jeudi 25 novembre 2021

DORS, ENFANT, DORS !

 

DORS, ENFANT, DORS !


Version française – Dors, enfant, dors ! – Marco Valdo M.I. – 2021

d’après la version italienne d’Alberto Scotti d’une

Chanson italienne (napolitain) – Ninna nannaTeresa De Sio – 2007

« La berceuse [la barcarolle, la comptine, la lalalaire, la lallation, la litanie, la ritournelle, la cantilène, particulièrement, dans sa version italienne de ninna-nanna] est une forme très répandue dans la musique populaire. Ici, Teresa en construit une dans son style personnel. Une chanson de protection pour tous les enfants abandonnés dans le monde, mais aussi une véritable chanson d’amour. » (extrait des notes de présentation du disque)






Dialogue maïeutique


Je pense, Lucien l’âne mon ami, qu’on en dit jamais assez l’importance de l’enfance et de la prime enfance pour le devenir d’une espèce vivante – en l’occurrence, l’espèce humaine. D’abord, c’est le moment où la population humaine (c’est pareil pour les autres) est la plus importante en nombre – c’est là une vérité mathématique la plus incontestable, mais aussi en ce que l’enfance porte tous les espoirs et tous les avenirs.


Mathématique, dit Lucien l’âne, c’est une évidence à voir tous les êtres qui ne vont pas au-delà de leur enfance et de leur petite enfance ; ils avaient pourtant commencé à vivre et voilà, c’était déjà fini. C’est d’ailleurs aussi vrai pour tout le monde tant la vie va vite, tant la vie, aussi longue soit-elle – est courte ; tiens, prenons le cas de l’insecte le plus éphémère, sa vie en soi vaut toutes les vies et a, vue de l’intérieur de l’insecte, la durée complète d’une vie ; dès lors, cent ans, la belle affaire, on n’a pas le temps d’en faire tant, on a juste le temps de les voir passer. Mais enfin, on dirait que la vie, c’est comme la nuit : on ferme un œil et c’est demain.


Soit, reprend Marco Valdo M.I., cependant, elle est beaucoup plus courte pour le nouveau-né qui meurt au berceau que pour l’ancêtre qui meurt dans la maison de repos – comme on appelle aujourd’hui, l’asile pour vieillard et que nous nommons habituellement avec beaucoup de réalisme, le mouroir. Quant à mourir, hormis l’âge qui ne saurait être mis en cause, outre la maladie ou la malformation, le nouveau-né a le choix, on le tue à coups de poings, de pieds, de bâton, de marteau, de bouteille, de couteau, de fusils, de bombes et que sais-je encore.


Ou alors, dit Lucien l’âne, de faim, de soif, de froid, de chaud, de feu, de maladie, d’abandon, j’arrête là, on ne peut venir à bout de pareille énumération.



C’est ce que dit la chanson, continue Marco Valdo M.I., quand elle signale :


« Si le monde ne les aime pas, le loup va les manger ;

Comme les feuilles en automne, ils vont tomber. »


Mais la chanson se veut protectrice et rassurante et elle peut l’être pour l’enfant à qui elle est chantée doucement à l’oreille.


C’est déjà ça, dit Lucien l’âne, c’est un enfant qui a de la chance, celui qui l’entend comme ça. Il peut dormir tranquille, en effet. Au fait, la chance a ceci de particulier, c’est qu’on ne peut la distribuer, on ne peut la partager ; c’est comme la vie, on l’a ou on ne l’a pas. Point. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde inique, cynique, comique, atomique et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





Viens ici, donne-moi la main,

Laissons dehors le monde et sa clique.

Dans la nuit, déjà s’épand serein

Un air de musique.


Dors, enfant, dors !

Comptons les heures une à une ;

Même s’il fait encore noir dehors,

Dans ta chambre, le soleil salue la lune,

Même s’il fait noir encore.


Et dors, dors aussi toi

Qui n’es plus un enfant ;

Dors, dors et sois content,

Car moi, je suis près de toi,

Car moi, je suis avec toi.


Dors et tais-toi, tais-toi,

Que le diable ne t’entende pas,

Surtout ne te montre pas, ne te montre pas.

Et alors, il ne pourra rien te faire,

Il ne pourra rien te faire.


Et dors, dors aussi toi

Qui n’es plus un enfant ;

Dors, dors et sois content,

Car moi, je suis près de toi,

Car moi, je suis avec toi.


Comme tous les enfants du monde, dors !

Si le monde ne les aime pas, le loup va les manger ;

Comme les feuilles en automne, ils vont tomber.

Il faut chanter plus fort.

