dimanche 18 août 2019

LES ENFANTS D’IZIEU

LES ENFANTS D’IZIEU


Version française – LES ENFANTS D’IZIEU – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la version italienne de Riccardo Venturi
d’une chanson allemande – Die Kinder von IzieuReinhard Mey – 1994
Paroles et Musique de Reinhard Mey






Les enfants d’Izieu du plus jeune au plus vieux

* Albert Bulka, 4
* Sami Adelsheimer, 5
* Jean-Claude Benguigui, 5
* Lucienne Friedler, 5
* Claudine Halaunbrenner, 5
* Emile Zucherberg, 5
* Liane Krochmal, 6
* Richard Benguigui, 7
* Marcel Mermelstein, 7
* Jacob Benassayag, 8
* Mina Halaunbrenner, 8
* Georges Halpern, 8
* Renate Krochmal, 8
* Max Leiner, 8
* Gilles Sadowski, 8
* Sigmund Springer, 8
* Egon Gamiel, 9
* Senta Spiegel, 9
* Charles Weltner, 9
* Hans Ament, 10
* Jean-Paul Balsam, 10
* Elie Benassayag, 10
* Isidore Kargeman, 10
* Claude Levan-Reifman, 10
* Alice-Jacqueline Luzgart, 10
* Paula Mermelstein, 10
* Martha Spiegel, 10
* Herman Tetelbaum, 10
* Liliane Gerenstein, 11
* Sarah Szulldaper, 11
* Max-Marcel Balsam, 12
* Esther Benassayag, 12
* Jacques Benguigui, 12
* Barouk-Raoul Bentitou, 12
* Joseph Goldberg, 12
* Max Tetelbaum, 12
* Otto Wertheimer, 12
* Nina Aronowicz, 12
* Majer Bulka, 13
* Maurice Gerenstein, 13
* Henri-Chaïm Goldberg, 13
* Fritz Loebmann, 15
* Theodor Reis, 16
* Arnold Hirsch, 17



Ils étaient pleins de curiosité, ils étaient bien vivants,
Les enfants, et au nombre de quarante-quatre.
Ils étaient juste comme vous, comme sont tous les enfants.
Dans la maison d’Izieu en haut de la vallée du Rhône.
Rassemblés dans la fuite devant les Allemands,
Et derrière chaque nom se cache une souffrance amère,
Tous étaient alors tout seuls au monde,
Agrippés l’un à l’autre au moment du crime.
En l’an 44, au temps des policiers pleins de zèle,
Enquêteurs et flics commis à la chasse à l’homme.
Ici, personne ne les cherchera, ici, en haut de la montagne,
Les enfants d’Izieu, ici au bout du monde.


Joseph, qui sait peindre : des paysages avec des chevaux,
Théodore, qui apporte la nourriture aux poulets et aux veaux,
Liliane, qui écrit si bien, sera un jour poète,
Le petit Raoul qui tout au long de la journée chante,
Et Sami, Élie, Max et Sarah, comme on les appelle :
Chacun a son talent, son don, son rôle.
Un cadeau que personne ne pourra leur prendre,
Qu’ils gardent et qu’ils aiment, chacun à sa manière.
Pourtant, un mauvais pressentiment plane sur leurs jeux,
La peur d’être découverts entache chaque heure,
Et derrière chaque rire retentit l’obscur message,
Que chaque auto, qui vient, peut apporter le malheur.


Au matin du jeudi saint, sont arrivés
Des hommes en civil et des soldats aux manteaux longs .
Un jour de soleil les ont tous, tous emmenés,
Ils les ont entassés dans des camions et n’ont donné aucune indication.
De désespoir, certains ont commencé à chanter,
Certains restèrent silencieux, tandis que d’autres ont prié.
Certains ont pleuré et tous, tous partirent.
Par le même chemin vers leur martyre.
La chronique rapporte la liste des noms minutieusement,
Le numéro du wagon et à quel train, il était attaché.
Le numéro du transport par lequel ils sont arrivés au camp,
La chronique rapporte qu’aux tueurs, aucun n’a échappé .


J’entends aujourd’hui qu’on doit classer ça dans l’histoire,
Et que ça doit être clos, finalement, après tout ce temps.
Je parlerai, je chanterai et s’il le faut, je crierais dans le noir,
Pour que nos enfants sachent qui ils étaient :
L’aîné avait dix-sept ans, le cadet à peine quatre ans,
Quand de la rampe de Birkenau à la chambre à gaz, on les menait.
Je les verrai toute ma vie et je garderai
Dans mon cœur, leurs noms gravés.
Ils étaient pleins de curiosité, ils étaient bien vivants,
Les enfants, au nombre de quarante-quatre.
Ils étaient juste comme vous, comme sont tous les enfants.
Dans la maison d’Izieu en haut de la vallée du Rhône.