
« Ne
souffriront jamais plus... », voire ! Pas si simple, il
lui faudra se réinsérer dans un monde qui ne l'a pas attendu, mais
dans un monde souvent détruit, lui-même en proie à une myriade de
difficultés… En plus, le prisonnier a souvent des séquelles qui
ne faciliteront rien… et puis, il va découvrir combien la paix est
factice dans ce vieux monde qui n'en a pas fini avec cette Guerre
de Cent Mille Ans. [[7591]]
Et
rien ne dit que dans les temps qui suivent, on ne va pas remettre ça…
Et c'est bien ce qui s'est passé. Quant à nous, voyons cette
chanson et reprenons notre tâche que nous nous sommes assignée.
Allons, tissons le linceul de ce vieux monde guerrier, incorrigible,
héroïque et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Finalement
la guerre est finie,
L'Europe est exsangue.
Nous sommes rentrés au soleil de l'Italie,
Nous en avons fini de nos souffrances.
L'Europe est exsangue.
Nous sommes rentrés au soleil de l'Italie,
Nous en avons fini de nos souffrances.
Paix,
paix, tu nous as ouvert à temps
Le chemin du retour et du soleil de l'Italie,
Et tu nous as libérés de cette harpie,
Qui nous a fait souffrir depuis si longtemps.
Le chemin du retour et du soleil de l'Italie,
Et tu nous as libérés de cette harpie,
Qui nous a fait souffrir depuis si longtemps.
Autrichiens,
vile race maudite,
Et sans cœur, gens infâmes,
Mais l'Italie se venge par la qualité
De notre martyre de prisonniers.
Et sans cœur, gens infâmes,
Mais l'Italie se venge par la qualité
De notre martyre de prisonniers.
Aux
travaux, vous nous avez forcés,
Pire encore que des esclaves vendus
À pied, affamés et battus,
Sans compassion et sans pitié.
Pire encore que des esclaves vendus
À pied, affamés et battus,
Sans compassion et sans pitié.
Nous
avons vu et plus d'une fois
Cent Italiens au poteau exécré,
La baïonnette sur la poitrine, tout droit
Mais qui bouge, est tué.
Cent Italiens au poteau exécré,
La baïonnette sur la poitrine, tout droit
Mais qui bouge, est tué.
Au
poteau cruel martyre
Avec les mains liées derrière,
Avec la pointe des pieds en l'air
Le supplice dura deux heures.
Avec les mains liées derrière,
Avec la pointe des pieds en l'air
Le supplice dura deux heures.
En
sept jours, un seul pain
Avec une soupe qu'un chien refusera,
Avec nous, vous avez été inhumains,
Pour vous, la haine toujours sera.
Avec une soupe qu'un chien refusera,
Avec nous, vous avez été inhumains,
Pour vous, la haine toujours sera.
En
Italie, civile nation,
Et tes fils ne souffriront jamais plus.
Et tes fils ne souffriront jamais plus.