Dors, enfant, dors !


Et
dors, dors aussi toi

Qui n’es plus un enfant ;

Dors, dors et sois content,

Car moi, je suis près de toi,

Car moi, je suis avec toi.


mercredi 24 novembre 2021

AUX SOLDATS INCONNUS

 

AUX SOLDATS INCONNUS


Version française – AUX SOLDATS INCONNUS – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Al milite ignotoClaudio Lolli1975

Texte et musique : Claudio Lolli
Da « Canzoni di rabbia »




VERDUN – TABLEAU DE GUERRE

Félix Valloton – 1917



 

 

Dialogue maïeutique



L’autre jour, Lucien l’âne mon ami, quand on dialoguait à propos de ces deux chansons de Bert Brecht : Erster Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem Triumphbogen (Version française – PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE) et Zweiter Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem Triumphbogen (Version française – DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE), j’avais énoncé l’idée suivante : « cette figure nébuleuse du soldat inconnu qui, sous les flonflons et les tralalas des commémorations – qui servent à mettre en valeur ceux qui commémorent, réduit le massacre millionnaire à une exécution capitale. Encore une fois, cet inconnu solitaire cache la forêt des assassinés. »


Je me souviens très bien, dit Lucien l’âne, car elle m’avait paru très pertinente, même si je n’y avais jamais pensé auparavant. Ramener des millions de morts à un seul pour en faire l’objet d’une cérémonie a quelque chose de terriblement réducteur ; que sont donc devenus tous les autres ? Pertes et profits de l’Histoire.


C’était aussi mon sentiment, Lucien l’âne mon ami, ce soldat inconnu efface toutes les autres morts, car chacun meurt seul et pour soi-même. Ainsi le chantait Jacques Brel : « Seul » :


« On est mille contre mille
À se croire les plus forts,
Mais à l’heure imbécile,
Où ça fait deux mille morts,
On se retrouve seul. »


De plus, à la guerre, on meurt seul, pour soi-même certes, mais au profit d’autres – voir à ce sujet, Le petit Commerce de Boris Vian – et en général, contre son gré. Chaque mort se serait volontiers passé de mourir. Donc, tout ça se résume à ceci : on commémore en une fois et puis, baste. Cadavres déjà perdus, dissous dans le rien, toutes ces vies ramenées à un ectoplasme. À partir de là, quand on s’est rendu compte de cette supercherie, allons-nous nous aussi l’assumer ? Et donc que faire face à une autre chanson, de Claudio Lolli celle-ci, qui parle aussi du « soldat inconnu » ? C’est pour ça, que j’ai décidé de ne pas ignorer les millions de soldats inconnus et de faire parler la version française à tous ces inconnus morts à la guerre, à tous ces assassinés.


Pour le reste, dit Lucien l’âne, on écoutera la chanson, on lira ta version française et puis, on reprendra notre tâche et tissera le linceul de ce vieux monde sourd, gourd, aveugle, inintelligent et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane






Je sais qui vous a poussé à partir

Et ce n’était pas un désir de gloire,

Je sais que vous ne vouliez pas mourir,

Ni laisser un souvenir pour l’histoire.


Je sais qui est venu vous chercher,

Jusque dans les champs, dans les prés,

Je sais, il n’y avait rien à opposer,

Aux hommes d’un fusil armés.


Je sais qui vous a regardé partir,

Sirotant un verre de vin blanc ;

Ce fut le même qui est venu dire,

Que vous partiez content comme un enfant.


Mais je sais que ça vous déplaisait,

Que ce n’était pas votre guerre

Et du reste, rien ne vous appartenait,

Pas même ce morceau de terre.


Ils ont choisi la terre la plus triste,

Celle qui avait coûté le plus cher,

Celle où des milliers d’entre vous sont tombés,

Celle qui vous accueille et de tombe, vous sert.


La terre la plus rouge, ils ont choisie,

Celle qui a coûté le plus de vies

Et dans laquelle seules vos ossatures

Disent encore vos blessures.


Ils
l’ont offerte à une folle patrie,

Pour évacuer sa douleur.

Ils ont payé vos années de vie

D’un anonyme grand honneur.


Morts à la guerre, vous y avez laissé vos jours,

Alors aujourd’hui, vous êtes les soldats inconnus

Et personne ne sait comment vous avez perdu

Votre nom pour toujours.


Vous n’êtes pas inconnu de vos camarades.

Avec qui vous avez travaillé,

Vous n’êtes pas inconnu de la femme

Qui tant de nuits vous a espéré.


Vous ne serez pas inconnu de vos amis,

Qui vous consacrent les blanches nuits,

En souvenir de ces heureux soirs

Où vous pouviez vous offrir à boire.

