dimanche 10 janvier 2016

LA MONIALE

LA MONIALE


Version française – LA MONIALE – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson italienne – La monacella – anonyme – avant 1900




Je maudis les prêtres et les frères,

Même l’amour et qui me l’enseigna.





Chanson populaire du dix-neuvième siècle, mais qui trouve ses origines bien avant.
Texte trouvé sur l’ Archivio delle tradizioni popolari della Maremma grossetana
(Archive des traditions populaires de la Maremme grossetana), avec le commentaire suivant :

« 
L’histoire de la moniale par force, forcée à vivre au couvent après avoir éprouvé une déception d’amour. C’est une chanson répandue dans une grande partie de l’Italie centrale et septentrionale et connue dans beaucoup de zones de la Maremme. […] Une version très semblable à celle qui suit (surtout dans les premières strophes) a été publiée dans le livre de Marcello Conati : Chants populaires du Val d’Enza et de Val Cedra, édité à Parme en 1976, pag.193. Parmi les notes de Conati, on lit que « le noyau thématique a des origines du XVIII et même du XVIIe siècle remontant aux temps où dans les zones de petits propriétaires terriens et de métayers, la nécessité de maintenir complète l’insuffisante propriété oblige à la transmettre aux nés et la difficulté de former la dot pour les filles célibataires, contraignait celles-ci à finir cloîtrière forcée… » Roberto Leydi, dans le dossier annexe au disque « Italie Vol. 2 - la Chanson Narrative/Spectacle Populaire » (Albatros, 1970) écrit à propos de cette chanson (intitulée « La moniale forcée » et recueillie dans le bergamasque) : « Tant le texte que la musique […] sont du dix-neuvième siècle et il n’est pas improbable que la matrice directe soit à rechercher dans le répertoire du cantastorie (trouvère, chanteur de rue, baladin), mais la composition enfonce ses racines dans un terrain antérieur. »

Au-delà d
u disque, la chanson se trouve – avec des variantes – dans beaucoup de traditions populaires, de la Lucanie (comme celle recueillie par Lomax et Carpitella dans les années 50) à la Lombardie (p.e dans le répertoire de Nanni Svampa et du Canzoniere populaire de la Brianza), de l’Ombrie (les Chantres d’Assise) à la Toscane et à tout le centre Italie. En particulier, on la trouve sur un disque de Betty Curtis de 1975 (« Betty Curtis Folk »), dans un de Michele L. Straniero, toujours de 1975 (« Lorsque j’étais moine… Chansons gaies, malicieuses et mordantes tirées de la tradition populaire et du vaudeville ») et dans un des Amis du Vent de Silvano Spadaccino, 1969 (« Notes populaires »).


La moniale était fille d’un grand seigneur,
Elle s’est cloîtrée à cause de la douleur
De l’abandon de son premier amour.
Elle s’est cloîtrée à cause de la douleur
De l’abandon de son premier amour.

Le jour où la moniale est entrée au couvent,
Elle écrivit à son papa lui disant
Qu’elle était malade et qu’il vienne la chercher.
Elle écrivit à son papa lui disant
Qu’elle était malade et qu’il vienne la chercher.

Elle reçut cette belle réponse de son papa :
« Si tu es malade, tu dois rester là
Et dans ce couvent, tu mourras.
Si tu es malade, tu dois rester là
Et dans ce couvent, tu mourras. »

« Je maudis la première pierre de cet endroit
Et l’ingénieur qui la dessina,
Et le maçon qui la fabriqua.
Et l’ingénieur qui la dessina,
Et le maçon qui la fabriqua.

Je maudis amis et parents, ma mère, mon père.
Je maudis les prêtres et les frères,
Même l’amour et qui me l’enseigna.
Je maudis les prêtres et les frères,
Même l’amour et qui me l’enseigna.