Impossible
Chanson
française – Impossible – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 36
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
LA
VEILLÉE
Adriaen
van Ostade – circa 1680
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Dialogue
Maïeutique
Bon
d’accord, Lucien l’âne mon ami, encore un titre impossible. Et
je t’entends déjà le dire et me demander illico des
éclaircissements, que d’ailleurs, je n’ai pas la moindre
intention de te refuser.
De
fait, de fait, Marco Valdo M.I., tu commences à me connaître et à
anticiper mes petites manies. Mais enfin, il te faut l’avouer cet
« Impossible » est vraiment impossible comme titre. Je
suis même assez persuadé que tu les choisis ainsi ces titres dans
le but d’attirer l’attention ou de troubler un peu l’apathie du
lecteur. De ce point de vue tu as parfaitement raison ; il faut
troubler l’apathie ; il faut susciter la curiosité, qui à
mes yeux, est plutôt une indispensable qualité bien plutôt qu’un
considérable défaut. Maintenant, explique-moi un peu cet impossible
« Impossible ».
Impossible
est en fait, Lucien l’âne mon ami, « le » mot de la
chanson et il se justifie de la sorte pleinement. Il raconte une
belle histoire, que je vais te narrer d’une autre façon, manière
de la resituer dans cette longue sage de l’Arlequin déserteur.
Sans être proprement tragique, la vie de ce déserteur-ci est
marquée à l’aune d’une terrible désolation. Déjà comme
déserteur, il est pourchassé et toujours sur le qui-vive ; il
ne peut rien établir – ni lui, ni une situation quelconque (à
part bien sûr, celle de déserteur). Il n’a aucune perspective que
l’amère misère du lendemain et la pluie. Il a perdu ses amies :
l’Arlecchina par jalousie et Barbora que la mort emporta. Il ne lui
reste que sa propre carcasse et sa petite troupe en bois. Mais enfin,
c’est quand même tout un monde.
Oh
oui, dit Lucien l’âne, le monde de l’imaginaire – même en
bois – est un monde en soi et c’est même toute une compagnie.
Cette
chanson est, reprend Marco Valdo M.I. un instant interrompu, cette
chanson est en langage cinématographique un « retour en
arrière », un « flash back » sur l’enterrement
de cet Ondřej
Serenus, alias
Andrea Sereno dont Arlequin entend bien usurper dorénavant
l’identité et user du passeport. Après l’enterrement, les
invités se réunissent pour un repas et une veille en l’honneur
du disparu, à laquelle se mêle Matthias
en abandonnant sur la place du village, sous le tilleul, pas loin de
l’étang, toute sa troupe. Cette fois, c’en est trop pour ces
petits hommes de bois
et la révolte gronde. Certains proposent une sorte de coup d’État
avec comme objectif de partir ensemble à la conquête du monde pour
leur propre
compte en s’étant débarrassé de leur chef, Matthias. Mais Faust
en tête, le reste de la troupe s’indigne et crie :
« Impossible ! Impossible ! » :
« Impossible
de nous conduire en salauds,
Impossible
d’abandonner un homme,
Impossible
de laisser Matthias seul comme
Dans
un pot de marmelade, un noyau. »
Au
petit matin, Matthias sort de l’auberge et s’en vient rechercher
son monde. Tout rentre dans l’ordre et la longue cavale reprend son
cours.
Ainsi,
dit Lucien l’âne, comme au théâtre « All’s Well That Ends
Well », tout est bien qui finit bien. Dès lors, tissons le
linceul de ce vieux monde impossible, humide,
apathique, tragique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le
groupe a la faim aux tripes ;
Il
marmonne : « Marre de l’errance !
Sous
ces pluies, on gagne la grippe
Et
d’autres humides souffrances. »
Pierrot
se tient debout au bord de la mare :
« Que
faire ? S’en remettre au trou d’eau,
Dire
dans la vase le dernier mot ? »
Dans
l’eau jaune nagent les canards.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
La
faim, la pluie délayent insensiblement
La
troupe de comédiens ambulants.
Le
Docteur Faust crie : « Impossible ! »
Polichinelle
hurle : « Pantalone, impossible !
Impossible
de nous conduire en salauds,
Impossible
d’abandonner un homme,
Impossible
de laisser Matthias seul comme
Dans
un pot de marmelade, un noyau. »
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Matthias
était resté pour la veille
De l’enterrement de Serenus,
À
manger, à boire jusqu’à l’éveil,
À
se gaver comme sur un chien une puce.
Ça
gronde sous le tilleul, la compagnie attend.
Matthias
revient à l’aube de l’enterrement ;
Sans
un mot, la troupe enterre sa révolution
Et
se remet en route sans discussion.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.