SENS DESSOUS – DESSUS
Version
française – SENS DESSOUS – DESSUS – Marco valdo M.I. – 2016
Chanson
italienne – Sottosopra
– Gianmaria
Testa – 2011
Moi, je reste ici par ma volonté et je me contente De parler avec l’enfant. |
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, même si comme moi, on déteste
travailler dans l’instant, dans la coulée de l’actualité, on
peut parfois faire l’exception. C’est le cas, ce soir, pour
Gianmaria Testa, que j’avais traduit plusieurs fois pour les
Chansons contre la Guerre. Je l’avais même suivi – de loin –
lors d’une tournée au Québec où il s’essayait à chanter
Ferré. Et donc, je me suis dit qu’aujourd’hui, je lui
consacrerai une version française d’une de ses chansons. Hommage
du vice à la vertu !
En
effet. Qui es-tu toi pour décider de pareil hommage ?, dit
Lucien l’âne en souriant.
Oh,
comme tu le sais, je ne suis rien et comme toi, je m’en vais dans
le sous-bois d’un petit pas. Mais, si tu veux bien, je reviens à
Gianmaria Testa et à sa chanson Sottosopra qui me semble incarner sa
situation présente. Car, tu le verras en lisant, cette chanson
raconte l’histoire d’un homme qu’on écarte de son destin et
qui va se réfugier sur un toit – solitaire, pour réfléchir à sa
propre vie. Évidemment, comme pour toute la poésie, il faut
dépasser l’interprétation au premier degré (où cet homme était
un travailleur révolté et désespéré) et lui donner un plus vaste
horizon. En l’occurrence, je l'ai reformulée pour l’infini du
néant, où – dit Gianmaria Testa :
Eh
bien, saluons cet homme en sa retraite éternelle et reprenons notre
tâche et tissons le suaire de ce vieux monde si frelaté,
télévisuel, médiatisé et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Beaucoup plus que la terre sous mes pieds,
Ici me manquent les voix et la cité
Et puis, tu me manques toi que je ne vois plus
Depuis que je suis ici au-dessus.
Nous sommes montés avant la fin de notre service
Pour voir du toit de l’usine
Si d’en haut, on pourrait identifier
Celui qui nous a fait licencier.
À
toute allure, le premier jour est passé :
Nous dessus, et les autres dessous à se demander
Qui sont ces visages sur le toit
Et que peuvent-ils regarder de là.
Nous dessus, et les autres dessous à se demander
Qui sont ces visages sur le toit
Et que peuvent-ils regarder de là.
S’est
installée.
Non, je ne descends pas
Et on ne m’aura pas en bas,
Même pas la télé.
Non, je ne descends pas
Et va-z-y toi
Devant la télé !
Non, je ne descends pas
Et on ne m’aura pas en bas,
Même pas la télé.
Non, je ne descends pas
Et va-z-y toi
Devant la télé !
Comme des passants quand il pleut à l’improviste,
Entassés sous l’abri d’un porche unique,
Ceux de dessous s’écrasaient sans façon
Devant la camera de la transmission.
Moi
sur le toit, je suis resté moi-même ;
Pour moi, c’est la faute à la délocalisation.
Tous voulaient le micro pour dire
Pour moi, c’est la faute à la délocalisation.
Tous voulaient le micro pour dire
Moi pour un instant, j’ai cru te voir
Parmi les autres en dessous, par solidarité.
Ce n’était pas toi et je suis resté dans le noir,
Sur le toit, seul à bivouaquer.
Non, je ne descends pas
Et on ne m’aura pas en bas,
même pas la télé.
Non, je ne descends pas
Et va-z-y toi
Devant la télé !
Des jours et des nuits ont passé depuis ce moment
Et dans la rue, tout recommence à circuler.
Quelqu’un lève les yeux de temps en temps
Et me regarde regarder.
Les
camarades sont partis et je les comprends,
Il n’est pas si facile de rester
Quand quelqu’un t’attend,
Si tu as quelqu’un à qui raconter.
Il n’est pas si facile de rester
Quand quelqu’un t’attend,
Si tu as quelqu’un à qui raconter.
Ainsi tout seul, je continue mon histoire.
Il ne m’importe plus de descendre ou de rentrer,
Il ne m’importe même plus de savoir
Qui m’a licencié.
Les jours passent tous égaux sans que je les compte ;
Ils étouffent qui les prend pour argent comptant.
Moi, je reste ici par ma volonté et je me contente
De parler avec l’enfant.