Par contre, vous êtes inconnus de ceux-là,

Pour qui tout cela fut une affaire,

Et qui chantant, nous sommes tous frères,

Vous évoquent au pied d’une croix.


Comme vous êtes sûrement inconnus des mains

De cet illustre vivant bien pensant

Qui viendra cracher demain,

D’autres fleurs sur vos monuments.

lundi 22 novembre 2021

L’Endémie

 


L’Endémie


Chanson française – L’EndémieMarco Valdo M.I. – 2021




LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ;
Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ;

Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire


Épisode 6





UN RUSSE

Semion Faïbissovitch – 1991

 

 

Dialogue maïeutique



Donc, Lucien l’âne mon ami, on poursuit notre voyage d’exploration de la Zinovie. Ainsi, la Zinovie est un immense pays qui se doit d’être situé nulle part ou partout, au choix. Il est affublé d’une autre caractéristique intrigante : il est en même temps présent dans plusieurs époques. C’est un pays imprécis un peu comme une photo ou une peinture dont on précise les détails au fur et à mesure où on les examine et aussi, qu’on les déplace dans le temps. La Zinovie est un pays évanescent.


Houlà, dit Lucien l’âne, comment faire pour la fixer ?


En fait, répond Marco Valdo M.I., il est question d’ajouter son lorgnon, en quelque sorte ou de régler son objectif ; le plus simple est évidemment d’user d’un mode automatique. Pour cette endémie, par exemple, il est certain qu’elle se diffuse sur l’ensemble du territoire et percole même au-delà dans le monde et dans le même temps, elle s’étend sur plusieurs époques du pays ; un des signes est la présence d’un « guide » à la tête de la nation.


Mais, dit Lucien l’âne, comme je comprends la Zinovie, un guide, ce peut aussi bien être un tsar ou le dernier dirigeant en date qui s’accroche au pouvoir.


De fait, dit Marco Valdo M.I., il faut bien reconnaître dans cette Zinovie, un avatar de la Russie dont elle rapporte les faits et les événements. En ce cas, on peut imaginer que le guide est un élément permanent, une sorte d’invariant de cette histoire jusqu’aujourd’hui. C’est du moins ce qu’on peut constater dans le réel.


Oh, dit Lucien l’âne, on pourrait presque faire une litanie en « ine », une trilogie épique : « Lénine, Staline, Poutine ».


C’est assez vraisemblable, dit Marco Valdo M.I., et cette inertie de l’ensemble de la société russe transcende les époques, même si elle intègre progressivement, en les surajoutant, des éléments nouveaux. Le guide reprend généralement les caractères, les pouvoirs et les méthodes des précédents. Il ne peut se maintenir en place qu’à cette condition. Pour changer sa fonction, il faudrait qu’il change le système qui l’a mis au pouvoir et qui lui donne sa force, le système ne veut pas changer. La règle essentielle est celle énoncée par Tancrède dans Le Guépard de Lampedusa : « Il faut que tout change pour que rien ne change » – je cite de mémoire, mais le sens est bien celui-là.


Soit, dit Lucien l’âne, l’inertie profonde des sociétés humaines tient à la différence de temporalité entre la durée de vie individuelle et celle des grands ensembles de populations. Peut-être aussi au fait que les vraies mutations se doivent d’être le résultat de millions ou qui sait, de milliards de mutations individuelles ; sans compter que ces mutations sont – sur le moment – imperceptibles. Cela dit, tissons le linceul de ce vieux monde grippé, grognon, grinçant, grotesque et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane









Cette endémie de surveillance

Agace depuis tant et tant de temps,

Dit le dissident, combattant

Émérite, à l’assistance –

Farcie de mouches vigilantes.

Cette critique des instances dirigeantes,

Quelle impudente imprudente inconscience !

Ah, dit le mouchard, en confidence,

Moi, je suis prêt à renoncer

À tous les biens, à tuer le guide de la nation,

À lancer des bombes, à m’immoler.

Mais comment rejoindre l’Organisation ?


Elle n’existe pas cette Organisation ;

Il est juste question de s’entendre

Et d’apprendre à comprendre.

Au commencement était la réflexion.

Officiellement, chez nous, tout va bien ;

Alors, pourquoi tout va si mal ?

C’est tout à fait normal ;

C’est ainsi, on n’y peut rien.

Personne ne prend au sérieux les salades

Des journaux, des radios et des télés ;

Personne ne croit les rodomontades

De notre Guide bien-aimé.


Miracle de l’information,

Chez nous, tout le monde sait

Assez sur la production

Des tissus, des grains, des minerais.

On sait jusqu’à l’indigestion

Tout des statistiques de la nation,

Mais on ne sait rien

De tous nos concitoyens

Qui s’évaporent soudain.

Notre Guide soucieux de notre bien

Nous rassure. Ne vous inquiétez pas,

Tout est conforme à la loi.


Pour les autorités, que sont les dissidents ?

Des fous, des escrocs, des bandits ; c’est éculé.

Par les autorités, les espions sont les plus appréciés.

Les complots passionnent les gens

Et les répressions terrifient et font taire

Le peuple entier et les fonctionnaires.

L’intellectuel, quant à lui, peut choisir :

Soit il applaudit les autorités, accuse les dissidents,

Trahit ses amis, soit il fait pire.

La vie est belle et notre temps exaltant.

Pour trente ans de travail,

Papa a reçu une médaille.






samedi 20 novembre 2021

DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE

 

 

DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS 

L’ARC DE TRIOMPHE


Version française – DEUXIÈME RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson allemande – Zweiter Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem TriumphbogenBertolt Brecht – ça. 1920.


Texte de Bertolt Brecht, dans le recueil « Lieder Gedichte Chöre, 1918-1933 », publié en 1934.

Musique de Kurt Weill, quatrième mouvement de la cantate pour ténor, baryton, chœur de trois voix d’hommes et orchestre intitulée « Das Berliner Requiem », qu’il a composée en 1928.

Deuxième partie de Erster Bericht über den Unbekannten Soldaten unter dem TriumphbogenVersion française – PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE.





Ici, Brecht abandonne le grotesque et admet qu’il ne pourra jamais y avoir de résurrection pour ce soldat qui a été assassiné, massacré, déchiré et rendu ainsi inconnu. Il n’y aura jamais de jugement dernier. Alors vous, maudits qui l’avez tué, vous pouvez dormir tranquilles, mais au moins enlevez cette pierre tombale, cet arc de triomphe, et arrêtez vos hymnes de victoire inutiles et scandaleux qui me blessent, moi qui chaque jour continue à me demander : pourquoi n’êtes-vous pas ceux qui sont morts, pourquoi n’avez-vous pas été tués ? Pourquoi pas ?

 

 

 


LA VEUVE DU SOLDAT INCONNU

Otto Dix – 1922

 

 

 

Dialogue Maïeutique



Il y a quelques jours, c’était hier presque, Lucien l’âne mon ami, nous avons longuement parlé du Soldat Inconnu et de son étrange histoire. Son titre indiquait que c’était le « PREMIER RAPPORT SUR LE SOLDAT INCONNU SOUS L’ARC DE TRIOMPHE ». Cette fois, voici le deuxième. C’est une vraie lamentation, dit Marco Valdo M.I.


Oui, dit Lucien l’âne, ce pourrait être le discours de la veuve, un discours qui sonne comme un glas, un glas de vengeance :

« Chaque jour vient me rappeler

Que vous vivez encore

Vous, vous qui morts

Ne l’êtes toujours pas.

Et pourquoi ? Pourquoi pas ?


On n’en dira pas plus, il suffit de la lire. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde triste, souffrotant, égrotant, râlant et cacochyme.


Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Tout ce que je vous ai dit

Sur le meurtre et la mort du Soldat inconnu

Et son visage détruit,

Et sur les efforts de ses assassins bien connus,

Pour empêcher son retour ici

Est vrai,

Mais lui, il ne reviendra jamais.



Son visage était aussi vivant qu’il se put,

Jusqu’à ce qu’il soit écrasé et qu’il ne le fut plus.

Et il ne fut

Jamais dans ce monde revu,

Ni entier ni écrasé,

Ni aujourd’hui, ni à la fin de la journée,

Et sa bouche désarticulée,

Ne parlera jamais au Jugement dernier.



Il n’y aura pas de procès,

Mais votre frère

Est mort, et mort au-dessus de lui le grès,

Et je regrette

Tout sarcasme, et je retire ma plainte.



Mais je vous prie, maintenant

Que vous l’avez tué,

Silence ! Silence ! À présent

Qu’il est mort, ne commencez pas à discuter.

Je vous prie, car vous l’avez

Vous aussi tué :



Ôtez au moins

La pierre qui pèse sur lui,

Car ce cri de triomphe vain

À moi qui

Ne cesse de m’attrister

Et qui ai déjà oublié le tué,

Chaque jour vient me rappeler

Que vous vivez encore

Vous, vous qui morts

Ne l’êtes toujours pas.

Et pourquoi ? Pourquoi pas ?